Coronavirus – FO 66 dénonce l’arrivée d’une vague de licenciements abusifs

Force Ouvrière est le premier syndicat à lancer l’alerte dans les Pyrénées-Orientales. En une seule après-midi la semaine dernière, une douzaine de salariés sont venus dénoncer des procédures de licenciement abusives. Aux abois, dans le noir par rapport aux perspectives d’activité de ces prochains mois et bientôt privés des aides de l’Etat sur le chômage partiel, un certain nombre de patrons se sépareraient à la hâte de leurs salariés. Sans respecter les règles qui permettraient à ces derniers de limiter la casse. Pour les aider, FO met en place une permanence juridique.

« Depuis l’annonce du déconfinement la semaine dernière, on assiste à une montée en puissance des procédures de rupture de contrat de travail« . Dans les locaux de la section catalane de Force Ouvrière, espace Dauder-de-Selva quartier La-Real à Perpignan, le secrétaire général du syndicat Jérôme Capdevielle et Me Charles Salies, avocat montpelliérain investi à ses côtés, dressent un tableau pessimiste des mois à venir. Ensemble, ils gèrent les dossiers épineux des adhérents de la centrale en litige avec leur employeur. Et ce qu’ils voient poindre ne leur plaît pas.

« On est forcément en situation de non-embauche. Normalement, étant donné le contexte, on devrait s’attendre à des licenciements économiques« , table le syndicaliste. « Mais on aura des ruptures conventionnelles, des démissions contraintes, des licenciements disciplinaires, et des licenciements pour motifs économiques, déguisés ou pas« , pronostique déjà l’avocat spécialiste en droit du travail. S’appuyant sur les témoignages qui s’enchaînent en entretiens privés, l’avocat s’effare des procédures disciplinaires entamées dès la sortie du confinement.

P.-O. : un chômage à 25 % d’ici fin 2020

« On n’ignore pas les effets dévastateurs de la crise sanitaire sur le pays, garantit Jérôme Capdevielle, et surtout dans les P.-O., où hôtels, cafés et restaurants, restés sans ressources pendant des semaines, sont un secteur clé. Ici, l’activité représente 10% de l’emploi, le double de la moyenne nationale. » FO s’attend donc à des dégâts inédits sur l’emploi, « plus graves qu’en 2008.« , augurant d’ores et déjà, d’ici la fin de l’année, un chômage à « au moins 25% » localement.

Mais le syndicaliste interpelle aujourd’hui les patrons et les autorités. « Un licenciement économique ne doit pas être déguisé en autre chose! » Car celui-ci est prévu pour protéger le salarié. C’est tout d’abord une priorité à la réembauche si l’activité de l’entreprise redémarre. C’est une rémunération sur le préavis et une indemnité conventionnelle de licenciement. C’est aussi une meilleure indemnisation chômage (75 % du salaire brut contre 57 % dans les autres cas) sur une durée plus longue, et enfin un accompagnement spécifique par Pôle Emploi. Toutes choses qui tombent à l’eau dans le cadre d’un licenciement pour faute grave par exemple.

Pour FO, la responsabilité en revient à l’abandon par l’Etat du dispositif de prise en charge du chômage partiel. Un retrait qui interviendrait « au mauvais moment ». « Jusqu’ici, le chômage partiel ne coûtait rien aux entreprises, dès lors que le régime nécessite une participation de l’entreprise, sa trésorerie est mise à contribution, décrypte le représentant syndical. Mais aujourd’hui, la plupart des entreprises ne savent pas où elles vont. Le chômage partiel leur permettrait de se donner un peu de visibilité. Les en priver, avant même la reprise effective, les oblige à décider ou non s’ils gardent leurs collaborateurs. » 

Jérôme Capdevielle regrette que le dispositif de soutien de l’Etat ne soit pas prolongé « au moins jusqu’en septembre. » Au niveau national, c’est l’interdiction temporaire de licenciement qui est revendiquée par FO. « Parce qu’une fois qu’un salarié est licencié, même s’il gagne aux Prud’hommes, on ne revient pas en arrière, sa place est perdue. Le coup est parti. »

 

Accueil et permanences juridiques pour les salariés

Pour « accompagner ces situations dramatiques« , FO 66 organise tous les mardis à partir de 14 h des permanences juridiques avec Me Salies, dont l’objectif est « d’éviter les ruptures de contrat de travail », et quand ce n’est pas possible « accompagner les salariés licenciés abusivement pour se défendre aux Prud’hommes, pour que ceux qui se soient laissés aller à la facilité soient sanctionnés. » Le secrétaire général de FO 66 Jérôme Capdevielle compte également sur la vigilance de la Direccte en cette période.

Accueil du lundi au vendredi de 8 h à 12 h et de 14 h à 17 h 30, dans les locaux de FO 66, 5 place Marcel Oms à Perpignan. Permanence juridique sur rdv par tel au 04 68 34 51 47 ou par mail secretariat@fo66.fr

Journal l’indépendant – Publié le 02/06/2020 – Sophie Babey
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