Élections des Chambres d’agriculture : le « pacte social » au cœur de la campagne FO

Dans le monde agricole, où notamment l’isolement des entreprises rend difficile la mobilisation collective, FO demande que les intérêts des salariés soient systématiquement pris en compte pour toute mesure décidée pour le secteur. Une revendication phare de la campagne FO pour ces élections.

U n mois de janvier crucial pour la Fédération générale des travailleurs de l’agriculture, de l’alimentation et des services connexes, la FGTA-FO. Jusqu’au 31 janvier, plus de 2,2 millions de personnels du monde agricole sont appelés à voter lors des élections des Chambres d’agriculture, ces établissements publics qui ont pour rôle de représenter les intérêts du secteur auprès des pouvoirs publics. À l’issue du scrutin, quatre-vingt-dix chambres seront renouvelées pour six ans. Après un score en progression en 2019, avec 10,5 % des voix au niveau national, FO vise à étendre encore son audience. Elle s’en donne les moyens : soixante-trois listes ont pu être déposées cette année. On touche 20 % d’électeurs supplémentaires par rapport aux dernières élections, souligne Laurent Rescanières, secrétaire général de la FGTA-FO.

C’est le fruit d’un travail de terrain mené par les militants FO (de la FGTA-FO mais aussi de la FEC-FO via sa section des organismes agricoles) pour encourager les salariés du monde agricole à se présenter et à porter la voix de leurs collègues.  Il y a eu un gros travail d’équipe entre la fédération et les unions départementales, qui se sont pleinement investies dans le process, raconte Guillaume Tramcourt, secrétaire fédéral à la FGTA-FO. Il s’agissait de faire des rencontres afin de convaincre quelques militants, mais essentiellement des non-adhérents : dans ce milieu, les entreprises sont très isolées, avec souvent un ou deux salariés par exploitation.

Des solutions non pérennes qui ne bénéficient pas aux salariés

Pourtant, c’est justement dans ces secteurs isolés – fortement constitués de toutes petites entreprises – que l’union est indispensable pour préserver et obtenir des droits. Il faut aller voter car il y a toujours un espoir, exhorte Guillaume Tramcourt. Il faut pouvoir traiter les problèmes qui aujourd’hui ne sont pas traités. Les aides proposées par le gouvernement, qui sont généralement des allégements de charges, ne font que repousser le problème en calmant pour un temps la colère du monde agricole, mais ce ne sont pas des solutions pérennes.

Alors qu’il y a une surreprésentation des exploitants agricoles au sein des Chambres d’agriculture, FO se revendique plus que jamais comme le syndicat des salariés.  Quand on parle de crise agricole, on oublie tout le temps qu’il n’y a pas que des exploitants mais aussi des salariés, pour lesquels on a beaucoup de mal à obtenir une justice sociale, souligne Frédéric Souillot, secrétaire général de FO. Nous demandons à ce que chaque mesure prise pour le monde agricole soit automatiquement liée à un pacte social, à des obligations de résultat sociales, explique pour sa part Guillaume Tramcourt. En effet, de nombreuses mesures sont élaborées sans égard pour leurs conséquences sur les salariés agricoles. Il en va ainsi du dispositif TO-DE concernant l’allégement des cotisations patronales sur les salaires des travailleurs occasionnels et des demandeurs d’emploi recrutés :  L’exonération de cotisations est totale pour les salaires compris entre le Smic et 1,2 fois le Smic, ce qui encourage l’employeur à ne payer ses salariés que dans cette fourchette, s’insurge-t-il.

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