Un mois et demi après l’arrivée au pouvoir de Javier Milei, la population descend dans la rue à l’appel des centrales syndicales.
L’Argentine n’est pas à vendre ! Le 24 janvier, cette nation d’Amérique latine a décrété la grève générale contre la politique de son nouveau président, Javier Milei, entré en fonction le 10 décembre. En quarante ans de démocratie, c’est la première fois qu’un dirigeant argentin s’attire un tel mouvement de colère un mois et demi seulement après son arrivée au pouvoir. En cause, un méga-décret et une avalanche de projets de loi ayant pour but de déréguler l’économie, d’instaurer l’austérité dans le secteur public, de limiter la protection des travailleurs et de criminaliser la contestation sociale.
À l’unisson des voix argentines qui s’élevaient ce jour-là, des manifestations ont eu lieu à Paris devant l’ambassade d’Argentine et dans de nombreux autres pays du monde. Nous avons été sollicités par les syndicats locaux pour soutenir leur mouvement, explique Branislav Rugani, secrétaire confédéral au secteur international de FO. La solidarité internationale est dans l’ADN du syndicalisme français, notamment de Force Ouvrière.
Les droits de grève et de manifestation menacés
Face au péril ultralibéral, les trois centrales syndicales du pays – CGT-RA, CTA-T et CTA-A – sont unies dans l’action. Elles s’alarment notamment des mesures antisociales à venir : extension de la période d’essai des salariés de trois à huit mois, baisse des indemnisations pour licenciement, entraves au droit de grève, etc. Le droit de manifester est également menacé : la pratique des piquetes – blocages de la circulation routière – pourrait être punie d’une suspension des allocations.
Les syndicats usent donc de tous les moyens à leur disposition pour limiter la casse. Une dizaine de recours ont d’ores et déjà été déposés devant la justice. Le 3 janvier, cette dernière a suspendu les mesures du méga-décret concernant le droit du travail, assénant un premier revers au gouvernement. Alors que ses réformes doivent être examinées au Parlement, où il ne dispose pas de la majorité, l’exécutif a annoncé le 26 janvier faire marche arrière sur le volet fiscal de ses projets de loi.