Sous la pression, les salariés des usines qui fournissent les multinationales du prêt-à-porter ont repris le travail, sans avoir pleinement obtenu gain de cause.
Malgré la reprise du travail dans les usines textiles du Bangladesh, le retour au calme n’est que superficiel. Après trois semaines d’une grève massive et violente ayant mobilisé des dizaines de milliers d’ouvriers, aucune sortie de crise satisfaisante n’a été trouvée. Si les principaux syndicats ont appelé à la reprise du travail, c’est avant tout en raison du poids économique de la grève sur le revenu des travailleurs (quelque quatre millions de salariés dans le secteur) et de la répression très brutale du mouvement par la police bangladeshie. Leur revendication n’a en revanche pas changé, soit un salaire minimal mensuel à 23 000 takas – 200 euros – contre 8 300 takas (70 euros) actuellement.
Nécessité d’un devoir de vigilance des géants du textile
Alors que les ouvriers des usines textiles, qui fournissent de grandes enseignes multinationales européennes et américaines telles que H&M, Primark, Levi’s et Zara, s’enfoncent dans une pauvreté confinant à la misère, ce salaire minimum n’a pas évolué depuis cinq ans. Sans compter que l’inflation, conjuguée à la dévaluation du taka, n’a fait qu’aggraver la situation. Trois semaines d’actions, notamment des blocages d’usines par les ouvriers en colère, n’auront donc eu qu’un impact limité : le comité du salaire minimum du secteur textile, mis sur pied par le gouvernement, sans que les syndicats n’y siègent, a décidé de porter ce salaire à 12 500 takas (104 euros), bien en dessous des besoins des ouvriers. À noter que l’industrie textile pèse pour 85 % dans le montant total des exportations (55 milliards de dollars) du Bangladesh.
Lors de la répression du mouvement, quatre ouvriers sont morts et cent quarante ont été arrêtés, dont plusieurs dirigeants syndicaux. Ce dossier est très préoccupant, souligne Branislav Rugani, secrétaire confédéral du secteur international de FO, qui rappelle la responsabilité que doivent avoir les multinationales. Dix ans après l’effondrement de l’immeuble Rana Plaza, qui avait tué plus de 1 100 salariés, il est temps que la directive européenne sur le devoir de vigilance voie le jour, insiste-t-il.
Les multinationales donneuses d’ordre auraient alors l’obligation de se préoccuper de la décence des conditions de travail des salariés, de leur santé et de leur sécurité.