Après la journée de grève du 13 novembre, FO et deux autres syndicats de Météo France ont déposé un préavis de grève, courant jusqu’au 7 janvier. Ils protestent contre la nouvelle organisation du travail avec en toile de fond l’automatisation des prévisions. Avec en toile de fond aussi le manque d’effectifs, l’ensemble conduisant au mal-être des professionnels.
L’avis de tempête sociale se poursuit à Météo France. Après la journée de grève du 13 novembre, la mobilisation ne faiblit pas. Le 27 novembre, l’intersyndicale à laquelle participe FO a déposé un préavis de grève pour la période du 4 décembre au 7 janvier. Il n’y pas d’appel à la grève au niveau national mais les professionnels s’organisent au niveau local, explique Jérôme Lartisant, secrétaire général du syndicat FO de Météo France, le SNITM-FO. Par exemple, le 14 décembre, les prévisionnistes de la direction interrégionale du sud-est ont mené une action de grève. Une autre action est évoquée durant le mois de décembre. Chacun s’organise et se mobilise à son échelle.
Voilà plus d’un mois que les professionnels se mobilisent contre la mise en place d’une nouvelle organisation du travail, qui passe notamment par une automatisation des prévisions. Le programme intitulé « 3P », pour « programme prévision production » a été mis en place le 13 novembre. Pour les organisations syndicales, cela aura des impacts concrets sur l’information donnée au grand public et pour la sécurité des personnes et des biens. Ainsi, les données de prévisions automatiques (qui seront dorénavant les seules accessibles sur les applications grand public) pourraient être incohérentes avec la vigilance qui, elle, intégrera l’expertise des prévisionnistes, précisent-elle dans leur communiqué commun.
Petite illustration des effets de cette automatisation, pointait FO Météo France sur son compte twitter : l’application de l’établissement public prévoyait 28 degrés à Strasbourg au début du mois de décembre. Une sale nouvelle pour le marché de Noël… Illustration des errements de cette chaîne de prévision non aboutie mais déclarée opérationnelle quand même faute de prévisionnistes pour continuer à faire le job, constate le syndicat.
Sous-effectifs, mal-être et perte de sens
Pour les professionnels, cette mobilisation est aussi l’expression d’un mal-être profond, exacerbé par l’arrivée de ce programme 3P. En premier lieu, la baisse drastique des effectifs impacte leur charge de travail quotidienne. Alors que Météo France comptait 3 400 équivalents temps plein en 2012, ils n’étaient plus que 2 500 en 2022. Rien que sur les cinq dernières années, 500 équivalents temps plein ont disparu. Depuis 2008, 30 % des salariés sont partis sans être remplacés. Dans les rapports, les chiffres se succèdent, montrant le délitement des effectifs au sein de l’établissement public.
Dans ce contexte, la mise en place du programme 3P a d’autant plus bouleversé l’organisation du travail des prévisionnistes. Il n’y a pas eu de formation sur les nouveaux outils, explique Jérôme Lartisant. Face à un système imparfait, ils ont des doutes sur les données transmises et prennent plus de temps pour assurer une expertise humaine. L’automatisation, qui avait pour objectif de simplifier et accélérer le temps de travail, a l’effet inverse. Les professionnels travaillent encore plus et dans un contexte plus compliqué pour eux.
Le militant pointe aussi la perte de sens dans le travail que les prévisionnistes ressentent. Leur conscience professionnelle est abîmée : ils ont le sentiment d’être fautifs et culpabilisent de la mauvaise qualité de la production. Des sentiments difficiles à gérer et d’autant plus pour les personnels qui affichent de l’ancienneté. Nombreux. Dans l’établissement, la moyenne d’âge tourne autour de 52 ans. Le changement brutal de méthode du travail a souvent été très mal vécu. Les personnes avec expérience et qui ont la volonté de faire les prévisions de meilleure qualité possible se retrouvent face à des injonctions contradictoires.
Des discussions en cours avec la direction
Pour défendre leurs conditions de travail, mais aussi la qualité de leurs prévisions, les agents de Météo France ont donc lancé une mobilisation de longue haleine, durant plus d’un mois. Par ailleurs, des réflexions sont en cours au sein de l’intersyndicale, portant sur l’éventualité d’une action au le début de l’année 2024. En parallèle, des discussions sont engagées entre la direction de Météo France et les représentants syndicaux. La direction travaille sur un plan d’accompagnement avec les syndicats, explique Jérôme Lartisant.
Les organisations syndicales ont également alerté leur ministre de tutelle, Christophe Béchu en charge de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. La lettre sera envoyée la semaine du 20 décembre, précise le militant. Nous revendiquons des effectifs plus importants mais aussi de redonner des perspectives aux agents. Il faut redonner du sens à l’ensemble des métiers de Météo France.