Durant dix jours, des salariés FO de l’entreprise d’Isor, entreprise prestataire chargée du nettoyage des machines d’ArcelorMittal à Fos-sur-Mer dans les Bouches-du-Rhône, se sont mobilisés pour leurs salaires. Avec leur syndicat et le soutien des salariés, militants FO, du site de l’aciériste, ces « travailleurs de la deuxième ligne » ont obtenu gain de cause.
Ce fut une grève marquée par une vraie solidarité ! indique, ému, Abdoulaye Sall, délégué central FO chez Isor (où FO est majoritaire). Le 5 novembre, 23 salariés de l’entreprise de propreté Isor travaillant sur le site ArcelorMittal de Fos-sur-Mer dans les Bouches-du-Rhône ont débrayé et installé un piquet de grève devant l’entrée du site de l’aciériste. Ces agents de nettoyage de l’entreprise prestataire se sont mobilisés durant dix jours pour leurs salaires. Tous ont leur carte à FO qui est le syndicat majoritaire dans la boîte indique le DSC FO d’Isor.
La principale revendication salariale portait sur la revalorisation des échelons les plus bas de la grille. On parle de professionnels dont le salaire n’a pas augmenté depuis près de 7 ans ! précise Abdoulaye Sall. Les salariés en grève revendiquaient également un 13e mois payé à 100%. Dans les accords entre Isor et le site ArcelorMittal de Fos, le 13e mois est payé cette année à 70 % (de son montant total, Ndlr) et doit atteindre 100 % de son montant en 2025. Les salariés exigeaient que cet accord soit inscrit dans leur contrat. Cela pour qu’ils soient protégés au cas où l’activité de nettoyage du site soit reprise un jour par une autre entreprise.
Solidarité entre les syndicats FO
Les salariés ont obtenu gain de cause. Ainsi, ce qui concerne vingt-huit d’entre eux, a été décrochée une mesure collective de revalorisation des bas échelons. A été actée aussi la notification dans les contrats de travail d’un 13e mois payé à 100 %. Pour d’autres salariés non-concernés par ces revalorisations du bas de la grille, un rendez-vous était fixé fin novembre afin d’évoquer les augmentations individuelles. Autre victoire et pas des moindres : la retenue de seulement la moitié des jours de grève, soit 5 journées de travail, sera échelonnée sur plusieurs mois. Cette victoire multiforme des salariés d’Isor – ce qui a permis à ces travailleurs de la deuxième ligne de « sortir de l’invisibilité » – doit tout à leur ténacité. Cela face à une entreprise qui se porte bien, martèle Abdoulaye Sall. Elle a raflé les appels d’offres pour le nettoyage du musée d’Orsay et celui des Basic Fit de toute l’Île-de-France ! Isor a aussi racheté deux agences parisiennes avec 1 000 salariés, ce n’est pas rien !
Durant ces dix jours de mobilisation, avec la présence de 5h à 18h devant le site des salariés en grève, ces derniers ont pu aussi apprécier la solidarité d’autres salariés indique Abdoulaye Sall. Ceux travaillant à l’usine ArcelorMittal sont en effet venus les soutenir, tout comme ceux employés dans des entreprises voisines. On a été très soutenu par le syndicat de FO d’ArcelorMittal. Ces camarades ont évoqué auprès de leur direction le risque de danger imminent pour eux, puisque le ménage des machines n’était pas fait. De fait, après leurs alertes, la direction d’Isor, sous la pression de son client, est revenue vers nous pour nous faire ses propositions.
Les conditions de travail sur un site Seveso
On a beaucoup parlé des travailleurs invisibles durant le Covid, puis on nous a oubliés. Cependant, notre travail de nettoyage demeure plus que nécessaire. La preuve avec le risque de danger imminent évoqué par les salariés d’ArcelorMittal !, indique le militant. L’action de ces camarades a ainsi souligné la reconnaissance nécessaire d’un travail qui n’est pas toujours valorisé à la hauteur de son utilité. La grève a permis aussi de rappeler les conditions de travail spécifiques à un site classé Seveso, c’est-à-dire un site qui produit ou stocke des substances pouvant être dangereuses pour l’homme et l’environnement, et présente donc des risques d’accidents majeurs. Les travailleurs d’Isor sont par exemple exposés aux gaz et aux poussières de minerais, précise le militant. Tous doivent avoir leur équipement de protection individuel pour des tâches qui peuvent être physiques. Ce n’est pas de tout repos de nettoyer la graisse des machines. Surtout qu’il y en a beaucoup ! D’ailleurs, la plupart des salariés ont dû suivre une formation spécifique.