En débrayant pendant une semaine, 59 minutes le matin et le soir, les paramédicaux de la clinique NCT+ de Tours ont fait plier la direction. Réorganisation interne, recrutements… Si les avancées restent modestes, la direction sent que le vent va tourner et les salariés ont vu que la mobilisation paye !, indique Delphine Voisin, déléguée syndicale FO. Et la suite du mouvement se prépare : une seconde assemblée générale est prévue après ces vacances d’automne.
Les salariés de la Clinique NCT + St Gatien – Alliance à Tours ont obtenu déjà des avancées après une semaine de mobilisation du 25 au 29 septembre, initiée par Force Ouvrière. Nous dénoncions les cadences infernales imposées aux personnels du bloc opératoire et au service ambulatoire, explique Delphine Voisin. La déléguée syndicale évoque 160 et 180 patients par jour dans les blocs opératoires.
Tous les jours, hors urgences, il y a des patients qui sortaient de salles après 19h30. Forcément, cela impacte le service ambulatoire qui finit en retard. Mais ça impacte aussi la salle de réveil qui finit en retard, tout comme les services de soins qui récupèrent des patients en post-opératoire tard dans la soirée. Toute la chaîne est impactée et nous, on veut bien faire notre travail. Il nous faut un temps nécessaire pour réfléchir, pour bien nettoyer les salles. Lorsque ça va trop vite, on craint pour nous et pour le patient. On risque de faire des erreurs.
Des postes supplémentaires décrochés par la mobilisation
Après avoir envoyé un courrier d’alerte à la direction dès le 22 septembre, une première réunion s’était tenue sur fond de mobilisation. Tous les jours, nous débrayions 59 minutes le matin et 59 minutes le soir, raconte Delphine Voisin. De fait, les salles n’étaient pas préparées le matin et les assemblées générales le soir empêchaient la préparation des opérations du lendemain, contrairement à ce nous faisons d’habitude, la cadence a ralentie !.
Les personnels paramédicaux mobilisés ont obtenu un engagement écrit de la direction. Nous demandions avant tout le respect de la loi, à savoir qu’il y ait une infirmière par salle opératoire et une aide-soignante sur deux salles. La direction a promis la création d’un poste supplémentaire d’aide-soignante en chirurgie, mais aussi l’embauche de deux nouveaux brancardiers affectés au bloc opératoire. Cela implique de la réorganisation interne, mais c’est pour le mieux. Ces embauches de brancardiers vont soulager le travail des infirmières, lesquelles s’occupaient seules de sortir les patients de la salle l’opération. Elles pourront se concentrer sur leurs autres missions, indique la militante.
La fin des sorties tardives du bloc opératoire
Autre promesse de la direction : l’arrêt de sortie (hors urgences) des patients des salles d’opérations après 19h30. Fini les retours de bloc à 21h30, ce qui impacte toute la chaîne de soin et fait terminer les paramédicaux à pas d’heure, se réjouit Delphine Voisin. Les opérations seront aussi concentrées sur les plages horaires où il y a davantage d’infirmières, et non plus basculées après 17h30, alors que nous devons effectuer le travail périphérique du bloc, notamment le nettoyage et la préparation des opérations du lendemain, sur cette plage horaire.
Une astreinte sera également proposée aux infirmières pour la salle de réveil, de 20h30 à 22h30. S’il reste des patients en salle à la fin de la journée, les infirmières d’astreinte seront payées avec une majoration de 200 %. Idem pour celles travaillant dans le secteur ambulatoire s’il reste des patients en fin de journée.
Drôle de coïncidence après cette mobilisation… En l’absence temporaire du chef du bloc opératoire, le poste sera assuré pendant un temps par la directrice de la clinique. Au moins, elle verra comment cela se passe sur le terrain, sourit Delphine Voisin.
La mobilisation continue, et la direction sent que le vent va tourner
Quelle suite donner à cette mobilisation ? Après les vacances de La Toussaint, une grande assemblée générale sera organisée pour que nous puissions nous recentrer et repartir sur nos revendications générales, notamment pour l’amélioration de nos conditions de travail, explique la déléguée syndicale. Si les victoires sont modestes pour l’instant, la direction sent que le vent va tourner et les salariés ont vu que la mobilisation paye !. Une victoire qui se dessine à petits pas, estime Delphine Voisin.
Et par ailleurs ces petits pas ne sont en rien anecdotiques, d’autant au plan syndical et alors qu’approchent les élections professionnelles. Après avoir été décalées, elles auront sûrement lieu début 2024, explique la déléguée syndicale. Or, si FO n’est pas majoritaire au sein de la clinique, la mobilisation qu’elle a montrée dans ce mouvement et qui a déjà contraint la direction à des décisions sera dans tous les esprits, sourit l’infirmière.