L’accueil des élèves dans les écoles et établissement scolaires (collèges et lycées) est suspendu en France métropolitaine depuis lundi 16 mars et jusqu’à nouvel ordre dans le cadre de la lutte contre la propagation du coronavirus. Mais qu’advient-il des personnels, enseignants, administratifs, agents techniques qui continuent à travailler dans des établissements toujours ouverts ? Sont-ils correctement protégés ? Le risque sanitaire est-il totalement pris en compte ? Leurs droits statutaires sont-ils respectés ?
A l’heure où sont signalés des abus de la part d’entreprises du secteur privé exigeant de leurs salariés d’aller travailler sans fournir de protections ou imposant la prise de congés, l’État-Employeur se devrait de montrer l’exemple. La FNEC FP FO (Enseignement, Culture, Formation professionnelle) entend y veiller, comme elle l’a fait savoir lors du CHSCT ministériel qui s’est tenu ce 20 mars.
Protection sanitaire des personnels, réglementation du télétravail, maintien intégral de la rémunération, maintien des garanties collectives (congés, durée du travail…), gestion des carrières dans un contexte où les personnels administratifs des services déconcentrés, déjà en sous-effectifs en temps normal, sont fortement impactés par le confinement… Sur tous ces points, la FNEC FP FO (Enseignement, Culture, Formation professionnelle) porte déjà depuis plusieurs jours au près du ministère les interrogations des personnels, mais aussi les revendications pour y répondre. Son objectif : faire respecter les obligations légales de l’employeur et les statuts. Dans le cadre de la crise sanitaire actuelle, « des collègues veulent bien être volontaires, mais refusent d’aller au casse-pipe. Or nous avons encore une fois constaté l’insuffisance des réponses à nos préoccupations lors du CHSCT de ce 20 mars. », explique Clément Poullet, secrétaire général de la FNEC FP FO.
Localement, ses sections départementales interviennent auprès des recteurs, mais aussi des préfets, souvent conjointement avec les groupements départementaux de la fédération des Services publics et de santé et les unions départementales. Il a ainsi été obtenu que 16 500 masques soit débloqués pour les personnels des lycées et collèges de l’Essonne.
Mais, la situation exige plus, beaucoup plus…
Des personnels présents en l’absence d’élèves et d’usagers : « il faut que cela s’arrête ! »
Comment les choses se passent-elles sur le terrain depuis le début de la semaine ? Pourquoi au cinquième jour de confinement, de nombreux personnels, toutes catégories confondues, sont-ils encore présents dans les établissements et les services, en l’absence d’élèves et d’usagers ?
Le ministre de l’Éducation Nationale, Jean-Michel Blanquer a indiqué : « C’est au chef d’établissement de déterminer qui doit être présent dans le second degré, et à l’inspecteur dans le 1er degré (…) c’est une « organisation au plus près du terrain »
. Les équipes de direction doivent être présentes, ainsi que les personnes indispensables à la vie administrative de l’établissement. Quant aux enseignants, c’est donc à la discrétion de l’équipe de direction. »
Simultanément, plusieurs rectorats ont incité les enseignants à être présents dans les écoles, les lycées et les collèges lundi 16 mars au matin, alors que leurs portes étaient à juste titre fermées aux élèves. L’académie de Versailles appelait à ce que « les personnels rejoignent leur lieu de travail autant que possible »
. À Paris, « les enseignants se présenteront lundi 16 mars matin comme d’habitude dans leur école »
, était-il indiqué. À Marseille, « la présence de chacun (enseignants, personnels de direction, d’administration, techniques et de service) est, autant que faire se peut, indispensable »
, faisait-on savoir. En Seine-Maritime, les enseignants ont même été autorisés, « en cas d’absence de solution alternative, à venir avec leurs enfants d’âge scolaire »
.
« Il faut que cela s’arrête »
exige la FNEC FP FO qui souligne que la consigne de confinement doit être « affirmée clairement puisqu’il s’agit d’une consigne nationale de sécurité́ et de santé publique. »
L’accueil des enfants des personnels soignants : sans masques, sans gants, sans gel…
De plus, il a été fait appel au volontariat des enseignants (et beaucoup ont répondu présent) pour accueillir les enfants des personnels soignants, lesquels sont de leur côté plus que jamais sollicités.
Mais là encore, les inquiétudes sont grandes, comme le montrent de nombreux témoignages recueillis par la fédération FO. D’une part le volontariat n’est pas toujours respecté. D’autre part, comment faire barrage à l’épidémie, notamment en l’absence de masques, alors qu’il est impossible d’éviter tout contact, en particulier avec les plus petits ? Comment déterminer si un enseignant est une « personne à risques » puisque l’on peut être porteur sain ? Des questions qui en entraînent une autre, fondamentale : le dépistage ne devrait-il pas être systématique, au moins pour les métiers sollicités dans le cadre d’un dispositif exceptionnel, comme les personnels soignants et les enseignants qui font école à leurs enfants ?
Pour le moins, FO revendique la mise à disposition de gants, gels hydro-alcoolique et masques pour les personnels, et ce en quantité. « Sans le personnel soignant, il ne peut être possible d’accueillir et de soigner tous les malades. Sans le personnel de notre ministère, il n’y aura plus de possibilité d’accueillir leurs enfants. C’est donc une pièce essentielle du plan du gouvernement qui risque d’être mise à mal dans les jours à venir. »
, alerte la FNEC FP FO.
Le respect des instances
Autre demande : assurer un bon déroulement, et donc un déroulement dans les règles, des instances au sein desquelles les organisations syndicales peuvent intervenir pour défendre les droits des personnels. Il s’agit notamment des CHSCT et des Comités techniques qui examinent entre autres les questions relatives aux règles statutaires et aux méthodes de travail.
Théoriquement, en cas de situation exceptionnelle, comme c’est le cas aujourd’hui, ces instances doivent être organisées par visio-conférence pour que chaque membre habilité puisse participer effectivement aux débats (article 42 du décret 2011-184 du 15 février 2011). Or, plusieurs témoignages transmis à la fédération FO font état de simples consultations orales par téléphone ou écrites par courriers électroniques, ce qui n’est pas plus fiable au moment où les connexions sont de plus en plus incertaines du fait de la surcharge du réseau national découlant de l’augmentation du télétravail partout dans le pays. La Fédération demande donc que tous les moyens soient mis en œuvre, en termes d’équipements, pour rendre les visio-conférences possibles partout.
Au moment où la crise sanitaire met sous les projecteurs l’impérieuse nécessité pour le pays de disposer de services publics de qualité, la fédération FO demande au ministère de prendre une autre mesure d’urgence : l’abrogation des réformes qui les mettent à mal, comme la loi de modernisation de la Fonction publique, et l’annulation immédiate de toutes les suppressions de postes.
Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly