Les salariés de l’entreprise de technologie médicale B. Braun, qui compte 1 400 salariés sur cinq sites en France, se sont mis en grève pour obtenir une juste part de la valeur qu’ils créent chaque jour.
Depuis des années, on ne dit rien, mais cette fois-ci on ne lâchera pas ! Tel est l’état d’esprit au sein des équipes de B. Braun, résume le délégué FO Christophe Gaborit. L’entreprise allemande, implantée sur cinq sites en France pour un total de 1 400 salariés, fabrique du matériel médical de pointe. Mais fin septembre, durant deux matinées de suite, la production de chambres implantables et de filtres à veine cave s’est arrêtée à Chasseneuil-du-Poitou (Vienne), où la grève a été très suivie. Plusieurs autres sites, dont ceux de Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques) et Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir), ont ensuite organisé un débrayage de plusieurs heures début octobre.
Objectif de l’intersyndicale à laquelle participe FO : accentuer la pression sur la direction de B. Braun France, en vue d’une nouvelle réunion début novembre dans le cadre des NAO. Celles-ci ne sont pas parties du bon pied en septembre : La direction nous a fait tout un discours comme quoi elle allait nous donner du pouvoir d’achat, pour finalement nous expliquer que le treizième mois serait versé en douze fois, raconte Christophe Gaborit. La mensualisation de cette prime ne relevant bien sûr pas de la hausse de salaires, les salariés en colère ont listé leurs demandes pour faire face à l’inflation : 5% d’augmentation générale, le versement de la prime de partage de la valeur (PPV) et la souscription de plans d’épargne retraite PERCOL, où l’employeur verse des sommes complémentaires à celles épargnées par le salarié.
25 millions d’euros de bénéfice
La direction s’est dite disposée à accorder 4% d’augmentation générale aux salariés les moins payés, mais seulement 3% de hausse générale et 1% d’augmentations individuelles pour les autres travailleurs. On leur a dit : hors de question, assène Christophe Gaborit. On se bat depuis des années pour n’avoir que des augmentations générales et pas d’individuelles, qui ne concernent qu’environ une personne sur cinq. L’année dernière, la direction avait déjà pris la décision de supprimer les chèques emploi service universel pour les salariés, provoquant un tollé.
En 2022, le groupe B. Braun a enregistré 25 millions d’euros de bénéfices en France. De quoi justifier, s’il le faut, la motivation salariés à demander une juste rétribution de leur travail. Les salariés des sites de Saint-Jean-de-Luz et de Chasseneuil-du-Poitou ne s’étaient pourtant pas mis en grève depuis près de quinze ans. À Chasseneuil, où travaille Christophe Gaborit, l’impression d’injustice est d’autant plus forte que le site est particulièrement rentable pour le groupe B. Braun. Les primes d’intéressement et de participation sont depuis des années versées à l’échelle du groupe et non du site, explique le délégué FO. En termes de chiffre d’affaires, on rattrape souvent les difficultés des autres, pour finalement être moins rétribués.
Une nouvelle grève en cas d’échec des NAO du 6 novembre
Si la direction campe sur ses positions à la réunion du 6 novembre, une nouvelle grève est donc à prévoir, prévient Christophe Gaborit, dans un contexte où le dialogue social s’est dégradé sur plusieurs années. C’est de pire en pire, témoigne le délégué. Beaucoup de choses ont changé chez B. Braun : les avertissements tombent très facilement. Le lien social s’est, lui aussi, effrité. Avant, on voyait la directrice aux soirées d’entreprise, à l’arbre de Noël, etc. Aujourd’hui, les gens font leur boulot, débauchent le soir, et c’est tout. On était soi-disant une entreprise familiale, mais plus personne ne la voit comme ça.