En tenant compte de la mesure du halo du chômage, 10,1% des Français en âge de travailler et qui le souhaiteraient sont tenus éloignés de l’emploi.
Le plein-emploi n’est pas pour demain. Le taux de chômage s’est stabilisé en 2023 à 7,3% en moyenne, rapporte l’étude annuelle de « photographie du marché du travail » publiée par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) en mars. Et cette moyenne cache une légère hausse à l’échelle des différents trimestres 2023, souligne l’Institut : le chômage s’établissait à 7,5% à la fin de l’année.
Parmi les demandeurs d’emploi, 24,5% subissent un chômage dit de longue durée, c’est-à-dire depuis plus d’un an (soit 1,8% de l’ensemble de la population considérée). Ce taux est bien plus faible chez les 15-24 ans (10,5%) mais explose chez les plus de 50 ans (40,8%), illustrant la difficulté des seniors à retrouver un poste après la perte d’un emploi.
Le halo du chômage : des demandeurs d’emploi non comptabilisés
Mais ces statistiques s’appuient sur une définition particulièrement étroite du chômage, celle du Bureau international du travail (BIT), et ne reflètent donc qu’imparfaitement la réalité de la situation des Français vis-à-vis de l’emploi. Pour être considéré comme chômeur au sens du BIT, un individu doit être sans emploi, disponible très rapidement (dans les deux semaines), et avoir effectué au moins une démarche active de recherche d’emploi dans le mois précédent.
Ces critères excluent de fait de nombreuses personnes qui souhaiteraient pourtant travailler. Elles peuvent être découragées par les échecs subis ou les conditions de travail proposées (salaire minimum, temps partiel, horaires décalés…) ; elles ne sont parfois pas considérées comme disponibles dans les deux semaines suivantes car elles devraient déménager de leur lieu de vie pour obtenir un nouveau travail ; elles peuvent être dans l’incapacité d’effectuer des démarches actives de recherche d’emploi car elles ont à charge des enfants, des personnes âgées ou en situation de handicap.
Ces personnes basculent donc dans le camp des inactifs au sens du BIT, et font partie de ce qu’on appelle le « halo du chômage ». Or, celui-ci est en légère augmentation en 2023 (+0,2 point sur un an). Ce phénomène touche particulièrement les jeunes : en hausse de 0,8 point en 2023, la part des 15-24 ans relevant du halo (7,1%) reste supérieure de 1,3 point à son niveau de 2019. Les femmes relèvent plus souvent que les hommes du halo (5,0 % contre 4,2 %), alors qu’elles sont moins souvent qu’eux au chômage (part de 5,2 % contre 5,8 %), relève par ailleurs l’étude.
Un phénomène contribuant au « mal-emploi »
En cumulant chômage et halo du chômage, 10,1% des 15-64 ans sont donc sans emploi alors qu’ils veulent travailler, soit 0,3 point de plus qu’en 2022. Cette proportion reste inférieure de 0,6 point à son niveau de 2019, soit avant la crise sanitaire, indiquent les statisticiens de l’Insee.
Pour l’Observatoire des inégalités, organisme indépendant qui publie tous les deux ans un rapport dressant un état des lieux des inégalités en France, le halo du chômage doit être comptabilisé dans le phénomène de « mal-emploi », au même titre que le chômage ou le travail précaire. Seule une amélioration durable de l’emploi (en quantité et en qualité) pourrait avoir un effet sur le mal-emploi dans son ensemble et en particulier sur les personnes découragées de rechercher un travail, écrivait déjà l’association en 2019.
La précarité de l’emploi par le temps partiel
Les données de l’Insee sont par ailleurs riches en informations sur la précarité de l’emploi au sein du monde du travail. Ainsi, la part des personnes occupant un emploi à durée limitée (CDD, intérim) recule de 0,4 point. Certes mais elle se situe encore à 9,8%, son niveau de 2021. Par ailleurs la part des personnes occupant un emploi à temps partiel stagne en 2023 (+0,1 point par rapport à 2022). Et le temps partiel concerne encore et toujours majoritairement les femmes : Stable à 26,5 %, la part des femmes travaillant à temps partiel reste trois fois plus élevée que celle des hommes, part qui augmente de 0,2 point en 2023 (8,7 %).