Le groupe italien leader mondial de services de restauration de voyage (autoroutes, gares, aéroports…) et implanté dans une trentaine de pays, a annoncé fin novembre un vaste plan de restructuration à l’échelon européen. La France est impactée par un PSE supprimant 117 postes. Alors que la société n’a pas eu recours au dispositif APLD, FO pointe l’étonnante précipitation à engager un tel plan. Une fois de plus, la crise aurait bon dos.
C’est lors de la tenue d’un comité de groupe européen, le 22 novembre dernier, qu’Isabelle Alamarguy, déléguée syndicale FO chez Autogrill-France a appris l’intention du groupe d’effectuer une restructuration en Europe, en France notamment. Jusque-là, nous n’avions aucune information, et à nos questions, la direction répondait qu’il n’y aurait pas de PSE en France !
indique la militante.
Le lendemain, 23 novembre, lors d’un CSE, la direction annonce officiellement qu’il y aura un PSE en France. Le plan est détaillé le 1er décembre lors de la première réunion d’information/consultation. Il se traduirait par 117 suppressions de postes en France. Nommé par le CSE, un expert doit rendre son avis d’ici la fin février. Nous avons déjà des éléments pour contester l’ampleur de ce plan
appuiela déléguée FO soulignant qu’il est hors de question
de laisser la direction agir tel qu’elle le veut, c’est-à-dire à la va-vite.
Pour Isabelle Alamarguy ainsi que pour la FGTA-FO qui soutient les salariés d’Autogrill, la décision de ce PSE est si hâtive que cela nourrit les interrogations. Certes, par la crise Covid, l’activité du groupe est ralentie depuis mars dernier. Elle a diminué de 50% en 2020
note la déléguée. Pour autant, le nombre de postes supprimés nous surprend
.
Il faut étendre le volontariat
Certains sites seraient particulièrement impactés comme Reims où 25% des postes seraient supprimés. Sur une vingtaine de sites, ce sont un à trois postes qui disparaîtraient… Quant au siège de Marseille, il est particulièrement visé avec la programmation d’une suppression de 26 postes. Le syndicat FO, comme d’autres dans le groupe, demandent que le volontariat
soit étendu sur tous les sites concernés par ce plan
. Isabelle Alarmarguy souligne que beaucoup de collaborateurs ont 20 ou 30 ans d’ancienneté et peuvent prétendre à la pré-retraite
. Cette réduction des effectifs va conduire par ailleurs à des charges de travail trop importantes
pour les salariés restants note la déléguée.
Dans sa communication Autogrill (60 000 collaborateurs dans le monde) indique employer en France 3000 salariés en moyenne
. Pour la militante, tout dépend comment est fait le calcul et à quelle période de l’année ! Mais aussi cela dépend du périmètre retenu
. Autogrill-France compte en effet plusieurs entités filiales. Par ailleurs, l’entreprise emploie de nombreux contrats précaires lors de ses surcroits d’activités. Alors que les media évoquent un effectif de 1700 salariés, pour Isabelle Alarmarguy, l’effectif de base se situerait plutôt autour de 1300 salariés. C’est l’effectif que nous prenons en compte pour nos œuvres sociales
explique-t-elle.
L’an dernier, le bénéfice du groupe a été multiplié par trois
L’ampleur de ce plan et la volonté que semble montrer la Direction à l’engager plus que rapidement, laisse à penser que c’était déjà dans les tuyaux
s’inquiète la FGTA-FO.
Le secrétaire fédéral, Nabil Azzouz interroge ainsi : pourquoi Autogrill se précipite dans la mise en place d’un plan de restructuration avec des départs contraints sur une période où le salaire est pris en charge intégralement par l’État ? Pour rappel, des aides peuvent perdurer sur 2 ans en mettant en place le dispositif de l’APLD
.
Si de nombreux salariés ont été mis en chômage partiel depuis la crise, explique Isabelle Alamarguy, la direction n’a toutefois pas cherché à mettre en place l’APLD. Quant à la situation économique d’Autogrill, dont l’actionnaire majoritaire est la famille Benetton via une holding, elle est loin d’être désastreuse.
En effet, le groupe qui emploie 60 000 salariés dans le monde est coté en bourse depuis 1997 et se vante dans sa communication de réaliser un chiffre d’affaire de 4,7 milliards d’euros. L’an dernier, le bénéfice du groupe a été multiplié par trois
constate la déléguée FO. Le bénéfice net en 2019 se situerait à plus de 200 millions d’euros. Le chiffre d’affaires de la filiale Autogrill-France, était quant à lui de 149,57 millions d’euros en 2018.
La bataille ne fait que commencer
pour la défense des salariés assure la militante.
Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly