L’emploi demeure une inquiétude majeure pour les salariés, ont rappelé les membres du CCN. En mai 2024, la Banque de France a annoncé que 60 000 faillites avaient été enregistrées en France sur les douze derniers mois, soulignait ainsi Stéphane Renaud (UD de Haute-Savoie). Un chiffre en hausse constante. La liquidation judiciaire le 9 septembre de Milee (ex-Adrexo), distributeur d’imprimés publicitaires, est une illustration des difficultés sur l’emploi. 10 000 emplois sont touchés, représentant 3 500 équivalents temps plein, indiquait Sandrine Gamblin (UD de la Manche), appréhendant la détresse sociale dans laquelle ces salariés, travaillant en grande majorité à temps partiel, risquent de plonger.
Entre dégâts constatés et grandes incertitudes
Les inquiétudes portent aussi sur les restructurations, à l’œuvre. Ainsi à Nantes où le fabricant de chaudières et de pompes à chaleur Saunier Duval a annoncé 225 licenciements sur un effectif de 750 salariés, indiquait Michel Le Roc’h (UD de Loire-Atlantique), notant que le groupe préfère fabriquer ses pompes à chaleur en Slovaquie plutôt qu’à Nantes. Ironie, un plan d’action gouvernemental pour la création de 45 000 nouveaux emplois dans ce secteur industriel avait été annoncé au printemps 2024… Du côté des équipementiers automobiles, Forvia a annoncé la suppression de 10 000 postes en Europe d’ici à 2028. Novares (Ostwald, Alsace) est menacé de fermeture, 126 emplois sont sur la sellette, indiquait François Fournier (Fédéchimie). Dans cette filière, qui représentait 120 000 salariés en 2007 et 60 000 aujourd’hui, un emploi sur deux est menacé dans les deux ans, s’alarmait Franck Patin (UD des Vosges).
À ces menaces s’ajoutent celles portant sur la dégradation des conditions de travail et de statut. Chez Casino, expliquait ainsi Angélique Bruneau (FGTA-FO), le démantèlement du groupe (huit PSE négociés de juin à août 2024), qui comptait encore fin 2023 près de 45 000 salariés en France, impacte dramatiquement. Par la cession des points de vente à des enseignes misant sur la location-gérance ou l’organisation en franchise, les salariés sortent (après quinze mois) de la convention collective dont ils dépendaient pour se retrouver au minimum conventionnel. Par ailleurs, une vingtaine de magasins, non repris et représentant plus de 1 000 salariés, ferment leurs portes. Pierre Didio (UD de Savoie) a quant à lui alerté sur l’impact des réformes successives de l’Assurance chômage sur les saisonniers. Ils sont 36 000 en Savoie. Si la nouvelle convention s’appliquait au 1er novembre, cela aboutirait à ce qu’ils ne soient plus indemnisés qu’une année sur deux !
Les services publics et leurs agents à la peine
Dans le secteur public, les policiers s’inquiètent de n’avoir toujours pas reçu la prime promise en échange de leur mobilisation sur les Jeux olympiques et paralympiques, s’indignait Grégory Joron (Unité). À l’hôpital, les difficultés s’enchaînent et les professionnels s’inquiètent du manque d’effectifs et par conséquent de la non-ouverture de lits. En matière de santé encore, rapportait Christophe Le Comte (Essonne), deux des trois centres dentaires de l’Essonne ont baissé le rideau et la fermeture du centre CPAM s’annonce. Dans le secteur de la Défense, où 75 000 postes de personnels civils ont été supprimés en vingt ans, les missions sont en mode dégradé, et les divers dysfonctionnements dans la gestion du personnel génèrent de la souffrance chez les agents, soulignait de son côté Mohamed-Ali Anfif, rappelant que les 413 milliards d’euros de la loi militaire ne vont pas dans la poche des agents !.
Des luttes victorieuses
Les combats syndicaux de FO apportent heureusement de bonnes nouvelles. Parmi celles-ci, la mobilisation de l’Ehpad Jeanson à Angers, mi-septembre, qui a ainsi permis d’ouvrir des discussions sur l’application d’une convention collective et le recrutement d’intérimaires. À Toulouse, c’est l’action du SNUDI-FO qui a amené le rectorat à titulariser 46 enseignants de la liste complémentaire plutôt que de recruter des contractuels. Dans le secteur privé, la création de la Scop Duralex, pour laquelle FO a beaucoup œuvré, a, elle, permis de sauver l’ensemble des 228 emplois menacés par la mise en redressement judiciaire de l’entreprise en avril dernier.