Dans la filière automobile, la peur d’une hécatombe sociale

Stop aux délocalisations chez Valeo ! Le 15 octobre, le syndicat FO de l’équipementier automobile français organisait une conférence de presse dans les locaux de la fédération FO Métaux à Paris, pour dénoncer la logique financière court-termiste qui conduit Valeo à réduire son empreinte industrielle et son pôle Recherche & Développement en France au profit de pays à faible coût de main-d’œuvre comme la Turquie, la Hongrie, la Pologne ou la République tchèque… Depuis mi-2023, l’équipementier a conduit quatre plans sociaux, visant au total 500 suppressions de postes à Amiens (Oise), Créteil (Val-de-Marne), Cergy (Val-d’Oise) et La Verrière (Yvelines). Cet été, il a engagé la vente de trois sites employant un millier de salariés, à La Suze (Sarthe), Saint-Quentin-Fallavier (Isère) et encore La Verrière. D’autres annonces sont attendues le 21 octobre au prochain comité européen, prévient Bertrand Bellanger, coordinateur FO Valeo, qui anticipe de possibles fermetures de sites. Il appelle les pouvoirs publics à se mobiliser pour protéger les emplois des salariés de Valeo et de l’ensemble des acteurs de la filière automobile en France.

Le tournant de l’été 2024

Car la filière est bel et bien entrée dans la tempête. Face à la chute des ventes automobiles depuis quatre ans, les constructeurs ont choisi de faire tourner leurs usines au ralenti ; entre autres « solutions » : l’arrêt temporaire de production, la suppression d’équipes, le soutien public via l’APLD (Activité partielle de longue durée). Mais les équipementiers et fournisseurs sonnent aujourd’hui la fin de la partie. Ils délocalisent, licencient ou mettent la clé sous la porte, selon leur importance et leur place dans la chaîne de valeur. Les fournisseurs de rangs 2 et 3, déjà asphyxiés, sont durement impactés, note Bertrand Bellanger.

Depuis le début de l’été, la liste des licenciements s’allonge. Ils concernent la totalité des effectifs chez Imperiales Wheels (176 salariés) et Pullflex (56 salariés) en Indre-et-Loire, à l’usine Bosch de Mondeville (413 salariés) dans le Calvados, 40 % des 584 emplois chez Dumarey Powerglide dans le Bas-Rhin, etc. Les plus gros ne feront pas exception : Forvia (ex-Faurecia) veut se délester de 10 000 postes en Europe d’ici 2028 ; le 8 octobre, Michelin a annoncé la mise à l’arrêt temporaire de plusieurs usines en France, dont trois seraient sur la sellette. Le changement de posture est tel que, en septembre, le patronat des industries des équipements pour véhicules disait craindre que ce secteur ne perde plus de 50 % de ses 56 000 emplois en France sur les cinq ans à venir.

Délocalisations : l’effet d’opportunité

En amont, les entreprises de plasturgie, du verre, du textile accusent le coup et en profitent pour se réorganiser. Le nombre de plans sociaux annoncés est en hausse. Il y a un effet d’opportunité lié à la baisse des volumes automobiles et à la fin du soutien public via les dispositifs APLD, constate de son côté Pascal Miralles, secrétaire fédéral chargé de la chimie à la Fédéchimie FO. Signe révélateur, selon lui, la récente décision de Novares, fabricant de pièces plastique, de fermer son site d’Ostwald (122 emplois) dans le Bas-Rhin, Stellantis ayant décidé de ne plus leur attribuer de nouveaux marchés. Sauf que, précise-t-il, cette décision intervient aussi alors que deux usines neuves Novares sont sorties de terre en République tchèque et en Chine. Il rappelle qu’en 2020, Novares a obtenu un prêt de plus de 70 millions d’euros garanti par l’État. Face à la casse sociale qui s’annonce, Pascal Miralles a particulièrement souligné, lors du Comité confédéral national (CCN) de Carcassonne fin septembre, la nécessité de mettre le gouvernement face à ses responsabilités. C’est chose faite depuis le 8 octobre : le secrétaire général de la confédération, Frédéric Souillot, et les secrétaires généraux de FO Métaux et de la Fédéchimie ont longuement rencontré le ministre délégué chargé de l’Industrie.

Quitter la version mobile