Les salariés de la Banque Populaire Méditerranée étaient en grève le 17 septembre dernier. C’est le deuxième mouvement de grève en trois ans. Alors que leur pouvoir d’achat recule, ils revendiquent une revalorisation salariale et dénoncent la dégradation de leurs conditions de travail. Ils comptent bien se faire entendre d’une direction qui, pour l’instant hélas, fait la sourde oreille.
De Marseille à Avignon, de Perpignan à la Corse, plusieurs bureaux de la Banque Populaire Méditerranée (BPMED) étaient fermés le 17 septembre. En grève, les salariés ont exigé une hausse de leurs rémunérations et l’amélioration de leurs conditions de travail. Ces revendications ne sont pas nouvelles, mais il y a une absence totale de dialogue social, explique Frédéric Moll, délégué syndical FO à la BPMED. Depuis que nous avons déposé notre préavis, la direction ne nous a même pas reçus. Une semaine avant la grève, elle mettait en avant la qualité du dialogue, c’est complètement faux, dénonce Sylvain Legras, délégué syndical. On est face à un mur.
Les salariés soulignent le recul de leur pouvoir d’achat, et leur colère vient de loin, constatent les élus FO. Lors du dernier CSE, aucun engagement n’a été pris concernant des augmentations salariales et/ou une prime exceptionnelle, alors que les dirigeants s’octroient des hausses de 15%. Les négociations salariales locales ont été largement insuffisantes et l’accord signé uniquement par un syndicat minoritaire tandis que l’intéressement a chuté de 20 %, explique le syndicat dans un communiqué de presse.
Nous n’avons pas obtenu d’augmentation salariale il y a deux ans et seulement 0,5% en 2023. En plus, la prime de partage de la valeur, à hauteur de 1 800 €, a été supprimée. Et l’intéressement a diminué de 20 % !, énumère Frédéric Moll. Or, rappellent les organisations formant l’intersyndicale, le groupe se porte bien, comme le montrent les résultats obtenus ces dernières années (+60 M€ en 2021, 68 M€ en 2022 et 64,5 M€ en 2023). Et le groupe a récemment fait l’acquisition de la SGEF, filiale de la Société Générale.
Des restructurations en cascade
Les conditions de travail sont également au cœur du mal-être des agents, constatent les élus FO. Suppressions de postes, fermetures d’agences et externalisations se multiplient. En 2016, lors de la fusion entre la Banque populaire provençale et Corse et la Banque populaire Côte d’Azur, la BPMED comptait 2 500 salariés. Aujourd’hui nous sommes moins de 2 000 souligne le militant, notant que depuis deux ans, les ruptures conventionnelles et les départs pour inaptitudes augmentent à vue d’œil.
À cela s’ajoutent des restructurations en cascade. Ils ne disent pas que les agences ferment mais qu’elles sont regroupées. Ce qui revient au même, grince Frédéric Moll. Ce qui implique parfois, pour les salariés, de devoir être mobiles pour se rendre à la nouvelle affectation. Or, le territoire que nous couvrons est très large, et avec une offre de transport en commun limitée. Et l’essence a un coût. Cette diminution du nombre d’agences a un impact sur l’évolution des carrières des professionnels, souligne le militant. Et sans compter aussi que cela augmente la charge de travail des agents, ajoute Sylvain Legras. Une personne fait le travail de deux salariés, voire trois, ce n’est plus tenable.
Une direction sourde aux revendications
La colère des salariés est alimentée aussi par le manque de considération de la direction. Ainsi, depuis trois ans, FO BPMED, avec d’autres syndicats, tente en vain d’ouvrir un dialogue avec une direction absente et déconnectée. Le syndicat dénonce un mépris constant. Or souligne Frédéric Moll, les salariés ne comprennent pas la position de la direction.
Cependant, la sirène d’alarme a sonné déjà plusieurs fois. Et le 17 septembre est la deuxième grève en trois ans au sein du groupe, la première date du 22 septembre 2022. Deux grèves en trois ans, c’est inédit dans la banque qui est un secteur difficilement mobilisable, constate Sylvain Legras. En 2022, le taux de grévistes était supérieur à 30 %. Mardi dernier, il était autour de 20 % mais nous manquons de chiffres consolidés, indique Frédéric Foll précisant que cela reste un taux important. Ainsi à Marseille, devant la Banque Populaire Méditerranée, ils étaient une cinquantaine de salariés mobilisés. Au siège d’Avignon, ils étaient 60 sur 80 salariés. Et environ 70 à Nice, complète Sylvain Legras.
La direction aurait-elle enfin entendu la colère ? Le 1er octobre devrait se tenir une réunion de négociation entre la direction et les syndicats, dont FO. Une chose est sûre, les salariés attendent beaucoup de ce rendez-vous, appuie Frédéric Moll. Si les propositions ne sont pas à la hauteur, nous pourrions remobiliser, avertit le délégué FO.