Serge Legagnoa, secrétaire général de la fédération des employés et cadres FO dont le congrès débute ce matin à Perpignan, fait le point sur l’actualité sociale.
Pour le secrétaire général, Serge Legagnoa, le gouvernement ne lutte pas face la crise avec les bons outils. Photo Michel Clementz
Quel est l’enjeu de ce 54ème congrès qui s’ouvre aujourd’hui à Perpignan ?
Plus que l’approche statutaire propre à un congrès avec la remise des mandats en jeu, il a aussi un caractère exceptionnel puisqu’on fête les 120 ans de l’organisation. Mais surtout, il se déroule dans un contexte de crise. L’essentiel des débats portera là-dessus car nous sommes convaincus que les politiques qui sont appliqués actuellement ne sont pas de nature à nous sortir de cette crise.
Une crise qui frappe toutes les branches professionnelles ?
Il n’y a pas un secteur qui ne soit pas impacté par les conséquences de cette crise. Des secteurs, comme le notariat ou la banque, qui étaient auparavant relativement protégés sur la suppression de postes et les licenciements, le sont aujourd’hui. Cette crise qui est de la responsabilité des ultralibéraux, est une opportunité pour certains de mettre la tête des gens sous l’éteignoir, de faire passer toute une série de dérégulations et au final faire baisser le niveau de vie des salariés. On a une dérive du système français vers le système anglo-saxon avec toutes les conséquences que cela entraîne.
Un des points chauds du congrès concernera la situation dans les organismes sociaux ?
Effectivement, la situation est préoccupante dans les organismes de sécurité sociale. L’application des politiques d’austérité est à double tranchant. Les assurés en sont les victimes avec le déremboursement des médicaments, les fermetures de lits et de centres de soins. Et puis derrière, il y a les conséquences pour les salariés de ces organismes. Ils vivent de plein fouet le principe de faire des économies pour les économies. S’il n’y a pas encore de licenciement, on a une aggravation des conditions de travail avec de la mobilité forcée et une explosion des tâches à effectuer. Ce n’est pas un hasard si on a une multiplication des journées de grève, de pétitions, de mouvements de colère dans les Caf par exemple.
« 20000 embauches nécessaires à Pôle emploi »
A Pôle emploi, la situation est catastrophique avec l’augmentation du chômage et la fusion opérée par le précédent gouvernement de l’Assedic et de l’ANPE. Les agressions verbales ou physiques de salarié se multiplient puisqu’en l’absence de réel accompagnement, les chômeurs sont à bout. En Grande-Bretagne et en Allemagne, le service de l’emploi, c’est une fois et demie les effectifs de Pôle emploi en France. Un rapport de l’Assemblée nationale, qui réunissait des parlementaires de tous bords, concluait à la nécessité vue l’ampleur chômage d’embaucher 20000 personnes supplémentaires.
Mais a-t-on les moyens d’une telle politique en l’état des finances ?
C’est toute la question des choix politiques, notamment en matière de fiscalité. Le gouvernement actuel a été élu sur un programme sans ambiguïté sur les questions de politiques d’austérité. Quand ils étaient dans l’opposition, ils disaient clairement qu’elles étaient contre-productives et qu’elles aggravaient la situation.
« La réforme des retraites est une mesquinerie »
Aujourd’hui au pouvoir, ils appliquent ces politiques d’austérité. Ils sont soumis au dictat de la troïka : banque centrale européenne, fonds monétaire international et commission européenne, alors qu’on lui demande de porter cette volonté des citoyens en 2012 de changement politique.
Vous êtes aussi sévère avec le gouvernement sur la question des retraites ?
Pour nous, il n’y avait pas d’urgence pour cette réforme. Pour trouver 7 milliards d’euros, on n’avait pas besoin d’une loi, une de plus, pour trouver un équilibre financier. On est ici dans la mesquinerie politique car si on ne touche pas au principe des 60 ans, on augmente le nombre de trimestres de cotisations. Ainsi pour la génération 73, ils partiront avec cette réforme à 66 ou 67 ans. Cette approche est machiavélique dans un contexte où 50% des salariés entrant en retraite n’étaient déjà plus sur le marché du travail.
L’Indépendant – Edition du 22 octobre 2013 – Propos recueillis par Julien Marion