Une délégation menée par le secrétaire général de FO, Frédéric Souillot, a été reçue à Matignon le 30 septembre par le Premier ministre, Michel Barnier, et la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet. La confédération a fait entendre les revendications qu’elle porte de longue date. FO exige notamment l’abrogation de la réforme des retraites, adoptée au forceps il y a dix-huit mois, sans débat et malgré une mobilisation historique à l’appel des syndicats. La délégation a proposé des pistes au gouvernement pour favoriser l’emploi des seniors et ainsi soutenir notre système de retraite.
Concernant l’Assurance chômage, un nouveau projet de réforme destructrice de droits avait été suspendu au soir du premier tour des élections législatives. Les règles actuelles ont été prolongées jusqu’au 31 octobre 2024 pour assurer la poursuite de l’indemnisation des demandeurs d’emploi. FO exige l’agrément de la convention signée en novembre dernier par les interlocuteurs sociaux.
Le pouvoir d’achat reste l’une des principales préoccupations de la confédération, qui revendique une augmentation du Smic à 80 % du salaire médian.
Elle exige également le retour de l’échelle mobile des salaires ainsi que l’augmentation des salaires, point d’indice, pensions et minima sociaux.
FO appelle aussi à conditionner les diverses aides publiques aux entreprises, qui sont actuellement versées sans contrôle ni contreparties. Ce n’est pas aux travailleurs de payer la facture de la politique de l’offre menée depuis des années, a redit Frédéric Souillot au Premier ministre.
Relance d’une négociation sur la réforme du chômage
La confédération exige la mise en place d’une réelle politique de l’emploi, sociale et juste, avec le contrat en CDI comme norme. FO souhaite notamment lutter contre les contrats courts et le temps partiel subi, qui contribuent à la précarité salariale.
Autre revendication portée par FO, de meilleurs moyens et des créations d’emplois à la hauteur des besoins pour l’ensemble des services publics, et notamment à l’hôpital et dans l’Éducation nationale.
Le Premier ministre s’est engagé à redonner la place qui est la sienne au paritarisme et à la négociation collective. Nous veillerons à ce que cet engagement ne soit pas que de la communication, a prévenu Frédéric Souillot à l’issue de la rencontre.
Dans son discours de politique générale prononcé le 1er octobre à l’Assemblée nationale, le Premier ministre, Michel Barnier, a effectivement invité les interlocuteurs sociaux à négocier dès les prochaines semaines sur notre système d’indemnisation du chômage, et sur l’emploi des seniors. Reste à voir quelles seront les marges de manœuvre des négociateurs et si les discussions ne seront pas corsetées par des lettres de cadrage trop restrictives.
Sur le sujet brûlant de la réforme des retraites, le chef du gouvernement a appelé à reprendre le dialogue, mais sans préciser de délai et seulement pour réfléchir à des aménagements raisonnables et justes concernant la retraite progressive, l’usure professionnelle ou l’égalité entre les femmes et les hommes face à leur retraite. Il a précisé qu’il était impératif de préserver l’équilibre durable de nos systèmes de retraite par répartition.
En matière de pouvoir d’achat également, gare aux faux-semblants. Michel Barnier a annoncé une revalorisation du Smic de 2 % au 1er novembre, en anticipation du 1er janvier 2025, soit une obole de deux mois mais en rien un coup de pouce.