Quelque 225 emplois supprimés sur 730, telle est l’ampleur du plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) annoncé en juillet chez Saunier Duval à Nantes. Un véritable coup de massue pour les salariés de ce producteur de chaudières et pompes à chaleur. C’est vrai qu’il y a une baisse des commandes, reconnaît Bruno Hatton, secrétaire général adjoint départemental de la fédération FO Métaux. Dans la presse, la direction a évoqué une chute brutale de 40 % à l’été 2023. L’an dernier, dès octobre, des mesures de chômage partiel avaient été mises en place. Certes, mais… La direction, qui a annoncé ce PSE au cœur de l’été, explique aussi qu’une reprise pourrait avoir lieu d’ici à fin 2025. Alors pourquoi envisager de licencier maintenant ? poursuit le militant.
Depuis l’ouverture des négociations du PSE le 6 septembre dernier, le syndicat FO de Saunier Duval bataille pour qu’il n’y ait ni licenciement ni départ contraint. Un rassemblement a été organisé à l’entrée de l’usine le 9 septembre afin d’informer l’ensemble des salariés. Les syndicats ont par ailleurs alerté la préfecture de Loire-Atlantique et les élus locaux.
La crainte d’une délocalisation
Ce qui interpelle singulièrement dans ce cadre de diminution annoncée de l’emploi, c’est aussi le caractère paradoxal de la situation… En effet, en avril dernier, le ministère de l’Économie annonçait un plan pour faire émerger de nouvelles usines de production de pompes à chaleur en France, avec l’objectif de créer 47 000 emplois. Ce plan prévoit également des aides à l’installation de pompes à chaleur produites en France mais aussi en Europe. À Nantes, on craint une future délocalisation. Et pour cause : Saunier Duval possède également une usine en Allemagne, et une en Slovaquie, où les coûts de production sont inférieurs à ceux de la France, observe Bruno Hatton.
Créée en 1907, l’entreprise a installé son usine en plein cœur de Nantes en 1964. Au plus fort de son développement, Saunier Duval employait 1 200 salariés à la fin des années soixante. Tombé à moins de 500 en 2012, l’effectif était remonté à 900 salariés en 2023 (dont 750 à la production). Entre-temps, le site sera passé entre les mains de plusieurs groupes (le français Saint-Gobain, le britannique Hepworth, puis l’allemand Vaillant). Numéro un mondial des chaudières à gaz en 2011, Saunier Duval a également fabriqué des panneaux solaires et s’est lancé depuis dix ans dans la production de pompes à chaleur. Jusqu’à atteindre une capacité de 120 000 unités par an.