FO a lancé un mouvement social inédit chez Editis, deuxième groupe français d’édition. Insatisfait du résultat des NAO qui se sont achevées le 19 décembre, le syndicat revendique une meilleure revalorisation salariale pour les salariés d’Interforum, la filiale du groupe dédiée à la distribution et à la diffusion des livres.
Les négociations annuelles obligatoires (NAO) sur les salaires, qui se sont terminées le 19 décembre après cinq réunions, laissent un goût de colère à Isabelle Ménil, déléguée centrale FO chez Editis, deuxième groupe français d’édition (Robert Laffont, Bordas, Nathan, La Découverte…).
FO, deuxième force syndicale de l’entreprise, revendique une meilleure prise en compte des salariés d’interforum, la filiale du groupe dédiée à la diffusion et à la distribution des livres. Il y a un manque d’équité de longue date entre les différents métiers et les différentes entités du groupe, les autres filiales et notamment les maisons d’édition, ont de meilleurs salaires, dénonce-t-elle. La militante rappelle aussi qu’Interforum, qui emploie près d’un millier de personnes, soit la moitié des effectifs du groupe, réalise des bénéfices.
Dans le cadre des NAO, la première proposition patronale portait sur une hausse de 65 euros brut par mois pour les salaires jusqu’à 50 000 euros brut annuel, hors primes patronales. FO, jugeant cette offre largement insuffisante, a appelé les salariés d’Interforum à se rassembler le 11 décembre à Paris, devant le siège du groupe, pour exiger une augmentation plus conséquente. Près de 200 personnes, représentant notamment les forces de vente et les services transversaux, ont répondu à l’appel. Une telle mobilisation est inédite dans l’histoire du groupe au niveau du siège selon FO, et plutôt rare dans le monde feutré de l’édition.
Le syndicat revendique un rattrapage significatif des rémunérations, se traduisant par sept niveaux d’augmentations en fonction de la rémunération : de 300 euros par mois pour les plus bas salaires (moins de 32 000 euros par an) et jusqu’à 120 euros par mois pour les plus hauts salaires (au-delà de 50 000 euros annuels). Il exige également la revalorisation de primes et l’amélioration de certains statuts d’emplois.
Rachat par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky
A l’issue de l’ultime réunion des NAO le 19 décembre, la direction a proposé une hausse de 100 euros bruts par mois pour les salaires jusqu’à 35 000 euros bruts par an et de 76,92 euros bruts par mois jusqu’à 55 000 euros bruts par ans. Les demandes de FO ont été retoquées.
Inacceptable pour le syndicat qui estime que la direction continue de creuser le fossé entre Interforum et les autres filiales du groupe. Isabelle Ménil dénonce même un chantage. Si nous ne signons pas son ultime proposition salariale, la direction menace de revenir à sa proposition initiale de 65 euros bruts par mois, explique-t-elle. FO ne cédera pas à ce chantage, nous voulons continuer à nous battre pour des augmentations de salaires justes et des reconnaissances de classifications justifiées.
Dans l’immédiat, pour marquer leur mécontentement à l’aube de la trêve de confiseurs, le syndicat appelle les salariés d’Interforum à ne plus dépasser les horaires, ni à accepter d’exécuter de tâches supplémentaires.
La militante s’inquiète également du rachat récent d’Editis, propriété de Vincent Bolloré, par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky (par ailleurs par les repreneurs du groupe Casino) et de la nomination de Denis Olivennes à la tête du groupe. Nous sommes très inquiets sur tout, l’emploi, les conditions de travail, leur métier n’est pas de nous faire des sourires, explique-t-elle.