Aux États-Unis, l’essor syndical dans l’automobile

Le principal syndicat du secteur vient de remporter une victoire historique chez un constructeur étranger du sud du pays, d’ordinaire réticent à l’implantation de syndicats.

Il aura fallu trois essais pour que la digue cède enfin. Pour la première fois, le syndicat United Auto Workers (UAW), syndicat des travailleurs du secteur de la construction automobile, l’une des plus grosses organisations syndicales des États-Unis, a remporté une victoire dans une usine étrangère du sud du pays. Après deux revers, en 2014 et en 2019, l’UAW fait son entrée sur le site de Volkswagen à Chattanooga (Tennessee), recueillant les suffrages de 73 % des salariés.

« Les travailleurs de Volkswagen viennent d’entrer dans l’Histoire ! », a twitté le syndicat. Car cette victoire s’inscrit pour lui dans une stratégie de conquête syndicale dans les usines appartenant à des marques étrangères, principalement installées dans les États du Sud, traditionnellement rétifs à l’implantation syndicale. Jusqu’à présent, l’UAW peinait à obtenir le droit d’y représenter les salariés. Cinq gouverneurs de la région ont d’ailleurs publié une lettre ouverte arguant que la syndicalisation mettrait en péril l’économie et l’emploi.

Effet domino espéré

Après les accords obtenus au terme de six semaines de grève sur les sites de General Motors, Ford et Stellantis (les « Big 3 »), le spectre de ce prétendu danger semble rencontrer moins d’écho qu’auparavant. L’UAW avait en effet négocié une augmentation moyenne de salaire de 25 % sur quatre ans. Le syndicat a en outre bénéficié d’un large soutien du président Joe Biden – une situation surprenante pour des yeux français mais qui s’inscrit dans un contexte spécifique, dans un pays où le combat pour la création de syndicats est bien souvent semé d’embûches.

« Maintenant que ce syndicat existe et fonctionne, une vraie histoire commence sur le long terme, on peut s’en féliciter », estime Branislav Rugani, secrétaire confédéral du secteur international. L’UAW espère pour sa part que cette victoire enclenchera un effet domino dans d’autres usines du Sud où des élections similaires sont à venir, comme sur le site de Mercedes-Benz à Vance (Alabama) à la mi-mai. Un potentiel tournant pour cette région qui, comme l’explique l’économiste Stephen Silvia auprès de l’AFP, avait jusqu’alors « misé sur un modèle de bas salaires et d’expression minimale des travailleurs ».

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