Au sein de Lapeyre, un PSE qui ne dit pas son nom

Alors que la fermeture de sept magasins est prévue en 2024, FO se bat pour qu’un plan social économique soit décidé chez Lapeyre. Mais la direction reste butée. Les effectifs ont chuté de 500 travailleurs depuis 20 ans, et sur le seul mois de mars 2024, on a compté vingt-et-un départs.

Les mots ont été plusieurs fois répétés par la direction, cette année sera « charnière » pour Lapeyre. Mais les décisions vont déjà dans le même sens, celui de la fermeture des magasins. À Paris, où l’on comptait cinq boutiques, il n’en reste désormais plus que deux, souligne Mohamed Ben Ahmed, délégué syndical central. Celui de Lecourbe a fermé en décembre dernier, suivi de ceux situés place de Clichy et dans les Halles. Et la capitale n’est pas la seule touchée : Des fermetures sont également prévues à Colmar, Mulhouse, le Prado et Gennevilliers pour l’hiver 2024, ajoute Jérôme Garrec, délégué FO.

Au sein de l’entreprise d’ameublement et de matériel pour la maison, se déroule donc un plan social qui ne dit pas son nom. Entre temps, les effectifs magasins ont diminué de 250 salariés et de 500 au niveau du groupe Lapeyre, avec à la clé, des conditions de travail qui se dégradent et qui ont un impact sur la santé des salariés. Et pour couronner le tout, la direction de Lapeyre a annoncé qu’il n’y aura pas d’augmentation de salaire pour 2024, pointe la FEC-FO dans un communiqué.

La direction refuse le PSE

La direction refuse d’ouvrir un PSE, fustigent les délégués. À Colmar et à Mulhouse par exemple, elle a proposé de garder deux salariés en 100 % télétravail pour le moment, afin d’éviter de licencier dix personnes et donc d’être obligé de faire un PSE, explique Jérôme Garrec.

Les salariés sont poussés plus ou moins brutalement vers la sortie, via des ruptures conventionnelles ou des licenciements pour insuffisance. On a eu le cas d’un collègue cadre avec 20 ans d’expérience dans la boite qui a été licencié il y a peu pour ce motif. Malgré nos propositions d’ouvrir un PSE, la direction reste butée sur ses positions, regrette Mohamed Ben Ahmed. Si un PSE a été effectué il y a peu à l’occasion de la fermeture du call center de l’entreprise, pour la direction, il n’est pas question d’en ouvrir un pour les magasins. Pourtant, pour le seul mois de mars 2024, il y a eu 21 sorties des effectifs.

Un débrayage le 18 avril

Ce chiffre inquiétant a été présenté aux organisations syndicales le 18 avril, à l’occasion d’un comité social et économique. Durant la matinée, plusieurs collègues ont débrayé à nos côtés pour montrer leur opposition à ces décisions, relate Jérôme Garrec. Et avec les NAO qui n’ont abouti à aucune augmentation, la fin des primes et le management qui devient agressif, les travailleurs sont à bout.

Certains souhaitent un durcissement du mouvement, mais en même temps, ils ont besoin de travailler. Et la direction tient un discours de chantage, en disant que s’ils ne font pas d’efforts maintenant, ils risquent de se retrouver sans travail. Les gens sont donc tiraillés, observe son collègue. Mais ils n’écartent pas l’organisation d’une mobilisation selon comment évoluera la situation.

On avance à l’aveugle

L’entreprise fait face à des difficultés. Le bricolage ça ne marche pas, ni en 2023, ni en 2024, observe Jérôme Garrec. Ajoutez à cette baisse du chiffre d’affaires les loyers des locaux qui sont importants à Paris. A défaut de gagner de l’argent, la direction choisit d’arrêter d’en perdre en fermant les boutiques. Elle nous déclare que ces décisions auraient dû être prises depuis longtemps. Depuis longtemps, ce qui veut dire pour la direction avant la vente de Lapeyre, qui appartenait au groupe Saint-Gobain, au fonds d’investissement allemand Mutares en 2021. Pour inciter au rachat de la filiale dont il ne voulait plus, Saint-Gobain a laissé dans les caisses de Lapeyre 243 millions d’euros de trésorerie. Assez pour que l’on puisse survivre quelques mois ou années, afin que Saint-Gobain soit loin quand Lapeyre sera vraiment en difficultés, grince Mohamed Ben Ahmed.

Pour les militants FO, le combat commence mais à l’aveugle. On n’a aucun calendrier, on ne connaît rien des intentions de la direction… Mais l’on répondra toujours présent pour faire valoir les droits et les intérêts des travailleurs, préviennent les deux militants.

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