Depuis l’annonce de la fermeture du site logistique de Saint-Georges-d’Espéranche dans le nord de l’Isère, il y a trois mois, les salariés se sont mobilisés. Ils ont organisé notamment des grèves très suivies et des déplacements à Paris. Ils viennent d’obtenir un accord faisant passer l’indemnité supra légale, l’ISL, de 0,25 mois de salaire par année d’ancienneté à 2 900 € par année d’ancienneté.
Lorsqu’il évoque la mobilisation des salariés du site logistique Conforama de Saint-Georges-d’Espéranche, Salim Radjah souffle C’était long. Mais cela a fini par payer ! Le délégué syndical FO à Conforama compte presque 70 jours de mobilisation. Depuis le 10 janvier, date de l’annonce du PSE, jusqu’au 19 mars, les salariés se sont mobilisés.
La nouvelle de la fermeture, annoncée lors d’un CSE extraordinaire le 10 janvier, avait eu l’effet d’un coup de massue. Et pour cause : selon le PSE annoncé 78 personnes sur les 100 salariés que compte le site vont perdre leur emploi. Il fallait se battre pour qu’ils puissent partir la tête haute, souligne Philippe Beaufort, secrétaire de l’union départementale. Mais ce combat a été de longue haleine.
Un durcissement du mouvement par la grève
Dès le 17 janvier, la mobilisation des salariés contre la fermeture du site a été massive avec près de 95 % grévistes sur la plateforme logistique. Mais ce n’était que le début du marathon, souligne Salim Radjah. Par la suite, la mobilisation prend la forme de débrayages ponctuels. Mais fin février, le mouvement se durcit. La direction ne nous prenait vraiment pas au sérieux !, ajoute le délégué syndical. Elle ne proposait que des miettes, des mesurettes, aux salariés qui se sentaient déjà trahis par la fermeture, raconte Jacque Mossé-Biaggini, DSC FO de Conforama.
Lors de la première réunion de négociation, la direction propose seulement un quart de salaire par année d’ancienneté. Comment ne pas considérer ça comme de l’irrespect, s’étrangle Salim Radjah. En réponse, la mobilisation portée par FO s’amplifie et la grève est annoncée. On aura réussi à faire cesser l’activité de l’entrepôt, et ce malgré le recours de la direction aux intérimaires. Du coup les magasins ont été impactés et la direction n’a pas eu d’autres choix que de nous écouter, se réjouit le délégué syndical. Certains jours, les soixante-dix-huit personnes concernées par le PSE étaient en grève. On a eu un groupe très solidaire, souligne-t-il.
À l’occasion de trois journées de négociation, les grévistes sont « montés à Paris » pour faire entendre leur colère. Cela a forcément peser dans la négociation, souligne Philippe Beaufort. Et là encore, l’UD-FO était en soutien, accompagnant les manifestants dans l’organisation de ce déplacement. Faire 1 000 kilomètres aller-retour pour une journée, ce n’est pas anodin !
Un accord « digne » arraché à la direction
Finalement, la mobilisation porte ses fruits !, écrit la Section fédérale du commerce & VRP de la FEC-FO dans un communiqué. Dans un premier temps, et après avoir proposé une indemnité au niveau ridicule d’un quart de salaire par année d’ancienneté, la direction propose 20 000 euros pour tous. On a frappé du poing sur la table et, lors de la 3e réunion, la direction est revenue avec une autre proposition : 2 600 euros bruts par année d’ancienneté. On a pu commencer à négocier en proposant 3 000 euros, raconte Salim Radjah.
La détermination des travailleurs mobilisés aura eu raison : la direction propose un accord avec 2 900 euros bruts par année d’ancienneté, avec un minimum à 15 000 euros et un plafond à 92 000 euros. Cela favorise les petits salaires, pas forcément les gros. Mais ça reste bien plus avantageux que les propositions initiales, souligne Jacque Mossé-Biaggini. Par ailleurs, l’accord majoritaire signé le 18 mars prévoit aussi entre 8 et 14 mois de congés de reclassement, avec un financement pour la formation, des aides à la recherche d’emploi ou à la création d’entreprise, détaille Philippe Beaufort.
FO à la tête du mouvement
Une fois de plus, FO écoute sa base avant de signer. On a réuni les grévistes en AG pour leur présenter l’accord et leur demander s’il fallait signer ou pas. 90 % ont dit oui, relate Salim Radjah. La plupart, dégoûtés de l’attitude de Conforama qui cherche à satisfaire la voracité de ses actionnaires, veulent partir, témoigne Jacques Mossé-Biaggini. Leur combat, c’était de partir la tête haute. Et FO, majoritaire sur le site, a été leader dans cette mobilisation. Sans les copains de l’UD et de la fédération, nous n’y serions pas arrivés, souligne Salim Radjah. C’est aussi ça, la force du collectif.
Si le PSE est désormais effectif, les premières lettres de licenciement devraient être envoyées en juin pour une fermeture définitive du site en octobre, les salariés voient dans leur mobilisation une victoire. Les négociations ont été difficiles, surtout au début. On a traversé des moments de doutes mais on a tenu bon, sourit le délégué syndical. C’est surtout ça ce que je retiendrai de cette période.