A l’appel de FO, quelque 200 salariés ont manifesté, jeudi 14 décembre, devant l’un des sièges du groupe Casino à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), pour exiger de réelles garanties sur l’emploi. Au lendemain d’une rencontre avec le CIRI (Comité interministériel de restructuration industrielle), qui a encore confirmé la mise en vente de la totalité des supermarchés et hypermarchés Casino, le premier syndicat du groupe maintient la pression. Le SNTA-FO Casino et la FGTA-FO ont obtenu un rendez-vous à Matignon le 19 décembre.
Alors que le calendrier de la restructuration du groupe Casino s’accélère, que le risque d’un démantèlement est avéré avec la mise en vente de la totalité des magasins sous enseigne Casino, FO maintient la pression au plus haut, pour défendre les intérêts des 500 00 salariés au total concernés en France, en comptant les filiales Monoprix, Franprix, Cdiscount et Naturalia. Mardi 14 décembre, à l’appel du SNTA-FO Casino, première organisation syndicale du groupe (avec 41% de représentativité) et de la FGTA-FO, quelque 200 salariés et militants se sont mobilisés et ont convergé vers l’un des sièges de Casino, situé à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), pour dire leur refus du démantèlement et exiger de réelles garanties sur l’emploi. Toute la matinée, ils ont clamé leur détermination à les obtenir.
Marée de chasubles, de casquettes et drapeaux rouge FO… La manifestation devant le siège n’est pas passée inaperçue, accompagnée par les coups de klaxon de soutien récurrents des automobilistes circulant quai Jules Guesde.
FO reçue à Matignon le 19 décembre
Ainsi que l’a réaffirmé Nathalie Devienne, secrétaire générale du SNTA-FO Casino, lors de la conférence de presse organisée devant le siège, c’est non au dépeçage du groupe intégré !. L’implosion annoncée de Casino va faire exploser tout l’environnement du commerce. Nous continuerons à nous battre pour défendre l’emploi dans les négociations, a martelé la militante. Les financiers ne regardent que les comptes. Mais sans salarié, il n’y a pas de magasin ! Ils doivent être les premiers à être pris en compte dans la restructuration, et nous ferons tout pour qu’ils le soient, a renchéri Angélique Bruneau, secrétaire générale adjointe de la FGTA-FO. La fédération était venue en force, représentée par son secrétaire général Laurent Rescanières, ainsi que la quasi-totalité des secrétaires fédéraux.
Laurent Rescanières a confirmé que la FGTA-FO et le SNTA-FO seraient reçus le 19 décembre à Matignon par les conseillers économiques de la Première ministre et du Président de la République. Nous frappons à toutes les portes, pour que la pression soit mise sur les repreneurs. Ils ne considèrent la restructuration que comme une affaire économique. Nous exigeons l’ouverture de négociations sur de véritables clauses sociales, qui garantissent les droits de tous les salariés et sanctuarisent des moyens pour les accompagner dans cette restructuration, a expliqué le militant.
Des méthodes de bandit !
La FGTA-FO dénonce le manque de loyauté et le silence des repreneurs, lesquels s’étaient engagés en juillet à préserver les sièges et un noyau dur de magasins. Depuis l’annonce de la restructuration de la dette du groupe Casino (6,4 milliards d’euros fin 2022), la fédération est à la manœuvre pour défendre les intérêts des salariés. Si elle a rencontré à plusieurs reprises en juillet les représentants du trio de repreneurs (le milliardaire tchèque Daniel Kretinski, le Français Marc Ladreit de Lacharrière et le fonds britannique Attestor, qui prendront le contrôle du groupe à l’horizon de mars-avril 2024), et si elle a maintenu les contacts depuis lors, ces derniers rendez-vous ont été peu fructueux. Les représentants des repreneurs n’ont cherché qu’à gagner du temps, constatait le militant.
C’est par la presse, fin novembre, que les salariés ont appris que 52 hypermarchés et 352 supermarchés sous enseigne Casino (dont soixante franchisés), étaient mis en vente, en raison d’une nouvelle dégradation de la situation financière. Il a fallu la mobilisation – à l’initiative de FO et de l’ensemble des syndicats – le 5 décembre, rassemblant de plus d’un millier de salariés inquiets pour leur avenir, pour qu’une réunion soit organisée le 7 décembre entre l’intersyndicale, les membres de la direction actuelle de Casino et le consortium de repreneurs, et que l’information soit confirmée. Jusqu’à cette réunion du 7 décembre, il n’y a eu aucune information de la direction aux représentants du personnel. Et encore, nous n’avons pas appris grand-chose de plus. L’essentiel était dans la presse, a expliqué Alexandre Depart, délégué syndical central FO de DCF (Distribution Casino France).
Et il a encore fallu attendre le 12 décembre pour qu’une information soit faite au CSE central de Casino, dans le cadre d’une présentation de la procédure dite de sauvegarde accélérée (sous laquelle le groupe est placé depuis le 25 octobre, et jusqu’au 25 février 2024, NDLR) par les représentants des repreneurs. Cela traduit un manque total de respect, et de considération, des représentants du personnel. Ce sont des méthodes de bandit !, a dénoncé Rachel Barrion, secrétaire confédérale FO, également présente ce mercredi.
Des milliers d’emplois menacés
La fin possible de l’intégrité du distributeur stéphanois menace des milliers d’emplois. C’est l’effet domino. Quel sera l’avenir des bases logistiques et des sièges ? Entre les magasins sous enseigne Casino, la filiale logistique Easydis et les sièges, plus de 30 000 emplois au total sont possiblement menacés, rappelait Mohamed Benmahioul, délégué syndical central adjoint DCF. Les déclarations du ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, présent lors de la réunion la veille (mercredi 13 décembre) entre l’intersyndicale et le CIRI (comité interministériel de restructuration industrielle), n’ont pas rassuré. Dire que le gouvernement sera attentif à ce que le maximum d’emplois soient préservés dans les offres de reprise, ce n’est pas suffisant !, appuyait le militant.
Le SNTA-FO Casino et la FGTA-FO étudient toutes les pistes possibles pour instaurer un rapport de force favorable à leurs revendications. FO et l’ensemble des organisations syndicales ont lancé un nouvel appel à manifester dimanche 17 décembre, à Saint-Etienne (Loire), berceau du groupe de distribution vieux de 125 ans. Le calendrier s’accélère. Deux jours plus tard, soit le 19 décembre, l’actuelle direction de Casino et le consortium de repreneurs doivent présenter, en interne, les offres à la reprise de tout ou partie du groupe de 50 000 salariés (lequel compte, au total, 67 hypermarchés et 441 supermarchés). Les offres retenues seront connues le 11 janvier 2024.