Alinéa : près de 1000 emplois sur le carreau


Liquidation totale ou reprise partielle ? Dans le meilleur des cas, seuls 11 des 26 magasins de l’enseigne d’ameublement Alinéa et quelque 900 emplois sur 1861 seraient sauvés. Le tribunal de commerce de Marseille examinait ce lundi 31 août l’offre de reprise mise sur la table par les actuels actionnaires (qui reprendraient neuf magasins) et celle de l’enseigne Gifi qui en reprendrait deux autres. Le jugement a été mis en délibéré jusqu’au 14 septembre.

La direction de l’enseigne d’ameublement et de décoration intérieure Alinéa invoque les manifestations des gilets jaunes, les grèves contre la réforme des retraites et la crise sanitaire pour expliquer les difficultés. En réalité, Alinéa cumule les pertes depuis plusieurs années du fait d’une mauvaise gestion, dénonce le syndicat FO, qui rappelle que les organisations syndicales ont régulièrement tiré la sonnette d’alarme, notamment au sein du CCE, faisant y compris remonter à la direction les remarques des clients face à des prix trop élevés.

La crise sanitaire a donc porté le coup de grâce à l’enseigne. Sa direction a alors mis à profit l’ordonnance du 20 mai qui, jusqu’à la fin de l’année, permet à des dirigeants d’entreprise ayant déposé le bilan de racheter leur propre entreprise, une fois celle-ci délestée de ses dettes dans le cadre de redressement judiciaire, avec pour seule condition d’être « en mesure d’assurer le maintien d’emplois. »

Effet d’aubaine

Résultat : l’actuel directeur général d’Alinéa, Alexis Mulliez, (qui détient 15% du capital) et l’Association familiale Mulliez (AFM) qui détient le reste (en plus d’une myriade d’autres sociétés, comme Auchan, Leroy-Merlin, Boulanger, Electro Dépôt…) proposent de racheter l’enseigne en ne gardant que 9 de ses 26 magasins et 865 emplois sur 1861. En clair, près de mille emplois passent à la trappe. Pour le syndicat FO, l’effet d’aubaine ne fait pas de doute : la direction « a saisi l’occasion de se débarrasser de ses dettes » et de repartir de zéro avec un effectif réduit.

Les organisations syndicales et la direction d’Alinéa ont négocié vendredi 28 août une enveloppe de dix millions d’euros destinée à financer les indemnités de licenciement. Cet accord reste désormais suspendu à la décision du tribunal de commerce de Marseille (le siège de l’enseigne se situant à Aubagne, en banlieue de la cité phocéenne) qui a examiné l’offre de la famille Mulliez ce lundi 31 août. Le jugement, en délibéré, sera rendu le 14 septembre prochain. La justice doit également se prononcer sur l’offre de Gifi, une enseigne concurrente, qui ne reprendrait, elle, que deux magasins. Affaire à suivre …


Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly

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