Alors qu’un troisième syndicat a suspendu sa participation, en tout cas pour les réunions sur le financement de la protection sociale, la concertation sur les retraites, intitulée désormais « village retraite », continue. Et le patronat avance ses desiderata. Refusant d’augmenter les cotisations retraite pour réduire le déficit du système, qu’il fustige, sa solution serait de trouver de l’argent dans d’autres branches de la Sécurité sociale. Lors de la séance du 17 avril, la CPME a ainsi émis l’idée que les cotisations patronales – de 0,30 % – au titre de la CSA (la contribution solidarité économie, qui finance des actions de la branche Dépendance) soient redirigées vers les retraites. Dans ce scénario, la branche Dépendance recevrait une compensation par l’impôt. La CPME suggère même de procéder à une égalité de taux de CSG entre actifs et retraités. L’organisation patronale en a aussi profité pour remettre en cause le financement de la branche Famille par des cotisations patronales. L’intention est claire : Le patronat cherche à baisser toutes ses cotisations qu’il juge non liées au travail. Il dit qu’il veut bien financer les retraites, le chômage, voire une partie de la maladie, et c’est tout. Il veut mettre à bas la Sécurité sociale et s’en cache à peine. C’est incompréhensible que certaines organisations syndicales se prêtent à ce jeu qui dessert les intérêts des salariés, s’agace Michel Beaugas, secrétaire confédéral FO chargé de l’emploi et des retraites. Il rappelle en outre que ce débat sur le financement de la protection sociale, voulu par le patronat, n’a aucune raison d’être dans cette concertation sur les retraites désertée par les syndicats. Ce n’est ni le lieu, ni l’endroit pour aborder un tel sujet !
Le thème inacceptable de la capitalisation
À la demande du patronat encore, le développement d’un système de retraite introduisant de la capitalisation, ce à quoi s’oppose FO, figure dans la nouvelle feuille de route de la concertation. La CPME en a même fait son cheval de bataille. Elle défend l’idée d’une épargne retraite individuelle obligatoire pour tous les travailleurs, en complément du système par répartition. Ce sujet a été abordé le 24 avril, en petit comité (deux organisations syndicales et deux organisations patronales). La CPME a abattu ses cartes. Elle propose de travailler une heure de plus par semaine pour financer sa propre retraite. Provocation ? Ballon d’essai ? Difficile à dire. Mais sur le principe même de la capitalisation, les syndicats présents à la table n’en font pas un tabou.
Il s’agit pourtant d’une attaque inacceptable du système par répartition, dénonce FO.