L ’objectif du gouvernement d’atteindre le plein emploi en 2027, avec un taux de chômage autour de 5 %, semble un mirage. Malgré les dures réformes imposées ces derniers mois, le nombre de demandeurs d’emploi repart à la hausse, lentement mais sûrement. Le taux de chômage au sens du BIT a atteint 7,5 % au quatrième trimestre 2023 (+ 0,4 point en un an), selon les données publiées le 13 février par l’Insee. Et les experts ne sont guère optimistes pour l’avenir. La Banque de France prévoit un taux de chômage de 7,8 % en 2025. L’OFCE anticipe de son côté un retournement de la courbe du chômage avec un taux de 7,9 % fin 2024.
En parallèle, les faillites d’entreprises se multiplient. La Banque de France en a dénombré 55 492 en 2023 (+ 34,4 % en un an), principalement dans les secteurs du commerce et du bâtiment, mais des entreprises de toute taille sont touchées.
Unédic : 12 milliards d’euros en moins en quatre ans
Malgré cette mauvaise conjoncture, l’exécutif a décidé en quelque sorte d’une ponction (par moindre compensation des exonérations sur les cotisations) de 12 milliards d’euros dans les caisses de l’Assurance chômage entre 2023 et 2026. Objectif : financer France Travail. L’Unédic, qui a présenté ses résultats financiers le 20 février, a été contrainte de revoir ses prévisions à la baisse, et souligne que le désendettement du régime sera nettement freiné. L’organisme paritaire table désormais sur 1,6 milliard d’euros d’excédents en 2023 (contre 3,6 milliards prévus), 1,1 milliard en 2024 (contre 3,8 milliards prévus) et 3 milliards en 2025 (contre 6,5 milliards attendus).
Dans ce contexte, Michel Beaugas, secrétaire confédéral FO chargé de l’emploi, redoute la perte définitive du paritarisme en matière d’Assurance chômage. Lors de sa déclaration de politique générale, le Premier ministre nous a menacés d’une nouvelle lettre de cadrage en cas de dérive financière de l’Assurance chômage. Est-ce qu’un moindre désendettement et de moindres recettes pour l’Unédic par sa faute seraient une dérive financière ?, s’interroge-t-il. Il craint dans ce cas qu’un accord avec le patronat sur des règles encore plus strictes d’Assurance chômage soit impossible à trouver. FO n’ira pas négocier une nouvelle perte de droits juste pour avoir un accord, prévient-il.