Alors que l’inflation se maintient à un niveau toujours élevé (+ 4 % fin octobre, sur un an), on mesure désormais à quel point son explosion en 2022 (+ 5,2 %, après + 1,6 % en 2021) a détérioré le pouvoir d’achat des salariés du privé, et ce malgré les renégociations d’accords salariaux exigées par les équipes FO. La dernière étude de l’Insee, début novembre, est sans équivoque : en 2022, le salaire net moyen des salariés du secteur privé – calculé sur la base d’un équivalent temps plein (ETP) – a diminué de 1 % en euros constants. Une baisse sur un an de 0,9 % pour les ouvriers, employés et professions intermédiaires et de 1,2 % pour les cadres.
Cette baisse est inédite depuis 1996, année depuis laquelle l’Insee mesure cet indicateur. Ce recul, précise l’institut, est le plus fort observé sur les vingt-cinq dernières années, hormis les évolutions en trompe l’œil en 2020 et 2021, lesquelles résultaient de modifications dans la composition de l’emploi pendant la crise sanitaire. Résultat, un salarié à temps plein aura gagné 2 630 euros net (3 466 euros brut) par mois en 2022. Mais attention, c’est une moyenne… Ainsi, l’Insee indique que la moitié des salariés du secteur privé perçoivent moins de 2 091 euros net par mois en EQTP (équivalent temps plein). Un salarié sur dix gagne moins de 1 436 euros, tandis qu’un sur dix perçoit plus de 4 162 euros.
Attention, salaire net moyen, primes comprises…
À ce décrochage, une bonne raison. En cette année d’explosion de l’inflation, les prix à la consommation ont augmenté plus fortement que les hausses de salaires concédées par le patronat, comme l’a dénoncé à maintes reprises FO, qui revendique la restauration de l’échelle mobile des salaires (indexation des salaires sur l’inflation) dans les secteurs privé et public.
En clair, en 2022, l’augmentation du salaire moyen (+ 4,2 % pour le net en 2022, + 4,4 % pour le brut) n’a pas compensé l’augmentation des prix à la consommation. Sachant, comme le rappelle l’Insee, que cette hausse salariale moyenne intègre le versement de primes, par définition non pérennes ! En 2022, 26,5 % des salariés du privé auront perçu la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat (Pepa) ou la prime de partage de la valeur (PPV, qui lui a succédé), pour un montant annuel moyen de 803 euros.
En définitive, seul le pouvoir d’achat des plus bas salaires s’est maintenu en 2022, du fait des trois revalorisations automatiques du Smic intervenues dans l’année (+ 0,9 % en janvier, + 2,6 % en mai, + 2 % en août).
Ce qui ne veut pas dire que le salaire minimum, qui n’a reçu aucun coup de pouce hors ces revalorisations, suffit à vivre dignement.