Céline Augès, 49 ans, est assistante de secrétaire fédéral à la FEETS-FO. Handicapée de naissance, elle a longtemps pratiqué la compétition handisport en parallèle d’une carrière dans la Fonction publique. La militante appelle à des actions de sensibilisation dans le monde du travail pour améliorer l’accueil de collègues handicapés. Elle dénonce aussi les difficultés d’accessibilité et de transport qui restent importantes.
Je m’en suis sortie grâce à FO, assure Céline Augès, 49 ans. La militante, qui a grandi en région parisienne, est handicapée de naissance. Née prématurée, elle est atteinte d’une paralysie qui affecte la motricité de ses jambes. J’ai la chance d’avoir la forme la plus légère du handicap car je marche, je ne suis pas en fauteuil, souligne-t-elle.
Elle pratique le sport depuis toute petite, d’abord l’équitation, puis la natation, et prend goût à la compétition. On m’avait dit à sept ans que je n’arriverais pas à nager. Et au final, j’ai été sélectionnée plusieurs fois pour les championnats de France handisport en relais, se félicite Céline, qui a levé le pied il y a neuf ans en raison de la professionnalisation croissante de la discipline.
Après avoir entamé des études de lettres, elle passe avec succès l’examen d’accès aux emplois réservés de la Fonction publique, un dispositif d’intégration de personnes handicapées qui n’existe plus aujourd’hui. Elle entre comme stagiaire à la DDE. Ma première chef était très désagréable, elle me traitait de nulle. Elle avait prolongé ma période de stage. C’était il y a vingt-cinq ans, mais c’est toujours un traumatisme d’y repenser, lâche-t-elle.
La jeune femme contacte alors le syndicat FO, qui l’aide à obtenir sa titularisation. Elle prend sa carte et entre au conseil syndical. J’avais déjà une fibre militante, j’étais adhérente à l’Association des paralysés de France, poursuit-elle. Un camarade lui apprend à rédiger les comptes-rendus de réunions, l’emmène en manif. Il m’a redonné confiance en moi. Il m’a dit, tu vois que tu n’es pas nulle, se remémore-t-elle avec reconnaissance. Selon elle, FO est le syndicat qui défend le mieux les valeurs républicaines. A FO, tout le monde est accepté comme il est, moi je l’ai été avec mon handicap, poursuit-elle.
Le handicap, première cause de discrimination
Céline poursuit sa carrière à la Direction régionale et interdépartementale de l’hébergement et du logement (DRIHL), qui regroupe 500 agents. Durant 12 ans, elle s’occupe des contentieux administratifs en lien avec le Droit au logement opposable (DALO). En 2020, elle réussit le concours de secrétaire administratif de classe supérieure, en catégorie B. J’ai obtenu 16 sur 20 à l’oral, et c’était le concours normal, j’étais contente. Je revendique une vie normale pour tous, handicapé ou non. Je n’aime pas qu’on ait pitié de nous, ajoute-elle.
Depuis deux ans et demi, elle est détachée à la fédération FEETS-FO. Assistante du secrétaire fédéral Laurent Janvier, elle est notamment chargée de rédiger les comptes-rendus de réunions. En raison de mon handicap, je suis lente, mais il ne s’énerve pas. Il faut sensibiliser les managers et les collègues pour un meilleur accueil de la personne handicapée sur le lieu de travail, poursuit-elle.
Le handicap reste la première cause de discrimination en France, dans le travail, mais aussi les transports ou l’accessibilité. Je n’aime pas quand un lieu n’est pas accessible, car ça me renvoie mon handicap à la figure. Il faut se mobiliser pour parler de ces questions. Aujourd’hui, je fais une carrière qui me plait, ce qui n’était pas gagné, avec juste le bac en poche. Il faut encore se battre pour faire titulariser des personnes handicapées, il y a beaucoup de refus. Les personnes ont les compétences, mais il n’y a pas d’adaptation du poste, regrette la militante.
En parallèle de son nouvel emploi, Céline a gardé sa casquette de présidente du comité d’action sociale de la DRIHL et apprécie de mener de front cette double activité. Dans ce cadre, elle a lancé l’an dernier une action de sensibilisation au handisport avec le champion de rugby-fauteuil Ryadh Sallem, qui a organisé des petits matches entre les agents.
Celle qui a été bénévole aux jeux paralympiques de Paris 2024 fait le parallèle entre le syndicalisme et le sport : Dans le sport, qu’on perde ou qu’on gagne, il faut continuer à aller s’entraîner tous les jours. Dans le syndicalisme c’est pareil, il ne faut rien lâcher.