Communiqué de FO Métaux
Après des mois d’incertitude et d’inquiétude, la mise en vente d’Aubert & Duval a été officialisée par sa maison-mère, le groupe Eramet, ce 2 décembre, assortie d’un plan de départs volontaires qui concernera 462 postes. FO Métaux dénonce une manœuvre inacceptable pour les salariés, qui ont déjà consenti à de nombreux efforts pour redresser l’entreprise, et pointe le risque de voir les savoir-faire et compétences de cette entreprise hautement stratégique pour l’industrie de défense française passer sous pavillon étranger.
En juillet déjà, dans le cadre de sa revue stratégique, Eramet avait fait savoir que la cession de sa division Alliages haute performance, constituée d’Aubert & Duval et d’Erasteel, était envisagée pour cause de rentabilité insuffisante. Aux coûteux retards de livraisons qui ont suivi la révélation, fin 2018, de défauts du contrôle qualité, était venue s’ajouter la crise brutale touchant l’aéronautique (qui représente 70 % de son chiffre d’affaires, devant la défense et l’énergie). Déjà à ce moment, notre organisation avait fait connaître sa crainte, qui est aussi celle des salariés, d’une mainmise étrangère sur ce fleuron français. Elle avait été rejointe sur cette position le 30 octobre dernier par plusieurs députés qui avaient cosigné une lettre au ministre de l’Economie titrée : « Les activités d’Aubert & Duval en font une entreprise hautement stratégique pour notre base industrielle et technologique de défense ».
Si la crise sanitaire a pesé sur la situation, certaines implantations ayant connu jusqu’à 40 % d’activité partielle ces derniers mois, et qu’il n’y a pour le moment pas de PSE ou de procédure de surveillance en vue mais une restructuration des effectifs
sur l’ensemble des douze sites qui pourrait passer par des départs en retraite, des ruptures conventionnelles collectives ou des mobilités, les métallos FO ne sont pas dupes : il s’agit de rendre à l’entreprise son attractivité pour ensuite mieux s’en débarrasser, le tout aux frais des salariés ! Les premiers départs, qui toucheraient essentiellement Pamiers (Ariège) et Les Ancizes (Puy-de-Dôme) pourraient intervenir dès le premier semestre 2021.
Alors qu’il est impossible d’assembler nos sous-marins nucléaires ou nos Rafale sans l’aide des aciers spéciaux de haute-qualité d’Aubert & Duval, FO Métaux demande à l’État d’intervenir pour empêcher la vente de cette entreprise stratégique, ou au moins peser pour que soit trouvée une solution française au dossier, comme le laisse entrevoir l’intérêt exprimé par Safran. Pour autant, Aubert & Duval n’échapperait pas à une restructuration. L’entreprise a besoin d’investissements pour se mettre au niveau, en particulier au niveau des process qualité, mais elle doit également effectuer une profonde réorganisation industrielle pour gagner en efficacité, notamment par la poursuite de sa transformation digitale.
FO Métaux demande également, afin que les salariés ne soient pas les « sacrifiés » des erreurs stratégiques et opérationnelles des dirigeants d’Aubert & Duval et du Groupe Eramet, la mise en place d’une véritable négociation avec des moyens suffisants pour un accompagnement social à la hauteur des enjeux.
Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly