Au sein de Delpharm, déjà deux mois de mobilisation pour les salaires

Alors que les salariés attendaient beaucoup des NAO, après une année exceptionnelle au plan des résultats de l’entreprise qui fabrique des médicaments à Reims, la direction n’a proposé que des mesures insuffisantes. Après 5 jours de grève, le mouvement a évolué vers des débrayages, la détermination demeure intacte.

Deux mois après le début du mouvement de protestation au sein de l’entreprise, la détermination à obtenir gain de cause est toujours là. Sur le site rémois du groupe pharmaceutique Delpharm, l’heure est ainsi plus que jamais aux revendications. Retour sur la problématique salariale et sur un été lourd en rebondissements…

Débutées au mois de juin, les négociations annuelles obligatoires (NAO) sont au point mort. À la suite de la 3e réunion, le 5 juillet, la direction ne nous a proposé que 2,1% d’augmentation, estimant que c’était tout ce qu’elle pouvait faire, grince Karl, délégué syndical FO au sein de Delpharm. Et ce alors que l’on a fait une année record en termes de résultats, et avec 5 millions d’euros de dividendes versés aux actionnaires. Pour arriver à ces résultats, les salariés ont fourni des efforts et un investissement conséquent, notamment avec plusieurs samedis travaillés !

Face au mépris salarial de la direction, l’intersyndicale a décidé une mobilisation. Action à l’initiative de FO. Pendant cinq jours, près de cent-cinquante personnes participeront au mouvement, cent-soixante-quinze lors du pic de la mobilisation, détaille le militant. C’est une grève importante dans un site peu habitué aux mobilisations. Depuis trois ans, nous essayons de faire essaimer la culture syndicale. L’année dernière, il y a eu quatre débrayages.

La revendication de 3,4 % d’augmentation et d’une prime de 1 000 euros

Alors que tient la grève, les organisations syndicales sont reçues par la direction qui fait alors du chantage quant à la tenue de la 4e et dernière réunion des NAO, censée se tenir le 11 juillet.

Au début du mouvement, FO revendiquait notamment une mesure générale sur les salaires, soit une hausse de 4%, ainsi que des mesures individuelles, à hauteur de +2%. A cela s’ajoutaient d’autres demandes comme la revalorisation des chèques vacances ou de la prime de nuit. Nous avons fait le chemin pour chercher un compromis, souligne Karl. Aujourd’hui, nous exigeons 3,4 % d’augmentation et 1 000 euros de prime de partage de la valeur (PPV). Sachant que nous avons déjà obtenu 2,1 % d’augmentation et 350 euros de PPV.

Mais la direction qui tient toujours sa position de refus va jusqu’à faire du chantage et stigmatiser les personnes mobilisées. Malgré cela, le mouvement tient bon.

Le 18 juillet, un protocole de sortie de crise est proposé, avant de tomber dans l’oubli. Nous avons organisé alors un système de débrayage, avec 4 quatre débrayages d’une heure trente par jour, détaille le militant. Dans ce contexte, la direction rencontre une nouvelle fois les syndicats et propose une PPV de 290 euros brut par personne. Toujours pas à la hauteur estime FO avec les salariés. C’est insuffisant par rapport à l’investissement professionnel et dans le mouvement. D’autant que nous savions déjà que nous n’obtiendrions pas le paiement des jours de grève, c’est une ligne rouge pour la direction de Delpharm, précise le représentant FO.

Un débrayage ciblé pour continuer le mouvement

Pour continuer la mobilisation, et par des débrayages, dès le 2 septembre, la décision est prise de se concentrer sur un service précis de l’entreprise. C’est un service très investi dans le mouvement, et qui impacte tous les autres, explique le délégué syndical. Nous avons donc monté une caisse de grève pour les 16 personnes concernées. S’il n’y a que 16 personnes qui débrayent, il y a surtout 250 personnes qui les soutiennent La mobilisation s’ancre donc sur le temps long.

Si les revendications sont avant tout salariales, les personnes protestent aussi contre le mépris de la direction, qui a laissé la situation pourrir et ne propose que des miettes en réponse à l’investissement des salariés.

Si les syndicats ont essayé de trouver des compromis, la direction n’a pas du tout pris le chemin du dialogue et du compromis, faisant comme un blocage idéologique.

Alors que la DRH du groupe Delpharm France est sur le site depuis plus d’une semaine, les réunions se suivent et la colère des salariés se fait toujours entendre. Les professionnels ne sont pas du tout satisfaits de ce que propose la direction. On demande donc la réouverture des négociations sur des mesures exceptionnelles.

Face à l’impact de l’action collective sur la chaîne de production, la direction a ressorti son protocole de sortie de crise. Je ne sais pas ce que feront les autres organisations, mais moi je ne le signerai pas, tranche Karl. La mobilisation est surtout née de FO et nous tiendrons nos positions. Si l’on arrête maintenant, comment remobiliser les salariés dans le futur ?

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