Il faudra qualifier la magnitude de l’ajustement qu’il faut faire et il faudra ensuite le compléter dans toutes les actions utiles de la dépense publique, déclarait le président de la République le 22 mars. Traduction : les annonces déjà faites en matière de réduction des dépenses publiques ne seront pas les dernières de l’année. Pour Emmanuel Macron l’effort sera à compléter, et il viserait les dépenses sociales et les collectivités locales. Le gouvernement annoncera ces prochains jours sa stratégie, indiquait-il, tandis que les mesures déjà annoncées traduisent l’austérité. À la réduction des dépenses publiques, 16 milliards d’euros, actée par la loi de finances, s’est ainsi ajouté un gel des crédits de l’État de 10 milliards d’euros sur 2024. Et d’ores et déjà est annoncée une réduction des dépenses publiques à hauteur de 20 milliards d’euros en 2025. Parallèlement, le gouvernement a abaissé, à 1 % du PIB en 2024, sa prévision concernant la croissance. Mais le 12 mars, la Banque de France annonçait, elle, 0,8 % en 2024. Ce même jour, le gouvernement martelait encore qu’en 2024 le déficit public (État, collectivités territoriales, Sécurité sociale) serait à 4,4 % du PIB contre 4,9 % en 2023, cela visant à le ramener sous le seuil de 3 % en 2027, selon la règle du pacte européen de stabilité. Les jours suivants, Bercy concédait que le déficit public de 2023 était plutôt autour de 5,6 %, ce qui interroge encore plus sur le niveau visé en 2024 et donc sur les efforts.
Pour l’OFCE, le risque d’une « spirale d’austérité »
Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a balayé d’un revers de manche toute action sur la fiscalité pour des recettes supplémentaires et osait un nous dépensons trop, parfois pour des personnes qui ne le méritent pas. Le 22 mars, la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a toutefois proposé de réfléchir à une taxation exceptionnelle des superprofits et/ou superdividendes des grandes entreprises. Celles du CAC40 affichaient près de 165 milliards d’euros de profits en 2023. Les dividendes versés aux actionnaires s’élèveront cette année à 72 milliards d’euros. Pour les économistes de l’OFCE, il faut oublier l’objectif de déficit public sous les 3 %, impliquant 70 à 80 milliards d’euros de baisse des dépenses et donc le risque de rentrer dans une spirale d’austérité, avec de gros impacts sur le pouvoir d’achat. À noter que l’Insee prévoit un chômage à 7,6 % au premier et au second trimestre… Contraste, la Cour des comptes estime qu’un déficit public à 3 % en 2027 est peu ambitieux, et prône une baisse de 50 milliards d’euros, au moins, des dépenses publiques d’ici 2027. Et de pointer une trajectoire financière pas assez sévère pour la Sécurité sociale.
La Cour préconise encore notamment une sélectivité dans les dépenses, et de faire des réformes ambitieuses. Telles celles qui depuis ces dernières années, au nom des économies sur la dépense publique, détruisent les droits des travailleurs ? Cela tandis que les entreprises bénéficient, entre autres et sans aucune conditionnalité, de largesses fiscales et d’aides publiques (160 milliards d’euros par an) qui nourrissent la dette. Pour FO, que les travailleurs payent l’austérité, c’est toujours non !