Les trois candidats à la reprise de la verrerie Duralex ont été auditionnés le 17 juillet par le tribunal de commerce d’Orléans. La décision a été mise en délibéré au 26 juillet. Le syndicat FO est favorable au projet de Scop, la seule des trois offres à conserver les 228 salariés.
Les trois candidats à la reprise de la verrerie Duralex ont été auditionnés le 17 juillet par le tribunal de commerce d’Orléans. La décision a été mise en délibéré au 26 juillet. Le syndicat FO est favorable au projet de Scop, la seule des trois offres à conserver les 228 salariés.
Il y a une solution de reprise potentiellement viable, souffle Salam Essalhi, délégué FO chez Duralex. Le 17 juillet, le tribunal de commerce d’Orléans a longuement auditionné, à tour de rôle, les trois candidats en lice pour racheter la célèbre verrerie basée à La Chapelle-Saint-Mesmin, dans le Loiret. L’entreprise, confrontée à des difficultés financières, avait été placée à sa demande en redressement judiciaire le 24 avril. Deux mandataires avaient été nommés et une période d’observation de six mois avait été ouverte.
L’audience, qui s’est déroulée à huis clos, a duré près de cinq heures. Deux offres se sont clairement détachées, selon le délégué FO, qui assistait aux débats. La première est le projet de création d’une société coopérative de production (Scop), porté par l’actuel directeur de l’usine. Il a le soutien d’une majorité du personnel et des élus locaux. C’est la seule offre qui évite la casse sociale, reprenant tous les salariés. Une dizaine d’embauches sont même prévues pour développer le marketing et le service commercial. L’objectif est de développer de nouvelles gammes et de nouveaux produits, explique Salam Essalhi. L’achat d’une nouvelle machine est également annoncé.
Près de 70% des salariés ont investi dans la Scop
Les élus locaux sont prêts à mettre la main à la poche pour sauver un produit emblématique de la région, selon le président de la région Centre-Val de Loire, François Bonneau, cité par l’AFP. Selon France Bleu, la Scop a déjà réussi à lever près de 5 millions d’euros auprès des banques sous forme de prêts garantis par la Région Centre-Val de Loire. La Métropole d’Orléans s’est également engagée à racheter le site de l’usine pour plus de 5,6 millions d’euros. Soixante-dix pour cent des salariés ont mis 500 euros ou plus dans la Scop pour constituer le capital de 60 000 euros, et cette somme a été doublée par la région, ajoute Salam Essalhi.
Reste qu’en raison de délais très courts, le dossier n’est pas totalement bouclé. Il manque encore quelques pièces administratives comme le Kbis. Les juges ont donné jusqu’au 24 juillet à la Scop pour fournir tous les documents, poursuit le militant FO.
Deux autres projets menacent d’une casse sociale
L’autre offre émane de la société Tourres et Compagnie, détenue par un couple d’industriels. L’entreprise possède déjà deux verreries, l’une spécialisée dans le flaconnage de luxe pour la cosmétique, l’autre dans les arts de la table. Selon Salam Essalhi, l’entreprise envisage d’investir 11 millions d’euros, dont 2 millions en fonds propres. Le reste est issu de BPI France, dont un emprunt de 7 millions d’euros. L’objectif est de relancer l’activité de Duralex, notamment en testant de nouveaux produits chaque année.
Un projet industriel bien ficelé selon FO, mais qui présente des failles. Socialement d’abord. Ce candidat ne reprendrait que 182 des 228 salariés. Un plan social est annoncé pour les 46 postes supprimés, même si la direction se réserve la possibilité de faire des réembauches en fonction des besoins dans les deux ans à venir. Ensuite, le candidat a bien spécifié qu’il refuserait de payer les droits à polluer de l’ancien propriétaire qui ne les avait pas réglés avant le placement de l’entreprise en liquidation judiciaire, soit une enveloppe d’1,2 million d’euros.
Il a également annoncé son intention de fermer l’usine un mois par an en août, en mettant le four en veille. Mais ça ne s’est jamais fait, un four ne s’éteint pas comme ça, c’est très compliqué, explique le délégué FO.
Dernier candidat en lice, le groupe industriel Carlesimo Investissements/GCB Investissements. Il possède déjà deux fonderies, l’une spécialisée dans les quilles en plomb pour les bateaux, et l’autre dans les contrepoids pour les grues de chantier. L’entreprise prévoie de ne reprendre que 125 salariés, ce qui induirait une centaine de licenciements. Ils n’ont jamais travaillé dans la verrerie, leur offre n’est pas cohérente avec notre outil de travail et n’a pas vraiment été détaillée, poursuit Salam Essalhi. D’ailleurs, contrairement aux deux autres présentations qui ont duré deux heures, celle-ci n’a duré que 15 minutes.
Le tribunal de commerce d’Orléans (Loiret) a mis sa décision en délibéré au 26 juillet. Les salariés, déjà confrontés à plusieurs situations de crise au cours des deux dernières décennies, vont donc devoir vivre encore quelques jours dans l’incertitude quant à leur avenir. Nous sommes favorables au projet de Scop qui a marqué beaucoup de points lors de l’audience, ajoute le militant FO. Beaucoup de travail a été fait sur le financement et la stratégie de reprise, il n’y a pas de casse sociale, et elle a le soutien des élus.