Si le dialogue social de haut niveau se développe, sa traduction concrète et d’ampleur reste à construire. En effet, constate l’OIT, ces processus nationaux et sectoriels tripartites réunissant représentants des gouvernements, des employeurs et des travailleurs ne sont pas toujours suivis d’effets.
Interrogés dans le cadre d’un rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT), 56 % des travailleurs et 45 % des employeurs expriment des doutes quant au fait que les gouvernements puissent traduire en termes de politiques publiques ou de mesures réglementaires les résultats découlant du dialogue social de haut niveau.
Ces données sont extraites de la deuxième édition du rapport de l’OIT sur le dialogue social aux niveaux national et sectoriel. Le document de quelque 220 pages fait état de lacunes importantes subsistant à l’échelle mondiale en ce qui concerne les institutions nationales de dialogue social. Officiellement, de telles institutions sont pourtant en activité dans 87 % des États membres de l’OIT. Mais leurs mandats – composition, fonctionnement, capacités techniques et influences – varient considérablement.
Une gouvernance paritaire dans seulement 30 % des services publics de l’emploi
L’OIT a notamment analysé quarante politiques nationales de l’emploi adoptées entre 2005 et 2020 parmi ses États membres et observé que le dialogue social au plus haut niveau avait été utilisé dans leur conception dans 80 % des cas. Une autre enquête auprès des services publics de l’emploi a montré toutefois que les partenaires sociaux participent à la gouvernance de ces services dans seulement 30 % des pays étudiés…
Enfin, l’OIT regrette que la transformation numérique et le changement climatique ne figurent pas en tête des priorités des institutions nationales de dialogue social, alors que ces mutations présentent des risques de perturbations majeures du monde du travail. Seul un quart des plus de cent processus de dialogue social au plus haut niveau, étudiés entre janvier 2022 et décembre 2023, ont traité de cette double transition. La plupart du temps cela concerne les pays européens.