Début décembre, les négociations sur les mesures d’accompagnement du projet de suppression de 2 389 emplois chez Auchan ont débuté. FO met en garde la direction contre toute velléité de plan social au rabais. Pour l’instant, les propositions de mesures portées par la direction sont « nettement inférieures » à celles du PSE signé en 2020.
C’est la douche froide !. Délégué syndical FO chez Auchan Retail France, Franck Martinaud ne cachait pas son exaspération, le 2 décembre, à l’issue de la première séance de négociation du plan social concernant le projet du distributeur nordiste de supprimer 2 389 emplois (5% de ses effectifs), notamment par la fermeture de dix magasins. Nos craintes se confirment : la direction générale semble privilégier l’accompagnement des salariés vers la mobilité externe au détriment de véritables mesures de reclassement interne ! Pour FO, c’est inadmissible, martèle le DS FO.
Le syndicat exige des reclassements pour tous. Dans les magasins du groupe situés dans une zone géographique raisonnable et, si besoin, dans les enseignes de l’Association familiale Mulliez (AFM, détenant Auchan), et ce, avec maintien du salaire et sans aucune perte d’ancienneté. Pour l’instant, ce n’est pas acquis, l’AFM ne se considérant pas comme un véritable groupe. La direction ouvre la porte aux mobilités vers les enseignes de la galaxie Mulliez, mais sans garantir que les salariés licenciés seront prioritaires dans les recrutements, ni que leur salaire et leur ancienneté seront maintenus. C’est pourtant le minimum que leur doit l’entreprise, appuie le militant.
Des propositions nettement inférieures à celles du PSE signé en 2020
Nombreux sont les points de blocage, révélés par cette première séance de négociation. Ainsi, la direction propose de réserver l’indemnité supra-légale uniquement aux salariés qui partiraient dans le cadre d’un plan de départ volontaire. Et, en cas de mobilité interne, le maintien du salaire ne serait acquis que pour une durée limitée… Les propositions de la direction partent de très bas. Elles sont nettement inférieures à celles du plan social signé en 2020 (1 475 postes avaient alors été supprimés, ndlr). C’est choquant, commente le militant FO, qui met en garde la direction. Une nouvelle fois.
Avant le début des négociations sociales, le syndicat avait appelé celle-ci à un dialogue social constructif. « FO ne cautionnera pas une négociation qui se limiterait à un plan social au rabais, dont les sacrifices seraient uniquement portés par les salariés », prévenait le syndicat, exigeant des conditions de départ et de reclassement dignes et respectueuses (des) années de service et de (l’) investissement des salariés.
Prochaine négociation le 19 décembre
Le parti-pris d’austérité de la direction passe d’autant moins que les actionnaires de l’Association familiale Mulliez (AFM) viennent de se voir reverser un milliard d’euros de dividendes par une autre enseigne, Decathlon. En clair, il y a de l’argent mais pas pour les salariés d’Auchan qui seront licenciés, commente Franck Martinaud.
Chez Auchan, les syndicats, dont FO, s’interrogent aussi sur l’usage de certaines aides publiques encaissées par l’enseigne nordiste – elle a reçue 83 millions d’euros, chaque année entre 2013 et 2018, au titre du CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et pour l’emploi). FO appelle à l’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire afin de s’assurer de la bonne utilisation des fonds publics perçus par Auchan durant de nombreuses années.
La prochaine réunion de négociations est prévue le 19 décembre. Le calendrier d’information-consultation des instances représentatives du personnel prévoit un recueil des avis des CSE (comités sociaux et économiques) concernés à la mi-mars 2025.