Dans toute la France, des milliers de professionnels du médico-social et de travailleurs sociaux étaient mobilisés le 1er avril pour exiger une hausse des salaires et l’amélioration de leurs conditions de travail. La mobilisation n’a pas pris fin après cette journée d’action nationale. Elle doit se poursuivre notamment au sein de l’intersyndicale.
Au secours, madame Catherine Vautrin, nous sommes fatiguées ! On a mal au dos, on a mal aux genoux. Nous sommes des ouvrières, oubliées. Devant le ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et de la Famille, les aides à domicile étaient les premières à s’emparer du micro ce mardi 1er avril. Plusieurs centaines de professionnels du secteur du travail social manifestaient dans le 7e arrondissement de Paris à l’appel des cinq syndicats du médico-social, dont FO. Une unité rare, qui montre que la situation est au plus mal, souligne Pascal Corbex (FNAS-FO).
Ailleurs, de Toulon à Saint-Lô en passant par Angers et Lille, de l’Aube à la Nièvre en passant par l’Allier, près de cent rassemblements se sont tenus devant les ARS et les conseils départementaux dans le cadre de cette journée d’action. L’intersyndicale dénonce une situation générale dégradée, dans un contexte où l’austérité budgétaire s’aggrave. Les syndicats, dont FO, revendiquent des moyens à hauteur des besoins pour les structures, et exigent une augmentation générale des salaires prenant en compte a minima la perte du pouvoir d’achat depuis 30 ans. Nous estimons qu’il faudrait 9 milliards d’euros, ne serait-ce que pour les salaires, indique ainsi Franck Houlgatte de FO Santé privé. Reçues à l’issue du rassemblement parisien du 1er avril par des membres du cabinet de la ministre, Catherine Vautrin, les organisations ont déploré toutefois l’absence de réponse.
La situation est particulièrement difficile pour les aides à domicile : en février, le ministère refusait la validation de l’avenant 66 qui prévoyait une augmentation de 34 euros brut pour les salaires de la branche de l’aide à domicile. Or, le seul but était de rattraper, a minima, les dernières augmentations du Smic. Autant dire que ces salariés n’ont pas apprécié ce refus. Elles ont d’ailleurs participé en nombre aux cortèges et rassemblements de cette journée d’action.
Réunion de délégués FO le 14 mai
Comment construire la suite de la mobilisation ? Pour Franck Houlgatte, il ne faut lâcher sur aucun front. Il faut préserver l’unité syndicale et continuer à faire pression sur les pouvoirs publics. La conférence salariale, où sont annoncés les taux directeurs, généralement bas, d’évolution de la masse salariale, vient d’avoir lieu le 11 avril. L’austérité est une nouvelle fois de mise : aucun taux directeur n’a été présenté.
La mobilisation se poursuit d’autant plus, en intersyndicale, et bien sûr au sein de toutes les structures FO. Une réunion des délégués régionaux FO du secteur est ainsi attendue le 14 mai. Nous sommes le seul syndicat ouvertement opposé au projet de convention unique, souligne Franck Houlgatte. Pour rappel, à l’été 2024, les employeurs avaient conditionné l’extension de la prime Ségur à la signature d’un accord fixant les modalités de négociation d’une convention collective unique étendue, qui vise à fusionner les diverses conventions régissant le secteur. FO, seul syndicat ayant refusé de signer, avait vivement dénoncé ce chantage qui prenait la forme d’une clause miroir.
Lors du premier round de négociation (le 18 mars), la confédération d’employeur Axess avait proposé un premier projet qui nivelle l’ensemble des acquis sociaux par le bas. Parmi les pistes évoquées : la baisse des congés trimestriels ; la possibilité de grimper à 12 heures de travail par jour et 48 heures hebdomadaires ; la réduction à 9 heures de repos seulement entre deux services contre 12 actuellement ou encore l’annualisation du temps de travail. Alors qu’un second round de négociation est attendu en avril, le syndicat entend bien préserver les acquis sociaux pour lesquels il s’est battu. Nous jouerons notre rôle, promet Franck Houlgatte.