Une journée de mobilisation nationale contre l’inclusion systémique est organisée à l’initiative de FO le jeudi 25 janvier. Les militants sont attendus devant le ministère de l’Education nationale. Objectif : dénoncer la maltraitance qu’induit le système actuel.
La date du 25 janvier a été décidée à la suite de la conférence nationale sur l’école inclusive qui s’est tenue le 17 novembre dernier à la confédération. Pour cette prochaine journée d’actions, plusieurs fédérations FO (la FNEC FP FO et le Snudi-FO, mais aussi la FNAS FO, la FAGE FO ainsi que les secteurs FO de la santé publique et de la santé privée) manifesteront devant le ministère de l’Education nationale pour dénoncer la responsabilité de l’institution dans le contexte actuel de souffrance chez les enseignants, les élèves en situation de handicap, leurs copains, les parents. Il faut arrêter cette maltraitance., explique Jérôme Thébaut, secrétaire adjoint du Snudi-FO.
Dans les départements, la montée à la capitale se prépare en grandes pompes. Par exemple en Indre-et-Loire, on organise le trajet en bus mais aussi une conférence de presse pour expliquer aux journalistes les raisons de notre mobilisation, souligne le militant. Plus qu’une journée d’action, le 25 janvier marquera une large mobilisation. Nous ne sommes pas opposés à l’inclusion, c’est contre le chaos organisé par l’inclusions systémique que nous nous mobilisons, précise Jérôme Thébaut.
La pédagogie ne peut se substituer aux soins
Les militants dénoncent l’acte 2 de l’école inclusive. Nous sommes tous concernés, martèle Pascal Corbex de la FNAS. Alors que le président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé la fermeture d’établissements spécialisés qui seraient dissous dans les établissements scolaires, les militants FO qui pointent le non-sens d’une pareille décision rappellent que la pédagogie ne peut se substituer aux soins. Ainsi souligne Jérôme Thébaut Les IME sont nécessaires pour les élèves. En Indre et Loire, par exemple, plus de 1 000 élèves attendent une place dans ces structures spécialisées. Or, par manque de moyens, ils sont scolarisés dans les écoles ce qui entraîne beaucoup de souffrance. Pour FO, défendre ces structures adaptées c’est défendre les élèves les plus en difficulté, c’est défendre aussi notre école publique !. Ce qui a toujours à voir avec les moyens dédiés.
Ainsi, au cours de la conférence nationale, des militants avaient pointé le danger que représenterait la transformation d’ici à 2026 des PIAL (pôles inclusifs d’accompagnement localisés) en PAS (pôles d’appui à la scolarité). Une disposition prévue par le projet de loi de finances pour 2024. Créés en 2019, ces PIAL se sont révélés être un outil de mutualisation et de répartition entre établissements des effectifs des AESH/ accompagnants des élèves en situation de handicap (124 000 en France). En somme, une gestion de la pénurie de ce type de personnels dont les conditions de travail n’ont fait que se dégrader s’insurge régulièrement FO.
La FAGE-FO dont certains secteurs sont concernés directement par l’inclusion scolaire et plus largement par la scolarisation des élèves à besoins particuliers, voire en situation de handicap, s’inscrit pleinement dans la journée du 25 janvier. Confrontée comme les autres fédérations aux mêmes problèmes et enjeux, elle s’inquiète aussi fortement quant à la réforme des Instituts Nationaux de Jeunes Sourds et de Jeunes Aveugles (INJ) au 1er janvier 2025 avec le transfert des enseignants à l’Education Nationale et le reste du personnel à la Fonction Publique Hospitalière alors même que les INJ assurent une mission d’enseignement et d’accompagnement médico-social essentielle de l’État. Pour la fédération, les propositions faites ne sont que des mesures d’économie sans prise en compte des besoins des jeunes et de leurs familles.
Des personnels épuisés
Les AESH seront ainsi très présents à la mobilisation du 25 janvier. Eux qui sont en tant que personnels particulièrement concernés par l’école inclusive revendiquent un vrai statut et un vrai salaire. Ils sont en premières lignes et subissent le chaos de l’inclusion systémique. Beaucoup évoquent les situations de violence dans leur quotidien de travail avec les élèves dont ils ont la charge, et cela alors que ces derniers, tandis que les élèves souffrent d’être scolarisé en milieu ordinaires, témoigne Jérôme Thébaut. Le militant relate aussi les problèmes que connaissent les enseignants, alors que l’inclusion est le motif le plus souvent évoqué pour les départs et démission de l’éducation nationale. En maternelle, des collègues ne peuvent transmettre les savoirs et apprentissages : ils sont trop occupés à faire de la mise en sécurité pour protéger tous les élèves, au lieu d’enseigner. Non, vraiment répètent les militants FO, La pédagogie ne peut se substituer aux soins.
PIAL ou PAS, c’est toujours Non !
Quant à remplacer les PIAL par des PAS, cela impliquerait de repenser l’organisation de l’inclusion scolaire et ôterait aux maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) une de leurs missions, celle de définir les modalités de scolarisation de l’élève. Notifications que l’Education nationale doit actuellement suivre. L’Éducation nationale serait alors la seule à décider de l’accompagnement de l’élève, indique le secrétaire adjoint du Snudi-FO. Serait alors à craindre que l’institution en reste à son manque de moyens plutôt que d’embaucher des effectifs supplémentaires afin de respecter les besoins des élèves. Le 28 décembre, le conseil constitutionnel a censuré l’article 233 de la loi de finances portant sur les PIAL et PAS, estimant que ces dispositions n’avaient pas leur place dans un tel texte. Mais les militants FO restent prudents. Quoi qu’il en soit, nous continuerons à nous opposer à ces Pas et à demander l’abandon des Pial, martèle Jérôme Thébaut.