Duoday : FO engagée, toujours, pour que change le regard sur le handicap

Le 21 novembre, FO participait au Duoday, comme elle le fait depuis 2019. Une jeune femme et un jeune homme, tous deux en situation de handicap et travaillant dans un Esat, ont formé, le temps d’une journée, des binômes avec des professionnels de la confédération. L’occasion de rencontres et d’échanges. L’occasion aussi de saisir la parole de personnes dont la demande première est d’être perçues comme des travailleurs à part entière. Sans discrimination dans l’accès à l’emploi et dans l’égalité, notamment au plan des rémunérations.

Pour la Confédération, le Duoday n’est pas qu’un outil de communication. Cette journée représente une opportunité pour changer de regard et dépasser les idées préconçues sur le handicap. En amont de cette journée, par une circulaire signée du secrétaire général, Frédéric Souillot et d’Anne Baltazar, conseillère confédérale en charge du handicap, la confédération soulignait ainsi tout son engagement. Et de rappeler aussi : Si la défense des travailleurs handicapés est évidemment un devoir syndical, le combat syndical pour le développement de leur emploi est aussi une question d’égalité et de fraternité.

Comme depuis 2019, et cette année le 21 novembre, soit quelques jours avant la tenue de la journée annuelle FO dédiée au Travail et au handicap, la confédération a donc participé au Duoday. Ainsi que le laisse deviner ce terme anglais, il s’agit de la mise en œuvre d’une journée de travail en duo ou dit autrement, en binôme lequel est formé d’un professionnel et d’une personne en situation de handicap. Cette journée se construit en mettant en relation un employeur, une personne en situation de handicap et une structure référente accompagnante. A son programme rappelait la confédération : découverte du métier, participation active, immersion. (…) C’est une occasion à saisir non seulement pour les personnes en situation de handicap mais aussi pour leur binôme.

Ce 21 novembre, la confédération accueillait donc deux personnes en situation de handicap. L’une, une jeune femme titulaire d’un certificat de couture et travaillant actuellement dans un ESAT (établissement ou service d’aide par le travail) a ainsi participé, auprès de Maria Flores, à la vie du secteur Europe-International. L’autre, jeune homme de 35 ans, travaillant lui aussi dans un ESAT, à Paris, a été accueilli au sein du secteur confédéral Mission Handicap, entouré d’Anne Baltazar, de Laure Beyret, de Fatima Cherhabil et d’Alex Norman.

Je voudrais avoir une perspective de carrière

Ne pas se fier à cette présentation quelque peu formaliste de la journée Duoday… Elle fut, comme les précédentes, ponctuée de rires, de découvertes, d’échanges, de discussions entre les binômes, de questions sur les vies et points de vue respectifs… Une journée au cœur de l’humain en somme. Ainsi, l’inFO militante a pu s’entretenir longuement avec Arnaud Graignon, depuis un an agent d’accueil au sein d’un ESAT dans le 19e arrondissement de Paris.

C’est ma première participation à un Duoday, indiquait Arnaud. C’est l’ESAT qui m’a proposé. J’avais plusieurs entreprises possibles, j’ai choisi FO. Alors je découvre comme ça fonctionne, les emplois, les conditions de travail… Cette journée me motive. Le jeune homme, qui dispose du niveau BTS tourisme, animation et gestion touristique locale, recherche actuellement un emploi de conseiller de vente « dans une boutique ».

Arnaud qui a déjà effectué des missions d’intérim dans différents secteurs de la vente, souhaiterait trouver un emploi en bijouterie, maroquinerie, parfumerie… Même s’il rêve de travailler un jour en Italie lance-t-il dans un sourire. Pour l’instant, c’est la France, Paris et aux alentours, avec envois de CV, entretiens avec des employeurs et l’attente fébrile des réponses. Arnaud, avait inscrit d’ailleurs à son agenda un entretien la semaine suivant le Duoday. A FO, il a bien sûr reçu tous les encouragements possibles, cela venant soutenir sa grande détermination. Car si Arnaud est bien placé pour savoir que décrocher un emploi est difficile, ce qu’il vise est d’une logique et d’une légitimité implacable : comme tout travailleur, il entend améliorer sa situation. Ne pas avoir affaire à la discrimination dans l’accès à l’emploi et que s’applique une véritable égalité de rémunération. Je voudrais avoir une perspective de carrière et gagner au moins un Smic. Actuellement pour 35 heures de travail, il perçoit 800 euros nets, somme à laquelle s’ajoute l’allocation aux adultes handicapés/AAH.

Il y a encore beaucoup de boulot !

Arnaud, la langue de bois, il ne connait pas et son expression sur les améliorations à apporter sur les sujets de l’accès au travail lorsque l’on est en situation de handicap…, il les résume simplement et avec beaucoup de pertinence. Il faut encore plus d’actions concrètes, communiquer encore plus sur le handicap. Et messages au patronat et aux pouvoir publics… Il faut lever des hypocrisies ! Qu’il n’y ait plus de salariés handicapés exploités mais des travailleurs à part entière. Car si estime Arnaud le système des quotas est un bon système (soit 6% au moins de personnes en situation de handicap dans les entreprises ainsi que dans la fonction publique), la réalité n’a encore rien de satisfaisant même si la situation s’améliore concède le jeune homme.

En mai dernier, la fonction publique (soit les trois versants : État, hospitalière et territoriale) affichait 5,4% de personnes en situation de handicap dans ses rangs, contre 4% il y a dix ans. Dans le privé, on comptait en 2023 seulement 4,3% de personnes en situation de handicap parmi l’ensemble des personnes travaillant en entreprises. Le taux de chômage des personnes des personnes en situation de handicap est de 12%, presque le double du taux portant sur l’ensemble de la population. A compétences égales, un patron préfère un valide ! déplore Arnaud, murmurant ça s’améliore, mais…. A FO, il a pu être informé de différents textes de législation relatifs au handicap, mais je connaissais déjà beaucoup de points appuie-t-il fièrement. Et là encore, Arnaud résume avec pertinence, et une pointe de malice : il y a encore beaucoup de boulot ! pour avancer dans l’égalité de traitement et de droits. C’est ce à quoi œuvre FO. Il a pu le constater lors de cette journée Duoday.

Quitter la version mobile