Il faut cesser la stigmatisation populiste des chômeurs, ont lancé au gouvernement les secrétaires généraux des cinq centrales syndicales, dont FO, dans une tribune publiée le 18 mars dans Le Monde. Depuis plusieurs semaines en effet, l’exécutif, et en particulier le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, multiplie les annonces en faveur d’une nouvelle réforme de l’Assurance chômage. L’une des pistes serait de baisser encore la durée d’indemnisation des demandeurs d’emploi, déjà réduite de 25 % l’an dernier, et particulièrement pour les 55 ans et plus. Les leaders syndicaux demandent au gouvernement de renoncer à cette réforme budgétaire qui rognera à nouveau les droits à l’Assurance chômage et supprimera l’ASS.
Quatre réformes ont déjà été mises en place sous l’impulsion de l’exécutif depuis 2017. Elles ont engendré une baisse du montant moyen des allocations de 17 % par rapport à 2019 et de 25 % de la durée d’indemnisation. Désormais, seuls 36 % des inscrits à France Travail sont indemnisés. Or, selon les leaders syndicaux, l’impact positif des réductions successives de droits à l’Assurance chômage sur le marché de l’emploi n’est pas prouvé. Au contraire, les études montrent que les chômeurs sont contraints d’accepter des emplois plus précaires et que l’insertion n’est pas durable.
Le paritarisme en péril
Le paritarisme de gestion de l’Assurance chômage est également en péril. Le gouvernement, qui brandit la menace de reprendre en main le régime, n’a toujours pas agréé l’accord Unédic trouvé en novembre dernier par les interlocuteurs sociaux, malgré une lettre de cadrage particulièrement contraignante. Il a prolongé les règles actuelles dans l’attente des résultats de la négociation interprofessionnelle toujours en cours sur l’emploi des seniors. L’exécutif a également décidé unilatéralement de ponctionner l’Unédic à hauteur de 12 milliards d’euros sur la période 2023-2026, par moindre compensation des exonérations sur les cotisations.
Le secrétaire général de FO, Frédéric Souillot, est déterminé à défendre le paritarisme. Nous ne laisserons pas faire, a-t-il prévenu le 20 mars en conférence de presse. À chaque crise, l’État a besoin d’argent et se tourne vers les réserves, là où il y a une bonne gestion, a-t-il regretté.