La mythique entreprise de verrerie Duralex, en difficulté, a été placée en redressement judiciaire par le tribunal de commerce d’Orléans, le 24 avril. Une période d’observation de six mois a été mise en place et deux mandataires ont été nommés. Une réunion de travail avec tous les interlocuteurs est prévue ce 26 avril en préfecture. Pour FO, la priorité est de tout faire pour trouver un « bon » repreneur et lever ainsi l’inquiétude des salariés quant à leur emploi.
A sa demande, l’entreprise Duralex, connue dans le monde entier pour ses verres incassables, a été placée en redressement judiciaire par le tribunal de commerce d’Orléans, le 24 avril. Deux mandataires ont été nommés et une période d’observation de six mois a été ouverte. L’objectif de la procédure est de chercher un repreneur. L’entreprise, créée en 1945, emploie aujourd’hui 230 salariés dans son unique usine historique de la Chapelle-Saint-Mesmin, dans le Loiret.
Les représentants du personnel avaient été informés de cette situation le 16 avril, lors d’un CSE extraordinaire. « Ça a été la douche froide. Trois semaines plus tôt, la direction avait présenté à l’ensemble des salariés un plan de développement jusqu’en 2030, elle voulait augmenter le chiffre d’affaires de 10 millions d’euros. Elle avait assuré que tout allait bien, qu’il y avait encore 13 millions d’euros de cash dans les caisses. Tout le monde était sorti rassuré. Et trois semaines après, on nous annonce le placement en redressement judiciaire, c’est incompréhensible », explique Salam Essalhi, délégué FO chez Duralex, qui attend toujours des explications.
Le militant déplore un certain manque de transparence de la part de la maison-mère, ex Cookware devenue Maison française du verre en 2022, et qui détient également la marque Pyrex. « Le Comex mis en place n’est composé que de gens issus de Pyrex. On ne voit plus rien, tout est délocalisé, on n’a plus accès aux comptes », poursuit-il.
Pour expliquer ses difficultés économiques, la direction met notamment en avant la hausse des coûts de l’énergie depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Fin 2022, prise à la gorge, Duralex a dû mettre son four en veille durant cinq mois. Les salariés ont alors été placés au chômage partiel. Un prêt garanti par l’État de 15 millions d’euros a permis à l’entreprise de redémarrer son activité en avril 2023.
Des contrefaçons qui faussent la concurrence
L’audience du 24 avril, qui a duré près d’une heure, s’est déroulée à huis clos. Les juges ont entendu la direction et deux élus par organisation syndicale représentative dans l’entreprise. « La direction a expliqué pourquoi elle n’avait pas pu redresser la barre. Les prix ont augmenté à deux reprises de 30% ce qui a freiné les ventes. Elle a aussi évoqué les contrefaçons chinoises qui créent une concurrence déloyale », explique le Salam Essalhi, qui assistait à l’audience.
La maison-mère a également été condamnée mi-mars, par le tribunal administratif d’Orléans, à payer les droits à polluer de l’ancien propriétaire qui ne les avait pas réglés avant le placement de l’entreprise en liquidation judiciaire. Le montant s’élève à plus de 840 000 euros.
« Entre une très forte inflation, une concurrence déloyale avec des prix toujours revus à la baisse, une gestion du propriétaire actuel quelque peu calamiteuse, Duralex n’a jamais pu remonter la pente », explique la Fédéchimie FO, qui apporte tout son soutien aux salariés et aux initiatives qui seront prises par le syndicat FO – troisième force syndicale dans l’entreprise avec plus de 30% de représentativité – pour préserver l’emploi.
Cinq procédures de reprise depuis 2000
La prochaine date d’audience est prévue le 5 juin. D’ici là, les mandataires vont faire un bilan de la situation. Une réunion de travail est prévue le 26 avril à la préfecture du Loiret, avec tous les partenaires concernés : syndicats, direction, élus du territoire ainsi que les deux mandataires.
Pour les salariés, la période d’incertitude à venir est d’autant plus mal vécue qu’elle n’est pas nouvelle. En 2021, l’entreprise, mise en liquidation, avait été rachetée pour 3,6 millions d’euros par Cookware. « Depuis mon arrivée chez Duralex en 2000, on en est à la cinquième reprise, ça devient compliqué, explique Salam Essalhi. On hésite à faire construire, à prendre un prêt, et quand au bout de trois ou quatre ans on se lance, l’entreprise replonge ».
Pour l’heure le syndicat FO ne prévoit aucune action. « Le but est de trouver un bon repreneur. On a une force de fabrication, un savoir-faire qui doit rester en France, on est confiants, ce que tout le monde veut, c’est pouvoir avancer. Et faire au mieux pour trouver un repreneur », poursuit-il.