A l’appel de l’Union régionale Ile-de-France FO, les militants ont manifesté dans la capitale, de la place d’Italie à la place de la Commune. Ce retour à un défilé propre à FO sur ses revendications prend tout son sens alors que les atteintes contre les acquis sociaux, les libertés et droits syndicaux se multiplient.
« Augmentation des salaires et des retraites ! » … Impossible de manquer la large banderole blanche de l’Union régionale Ile-de-France FO (Urif-FO) dans le cortège parisien, parti ce mercredi 1er Mai à 14h30 de la Place d’Italie à Paris pour rejoindre la Place de la Commune, véritable symbole. En cette journée internationale des travailleurs, les militants FO d’Ile-de-France se sont mobilisés pour réaffirmer les positions et revendications de l’organisation.
Retour à un défilé, à un parcours propre à FO (après la parenthèse de mobilisations unitaires 2023 justifiées par la réforme des retraites), des mots d’ordre appelant à une hausse générale des salaires dans le privé et le public, à la poursuite du combat sur les retraites, à l’engagement de toujours pour la paix… les fondamentaux FO ont été portés haut, et fort.
Un 1er mai des libertés et de la paix
A la satisfaction des militants. « Il est important de porter nos positions pour essayer d’être une digue face aux multiples attaques de l’exécutif. Quand FO défile de son côté, elle n’est pas seule. Elle est pertinente », commentait Jean-Luc Bernard, secrétaire général du syndicat national des musiciens et du monde de la musique FO (SN3M-FO) dans le brouhaha du cortège. Ce mercredi, les militants de la région parisienne avaient répondu à l’appel de l’Urif-FO à se mobiliser « contre la politique de l’exécutif qui s’en prend aux salariés et à leurs droits dans tous les domaines », et pour un 1er Mai « des libertés et de la paix ».
Aux militants venus, pour certains en famille, se mêlaient les responsables d’une bonne dizaine de fédérations (FO Com, FO Pharma, FEC-FO, FEETS-FO, FGF-FO, FGTA-FO, FNEC-FP FO, Un1té, FASAP FO…), les secrétaires généraux des Unions départementales d’Ile-de-France, ainsi que des secrétaires confédéraux – Patricia Drevon, Michel Beaugas, Karen Gournay et Cyrille Lama.
Hommage à Léon Jouhaux
Fondamental toujours et également, l’hommage rendu devant le « Mur des Fédérés », ces combattants de la Commune de Paris, fusillés en 1871, au cimetière du Père-Lachaise, qui a ouvert la matinée. Une tradition depuis 1998 a expliqué Gabriel Gaudy, secrétaire général de l’Urif FO et de l’UD 75, lequel a rappelé l’attachement de l’organisation à ce qui fut un tournant dans l’histoire syndicale. Dans l’expression de l’exigence de mieux-être social, le refus de l’exploitation, les droits construits, l’action collective.
Il y a 26 ans en arrière lors de la reconstruction de l’UD 75, nous étions déjà au « Mur des Fédérés ». C’était un symbole que d’y manifester, démontrant que nos engagements s’inscrivaient dans les revendications des Communards. Il ne faut pas oublier que l’essentiel de ce que nous connaissons aujourd’hui, dans la gestion des communes mais aussi pour les salariés – avec les conventions collectives, les statuts, les dispositions liées au service public -, la Commune de 1871 en avait jeté les bases, a-t-il rappelé, dénonçant aussitôt les reculs d’aujourd’hui sous les attaques en règle poussées par l’exécutif . Des attaques contre le Code du travail, le droit de grève, les statuts et conventions collectives, les services publics, la Sécurité sociale…
Accompagné de Patricia Drevon, secrétaire confédérale FO à l’organisation, le secrétaire général de l’Urif-FO a ensuite déposé une gerbe de fleurs rouge et rose sur la tombe de Léon Jouhaux, dirigeant historique de FO et prix Nobel de la paix en 1951. Une filiation qui fonde l’engagement FO de toujours pour la paix, pour l’arrêt immédiat des conflits dans le monde, pour des cessez-le-feu permanents. Comme cela a été exigé, pour la bande de Gaza et l’Ukraine, dans la quasi-totalité des interventions et discours qui ont émaillé ce 1er mai à Paris. Les mots de Léon Jouhaux – « Pour le pain, la paix et la liberté » – ont été rappelés à de multiples reprises. Toujours nous constatons que ce sont les travailleurs qui paient le lourd tribut, a martelé Gabriel Gaudy.
Le pain, c’est le salaire, le fondement de notre lutte
Loin d’une simple journée de commémoration, ce 1er mai 2024 se sera révélé aussi résolument combatif. A l’issue du cortège, sur l’estrade placée au centre de la Place de la Commune entre les stands de restauration montés par FO, la parole a été donnée aux militants. Clément Poullet, secrétaire général de la FNEC-FP FO, a rappelé les dégâts des « contre-réformes » à l’Education nationale et les semaines de mobilisation contre le « choc des savoirs », réforme annoncée par Gabriel Attal (dont la principale mesure prévoit la mise en place de groupes de niveau au collège à la rentrée de septembre prochain, NDLR). Il a rappelé que FO en exige le retrait.
Autre prise de parole, celle de Thomas, cheminot de l’UR FO Paris Nord, qui a mis l’accent sur la bataille pour le pain. Le pain, c’est le salaire, le fondement de notre lutte, a lancé le militant, rappelant qu’avec la privatisation du service public du rail en cours et les JO, les cheminots subissent sans cesse une dégradation des conditions de travail. Depuis la réforme de 2018 (qui a entériné la disparition du statut de cheminot pour les nouvelles embauches, NDLR), il n’y a pas un seul service qui n’ait subi une réorganisation ou des suppressions de postes, a-t-il souligné. Dans ce contexte, la « proposition d’une prime de 50 euros bruts par jour » par la SNCF, pour compenser la surcharge de travail attendue pendant les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, ne passe pas. Nous revendiquons des augmentations générales de salaire pérennes, une amélioration des conditions de travail et le statut pour tous les cheminots, expliquait-il en aparté, se déclarant prêt à la bagarre et à la grève.
Préparez les cahiers de revendications à tous les niveaux
Des propos écoutés avec attention par Grégory Joron, secrétaire général d’Un1té (ex-SGP Unité Police-FO). La veille, le 30 avril, après avoir obtenu la publication des arrêtés entérinant diverses indemnités et primes promises de longue date aux policiers, le militant avait suspendu son appel à une mobilisation devant Bercy. Pour autant, il ne cachait pas ses inquiétudes pour l’après-JO. On sait déjà qu’il y aura une dégradation des conditions de travail, en raison des milliards d’économie budgétaires annoncés. Même la sécurité est devenue une variable budgétaire, constatait-il.
Comme il n’y a pas de trêve des confiseurs, il n’y a pas de trêve olympique !, réaffirmait, de son côté sur l’estrade, Patricia Drevon, après avoir dénoncé les va-t-en-guerre du social, y intégrant ceux qui prennent prétexte des JO (…) pour nous demander de mettre nos droits entre parenthèses. Y intégrant également les pouvoirs publics qui multiplient les fronts. Qu’ils imposent ainsi le retour d’une politique d’austérité « sans complexe », au détriment de l’école, de la santé, des services publics de proximité. Qu’ils accentuent aussi la recherche d’économies sur les dépenses sociales. Qu’ils fassent le coup de force sur l’assurance-chômage, au prix de nouvelles règles d’indemnisation « encore plus dures pour les travailleurs privés d’emploi ». Qu’ils multiplient les ponctions dans les caisses du paritarisme. Et tout cela, sans même parler des attaques attendues contre le Code du travail et la négociation collective, au prétexte d’une simplification de la vie des entreprises, ou des « propositions » de réforme de la Fonction publique en remettant en cause les catégories A, B, C et en imposant le salaire au mérite…
Pour conclure, la secrétaire confédérale n’a eu qu’un mot à l’adresse des militants : Préparez les cahiers de revendications à tous les niveaux , a-t-elle demandé. Pour les salaires, l’emploi, la protection sociale, les services publics et la Fonction publique, les conventions collectives et les statuts.