Crise sociale dans les Pyrénées-Orientales : FO réclame une table ronde pour sauver l’emploi

Environ 2000 bénéficiaires du RSA en plus sur un an, des taux de pauvreté et de chômage « similaires à ceux d’un département d’outre-mer », des entreprises au bord du gouffre : compte tenu de la gravité de la situation économique du département, le syndicat FO réclame l’organisation d’une table ronde réunissant collectivités, syndicats et patronat sous l’égide du préfet. Afin de se coordonner autour d’un « plan de relance XXL » pour sauver l’emploi en pays catalan.

Pour le secrétaire départemental de FO, Jérôme Capdevielle, il s’agit d’une évidence. « Pour l’heure, les entreprises et leurs salariés sont dans une bulle de protection grâce aux leviers de protection sociale qu’a fort judicieusement actionnés le gouvernement. » Cependant, les dispositifs qu’a enclenchés l’Etat ne vont pas durer éternellement. D’où l’inquiétude du syndicaliste : « En 2020, le nombre de bénéficiaires du RSA a augmenté de 10 %, soit environ 2000 personnes dans le département. La plupart des travailleurs saisonniers, intérimaires et à temps partiel ont glissé vers cet ultime filet de protection. Il faut qu’on se donne les moyens de rebondir le plus vite possible pour les faire revenir dans l’emploi. »

 

Aux yeux de Jérôme Capdevielle, les faiblesses structurelles des Pyrénées-Orientales en matière d’emploi nécessitent un « plan de relance XXL ». Ici, à la faveur de la primauté accordée à l’activité touristique, le secteur de l’hôtellerie, de la restauration et des cafés, particulièrement impacté par les mesures liées au confinement, représente par exemple 10 % des emplois. Contre 5 % au niveau national. « J’espère que le secteur pourra rebondir. Mais je pense qu’il y aura de la casse et que les dépôts de bilan vont encore faire augmenter le chômage », craint Jérôme Capdevielle.

 

Il faut un plan de relance XXL pour les P.-O.

Selon les dernières données publiées par Pôle Emploi, dans les Pyrénées-Orientales, le nombre de demandeurs d’emploi (catégories A, B, C) s’établissait en moyenne à 57 560 au troisième trimestre 2020. Soit une hausse de 3,6 % sur un an. Mais selon Jérôme Capdevielle, ces chiffres sont à prendre avec des pincettes. « Il y a un jeu de vases communicants entre le nombre d’inscrits à Pôle emploi et le nombre de bénéficiaires du RSA », souligne-t-il.

 

Compte tenu de cette situation particulièrement préoccupante, FO demande au préfet d’organiser des Assises de l’emploi, en réunissant autour d’une même table collectivités, syndicats et patronat, afin de pouvoir se coordonner et interagir sur le volet de l’emploi. « On ne peut pas traiter les Pyrénées-Orientales comme les autres départements de métropole, plaide Jérôme Capdevielle. Il faut que le gouvernement se saisisse de la problématique. Nous avons des chiffres de pauvreté et de chômage qui sont ceux de départements d’outre-mer ! On en était déjà là avant la crise du Covid et ça va encore s’amplifier. » Avec à la clé le risque d’un décrochage économique « difficilement inversable ».

 

Ces freins qui empêchent l’emploi de s’épanouir en pays catalan

L’incertitude sur le « devenir » de la ligne aéroportuaire Perpignan-Paris. « Le TGV entre Perpignan et Montpellier n’est encore qu’un mirage lointain… On va encore attendre au moins quinze ans. C’est pourquoi il est nécessaire de sécuriser la ligne aéroportuaire Perpignan- Paris. Pour l’heure, on est dans l’incertitude permanente concernant le devenir de la ligne (nombre de vols par jour, etc.). Il faut obtenir l’assurance que cette ligne sera maintenue dans de bonnes conditions pour que les entreprises n’aient pas peur de s’installer dans le département. »

 

Un déficit d’industries. « A l’heure actuelle, les Pyrénées-Orientales recensent seulement une vingtaine d’entreprises de plus de 200 salariés. Il nous manque deux ou trois fleurons locaux sur le terrain industriel. C’est pourquoi il faut asseoir l’attractivité du département. »

 

Publié le 29/11/2020 – Journal L’Indépendant – Arnaud Andreu

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