Chez l’avionneur Boeing, la victoire salariale après une longue grève

Les 33 000 ouvriers de Boeing en grève depuis le 13 septembre dans la région de Seattle sont parvenus à obtenir plus de 40 % d’augmentation de salaire sur quatre ans.

La bataille a été rude, mais les salariés de Boeing sortent victorieux de leur bras de fer avec la direction de l’avionneur américain. Et c’est grâce à un travail de dix années pour reconstruire la puissance de notre syndicat et appliquer la pression maximale sur la direction ces dernières semaines, s’enorgueillit Jon Holden, président de l’IAM – district 751.

Le 4 novembre les salariés ont validé à 59% la nouvelle convention négociée par le syndicat après sept semaines de grève. Soit 53 journées sans salaire ni assurance santé. Pour tenir, les ouvriers ont reçu 250 dollars hebdomadaires versés par la caisse de grève. Mais certains ont dû opter temporairement pour un deuxième job et/ou puiser dans leurs économies (pour ceux qui en avaient). Ce conflit dur a été marqué aussi par un fort soutien de la population à ces salariés. Cela s’est notamment traduit par l’apport de bûches de chauffage au piquet de grève ainsi que de produits alimentaires.

Une copie patronale trois fois révisée

Deux autres propositions avaient été soumises aux travailleurs par la direction avant de parvenir à un accord. Celui-ci acte finalement une augmentation générale des salaires bruts de 43,65 % cumulés sur quatre ans (13% dès septembre 2024), hors ajustement sur le coût de la vie. S’ajoute à cela une prime de 12 000 dollars, que les travailleurs pourront recevoir immédiatement avec leur salaire ou verser sur leur plan de retraite. Les machinistes ont également obtenu une augmentation de la participation de l’employeur à leur plan retraite allant de 4 à 12% selon les situations. Enfin, l’accord inclut le retour d’une prime de productivité d’un minimum garanti de 4 %.

Batailler aussi pour le maintien de l’emploi local

La convention comprend par ailleurs nombre d’alinéas autorisant par exemple moins d’heures supplémentaires imposées et davantage d’heures supplémentaires volontaires ou encore des progressions de carrière simplifiées. Elle comprend aussi une diminution de près de 10 % de la cotisation assurance maladie et une amélioration des pensions actuellement versées aux retraités. Autre victoire, les salariés ont reçu l’assurance que les prochains modèles d’avion lancés par le groupe dans les quatre prochaines années continueront d’être construits à Seattle. La négociation – qui selon le syndicat, a par ailleurs été facilitée dans ses discussions par l’implication de la secrétaire d’État au travail – a également permis de sanctuariser le nombre de postes en maintenance et entretien, afin d’éviter l’externalisation de ces fonctions.

Après dix ans de quasi-gel des salaires

Les salariés américains de Boeing ont de quoi se féliciter puisqu’ils réussissent à obtenir ces augmentations alors même que l’avionneur est en difficulté sur le plan économique. De 2002 à 2024 nous n’avions connu qu’une augmentation de 31,5 %, a rappelé Jon Holden, président de l’IAM – district 751. La dernière convention, datée de 2008, puis renégociée en 2014 pour dix ans n’avait permis d’obtenir quasiment aucune augmentation. Des menaces fortes de déplacer les lignes de fabrication hors de l’État avait alors contraint les travailleurs à accepter des mesures qui ont mis à mal leurs conditions d’emploi.

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