Dans les universités, FO-ESR mobilisé revendique des moyens à la hauteur des besoins

Les universités ont connu un mois de décembre agité, avec plusieurs manifestations locales et nationales. FO ESR y a participé et a accompagné ce mouvement. Alors qu’un nouveau ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a été nommé la mobilisation va continuer en 2025 affirme Sylvain Excoffon, le secrétaire général du syndicat.

Pour FO ESR, décembre 2024 a été un moment d’ébullition important, souligne Sylvain Excoffon, secrétaire général du syndicat. Durant ce mois de mobilisation, nous avons pu échanger avec des personnes très différentes dans plusieurs universités, avec une seule et même question : comment donner de l’unité à tout cela ? Cette unité s’est vue lors des mobilisations locales comme nationales, avec une intersyndicale complète. Devant le ministère le 10 décembre à Paris, étudiants et personnels brandissaient ainsi des pancartes demandant plus de moyens pour l’université, notamment dans le cadre du projet de loi de finance (PLF) pour 2025.

Depuis la rentrée de janvier, tout a changé mais rien n’a changé, indique le militant. Si le PLF pour 2025 n’a fait l’objet d’aucune adoption en décembre, stoppé par la censure appliquée au gouvernement Barnier, les établissements restent dans l’incertitude concernant le prochain projet de loi. Un nouveau ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a été nommé, mais les logiques d’austérité demeurent analyse Sylvain Excoffon. De fait, si on ne sait pas encore quelle forme va prendre la mobilisation, elle va repartir en 2025 !, assure-t-il, précisant que le syndicat s’est renforcé en décembre, de nouveaux militants et adhérents nous ont rejoints !.

Une mobilisation large

Les mobilisations de décembre trouvent leur origine dans un constat ancien, et toujours plus évident d’année en année : les universités n’ont plus de quoi fonctionner correctement. Une situation tellement inquiétante que, fait rare, les présidents des établissements, à travers leur organisation France Université, ont tiré la sonnette d’alarme, appelant à une mobilisation le 3 décembre 2024 pour marquer leur refus de devoir, faute de moyens, dégrader la qualité des formations. Ils pointaient le PLF 2025, non adopté en décembre, qui actait notamment le rehaussement de 4 points du taux de contribution des employeurs publics au compte d’affectation spéciale pensions (CAS) – destiné au recouvrement et à la gestion financière des retraites de l’État. Il s’agissait d’une nouvelle marche infranchissable pour les présidents qui estiment que près de 80 % des universités étaient en déficit à la fin de l’année 2024.

Pour FO, les présidents se sont retrouvés dans l’impossibilité de faire accepter les mesures d’austérité qu’ils font passer depuis plus de 10 ans, explique Sylvain Excoffon. À Sorbonne Université, le syndicat a boycotté le conseil facultaire de l’UFR santé car l’on savait que le doyen n’aurait qu’un discours de regret, indique George Sideris, secrétaire de FO ESR au sein de l’établissement. Or, nous sommes au pied du mur et nous avons besoin d’action forte, pas de discours et de regrets !

Cependant, observent les militants, l’appel des présidents des universités a donné lieu à une large mobilisation dans les établissements, avec de nombreuses assemblées générales où se sont retrouvés enseignants, agents et étudiants dont les revendications allaient bien au-delà de celles évoquées par France Université, sourit Sylvain Excoffon. À l’université Clermont-Auvergne, l’AG a donné lieu à la mise en lumière de deux revendications fortes : la fin des mesures d’autonomie des établissements et la fin de la précarisation des personnels et des étudiants.

L’Enseignement supérieur plombé par les politiques d’austérité

Car les étudiants et les personnels le constatent chaque jour : le modèle de l’autonomie des universités, mis en place en 2007 par la loi LRU, arrive à bout de souffle. Dans chaque établissement, les contraintes budgétaires empêchent le bon déroulement des missions, explique Sylvain Excoffon. Exemple : À Sorbonne Université, l’institut de psychomotricité va petit à petit fermer, précise George Sideris. À la rentrée prochaine, il y aura 35 places de moins dans cette école qui forme des psychomotriciens de demain, alors que la formation des professionnels de santé est un enjeu important. Mais l’université n’arrive plus à financer cette formation parce que l’État ne verse pas les dotations promises. Elle va donc progressivement supprimer des places durant quatre ans.

La fermeture de cette formation est un exemple criant de cette politique d’austérité, et il y en a d’autres, autant que d’universités, indique Sylvain Excoffon. À l’université de Reims, il a été décidé de réduire de 20 % l’offre de formation. Cela signifie que les étudiants auront 20 % d’heures d’enseignement en moins ! Par exemple, pour la licence de Lettres, tous les enseignements relatifs aux lettres classiques ont été supprimés. Pour les étudiants, cela risque de compliquer leur poursuite d’études, notamment avec la sélection à l’entrée du master. Les personnels aussi font les frais de cette austérité : à l’université Bretagne Occidentale, la rémunération de leurs heures complémentaires a été diminuée d’un tiers, faute de moyens. Par ailleurs, il y a des universités où il n’y a plus de chauffage et l’on répond aux équipes de faire du télé-enseignement à distance, ajoute George Sideris.

Dans ce contexte, FO ESR se bat contre une politique de recrutement qui illustre l’ubérisation de l’université : le recours aux contractuels, et plus précisément aux vacataires. Leur nombre dans les établissements du Supérieur a explosé ces dernières années (+30 % en 7 ans), comme l’a souligné un rapport du collectif Nos Services Publics. Ces enseignants et agents précaires forment désormais la majorité des professionnels travaillant à l’université. Ils sont très précarisés puisque payés très en retard, parfois plus d’un an après avoir effectué leurs cours, s’indigne Sylvain Excoffon. Et ils sont bien moins payés que leurs collègues titulaires, pour un travail similaire. Selon le rapport du collectif, une heure de cours assurée par un vacataire est payée cinq fois moins qu’une heure de cours assurée par un titulaire.

FO aux côtés des étudiants et des personnels

Pour FO-ESR, l’heure est donc toujours et à la mobilisation. Alors que les moyens apportés par l’État aux universités n’ont pas bougé (selon le PLF pour 2025 présenté en octobre dernier et non adopté, Ndlr), voire ont diminué en euros constants, les universités craquent. Elles accueillent de plus en plus d’étudiants avec de moins en moins de moyens, analyse Sylvain Excoffon, pour qui l’arrivée d’un nouveau ministre ne signifie en rien un quelconque espoir d’amélioration. Cela reste une politique d’austérité. La preuve, lorsque le nouveau ministre Philippe Baptiste nous a reçus, il ne pouvait répondre à aucune de nos questions sur le budget 2025 mais a rappelé l’objectif de 50 milliards d’euros, effort sur les comptes publics annoncé par Bercy.

Le syndicat n’a de cesse de se battre pour des moyens à hauteur des besoins actuels, avec le recrutement de titulaires suffisants pour encadrer aux mieux les étudiants et favoriser la réussite. Avec aussi des budgets stables dédiés aux projets de recherche, et des financements pour des travaux de rénovation des bâtiments, énumère Sylvain Excoffon. Il y a ces grandes revendications qui se déclinent au niveau de chaque université, selon les besoins et les caractéristiques locales. Plus largement, nous ne pouvons nous satisfaire d’un Enseignement supérieur public au rabais !. Une détermination qu’exprime aussi George Sideris : L’ouverture des études supérieures pour tous et dans les meilleures conditions possibles, c’est un combat historique populaire. Et nous continuerons de mener ce combat !.

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