Débrayages, port du brassard en grève
, rassemblements devant les établissements ou autour de ronds-points… Lundi 25 mai, les personnels d’un quart des Ehpad du groupe Korian sont passés à l’action, à l’appel de FO et de deux autres organisations syndicales, pour obtenir le versement des primes promises par leur direction et l’État, ainsi qu’une revalorisation de leurs salaires. Entre autres.
Épuisés par deux mois et demi d’une lutte sans relâche contre la pandémie, avec les moyens du bord, mais déterminés à obtenir justice, les personnels de 80 établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) sur les 308 que compte le groupe Korian, se sont mobilisés lundi 25 mai, à l’appel de trois syndicats dont FO. Une initiative soutenue sans réserve
par l’Union nationale FO de la santé privée (composante de la fédération des services publics et de santé FO).
FO et les deux autres organisations revendiquent notamment le versement de la prime de 1000 euros annoncée par la direction en avril, mais qui se fait attendre, ainsi que celui de la prime de 1500 euros promise par l’État, et ce, à tous les salariés, sans éléments discriminants
.
Des revendications d’aujourd’hui et d’hier
De plus, elles entendent obtenir la reconnaissance du Covid 19 en maladie professionnelle pour l’ensemble des personnels ainsi que l’abandon de l’ordonnance du 25 mars 2020 autorisant les employeurs à déroger au droit du travail en matière de congés payés, de durée du travail et de jours de repos.
Par-delà ces revendications liées à la crise sanitaire, les grévistes du groupe Korian se sont aussi mobilisés pour de véritables augmentations salariales conventionnelles de 300 euros net par mois
ainsi que pour la majoration des heures supplémentaires à 50 %. Pour rappel, le minima conventionnel d’une aide-soignante en Ehpad privé ne dépasse le Smic que de 70 euros.
Enfin, sachant que la question des effectifs dans les Ehpad, déjà récurrente avant la pandémie, n’a toujours pas été réglée, les organisations syndicales ont rappelé leur revendication en la matière, à savoir : un ratio d’un agent pour un résident. Ils n’ont pas non plus omis de rappeler une autre revendication datant d’avant la pandémie, à savoir l’abrogation de la réforme des retraites.
Forte mobilisation dans des conditions difficiles
Isabelle Jallais, déléguée syndicale centrale FO estimait la proportion de salariés ayant débrayé à 30% de l’effectif total en fin de journée. Dans certains établissements, la majorité des salariés s’est mobilisée, comme au Domaine Saint-Michel, à Nice (90%), ou à La Goélette, à Cherbourg (plus de 60 %).
Certains grévistes se sont rassemblés devant leur établissement, d’autres se sont regroupés autour de ronds-points avec leurs collègues d’Ehpad voisins (quand le groupe en possède plusieurs dans la même ville, comme à Tours). Nous avions laissé à chacun le soin de déterminer la façon d’organiser la mobilisation parce que nous sommes de vrais professionnels et que nous savons que les équipes restent confrontées à un contexte marqué par le Covid
, explique Isabelle Jallais.
Les promesses de la direction via les médias
Un peu partout, les slogans ont fleuri. Un aide-soignant doit gagner plus qu’un actionnaire
ou encore remplacement à 100% du personnel absent
, pouvait-on lire par exemple sur des affiches placardées aux murs de certains établissements, a rapporté l’AFP.
La direction du groupe, visiblement alertée par l’ampleur de la mobilisation dans des conditions pourtant difficiles, n’a pas attendu la fin de la journée pour annoncer aux médias que Korian allait verser à 100 % des équipes une prime unique de 1500 euros pour tous les collaborateurs des établissements en Ehpad et en cliniques
. De plus, a ajouté la DRH de Korian France, Nadège Plou, au cours des négociations annuelles, nous prendrons des engagements sur l’évolution des rémunérations, l’emploi et les évolutions professionnelles comme chaque année et Korian a ouvert le chantier sur la santé et la sécurité au travail, celui du renouvellement de l’accord sur la qualité de vie au travail, celui sur le handicap.
FO attend des informations directes et officielles
Pour autant, les grévistes n’en ont pas crié victoire. Déjà échaudés par des promesses lancées dans les médias puis vite reniées, les personnels ont toutes les raisons de se méfier.
Nous attendons que la direction s’adresse à nous directement et nous donne des informations officielles
, réagissait la déléguée syndicale centrale FO au soir de la grève. La déclaration de la direction sur les médias date de quelques heures et il y a déjà des bruits de couloirs selon lesquels les salariés du siège n’auraient pas droit à la prime
, indiquait-elle. Le 27 mars, la direction avait annoncé une prime de 1000 euros pour tous les salariés sur BFM TV, puis quand nous l’avons rencontrée, elle nous a expliqué qu’il s’agissait en fait d’une prime “pouvant aller jusqu’à 1000 euros“ et dont les conditions d’attribution restaient à définir.
Et de conclure : Donc, aujourd’hui nous attendons.
Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly