Automobile : quand le made in China nuit aux emplois en France


Relancer l’économie notamment en relocalisant des productions industrielles sur le territoire… Tel est l’objectif déclaré du gouvernement depuis la crise. Dans les faits, c’est plus compliqué. Ainsi cet été, le made in China dans la production et le commerce a montré tout son poids.

En Corse, pour renouveler en partie sa flotte, le loueur de véhicules Hertz a opté pour des véhicules plus propres que les traditionnels thermiques, mais cela en achetant 500 SUV électriques de la nouvelle marque chinoise Airways. Les marques traditionnelles, européennes et notamment françaises, ne disposaient pas assez de volumes en voiture électriques, explique le loueur.

Cette opération corso-chinoise très médiatisée constitue une sorte de gifle pour les constructeurs français, et européens, tous à la peine depuis la crise sanitaire. En août, la vente de voitures neuves aux particuliers par les constructeurs français affichait ainsi un recul de plus de 13% sur un an. Pour PSA, il s’agissait d’un recul de plus de 8%, et pour Renault de près de 20%.

Par cette arrivée estivale en Corse, la start-up chinoise Airways, créée en 2017, s’offre une vitrine en Europe explique son représentant en France, sous-entendu afin de décrocher d’autres marchés. Pour Hertz, l’achat de ces voitures électriques chinoises (qui avant d’être livrées ont effectué un périple bien carboné à travers la planète) est une bonne affaire puisque les SUV électriques étaient au même prix que les mêmes modèles thermiques indique la direction de Hertz sur l’île.

Aides de l’État : barreront-elles la route aux délocalisations ?

Autre exemple inquiétant pour la production française et ses emplois, la décision annoncée cet été par Renault de faire construire en Chine son prochain petit SUV électrique Dacia Spring, lequel vise cependant le marché européen. Certes ce SUV, premier électrique chez Dacia, aura toutes les caractéristiques d’un véhicule propre indiquait la fédération FO Métaux pointant toutefois l’empreinte carbone désastreuse qu’induirait la fabrication de ce véhicule low cost en Chine. Il faudra en effet livrer ces SUV jusqu’en Europe, et par les moyens de transports qui n’ont rien d’écologiques. Cela hypothèquerait largement sa raison d’être de véhicule propre souligne la fédération insistant : il serait inconcevable et irresponsable de le fabriquer ailleurs qu’en France.

Au souci écologique s’ajoute bien sûr celui de la protection des emplois en France. FO Métaux rappelle la décision de l’exécutif, dans le cadre du plan de relance, d’une baisse des impôts de production (20 milliards d’euros) en 2021 et 2022 pour les entreprises. Par ailleurs, souligne encore FO, dans le cadre de la crise, Renault a obtenu en mai un prêt de 5 milliards d’euros garanti par l’État (PGE). Cela devrait amener le constructeur à abandonner sa politique de délocalisation de la production pour le SUV Dacia. Si tel n’était pas le cas, en s’obstinant dans cette stratégie et tout en bénéficiant d’aides publiques Renault se rendrait coupable de désindustrialisation du territoire, et en l’autorisant, l’État serait responsable martèle la fédération. Et d’indiquer qu’elle n’acceptera pas que Renault et l’État ne saisissent pas l’opportunité de localiser la fabrication d’un nouveau véhicule en France.


Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly

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