Au motif de l’essor des usages numériques, BNP Paribas pourrait supprimer jusqu’à un tiers de ses 1 500 agences d’ici 2030, sans départs contraints. Mais ils le seront chez Moneygram, qui va fermer ses quinze agences fin mai. FO a refusé de signer l’accord PSE, jugé insuffisant.
Les projets de restructuration se multiplient dans le secteur bancaire. Après l’annonce du CCF (ex-HSBC France) en décembre de son intention de supprimer 1 400 postes sur 3 900, et de fermer 84 agences sur 235, voilà que le groupe BNP Paribas pourrait fermer jusqu’à un tiers de ses 1 500 agences, soit environ 500 points de vente, dans le cadre de son plan stratégique 2026-2030. Si les salariés l’ont appris par voie de presse le 20 mars, l’annonce a été officiellement faite une semaine plus tard en comité social et économique central (CSE-C). Ce serait une restructuration sans précédent du réseau retail, souligne Jean-Claude Le Manach, représentant syndical FO, qui pointe le flou entourant le projet.
Chez BNP Paribas, FO pointe le risque de mobilités forcées
La direction ne communique pas le nombre exact de fermetures : elle s’est contentée d’indiquer son objectif de porter à 70 % du réseau la part d’agences comptant au moins cinq salariés. Actuellement, les agences fonctionnent en moyenne avec trois à quatre salariés. Cette restructuration, via le regroupement d’agences, va signer la fin des petites entités isolées, commente le militant.
L’absence de volet RH est également dénoncé. Cette restructuration est annoncée sans départs contraints. Pour la conduire, la direction table sur les départs naturels, dans le cadre du turn-over (6% par an). Dans les régions où le réseau d’agences est le moins dense, FO craint le recours à des mobilités qui pourraient être forcées, précise Jean-Claude Le Manach. Pour les prévenir, le syndicat revendique, avec cinq organisations, un accord-cadre englobant tous les dispositifs de mutations et garantissant une égalité de traitement des salariés.
Chez Moneygram, FO ne signe pas le projet d’accord sur le PSE
Dans le secteur des sociétés financières, la digitalisation des pratiques se fait également au détriment des emplois en agence. La filiale française de Moneygram, spécialiste américain du transfert d’argent, va carrément fermer, d’ici fin mai, ses quinze agences détenues en propre (pour la plupart en Île-de-France), et supprimer la totalité des 76 emplois. Une décision motivée, au-delà de l’adaptation au marché, par les coûts de loyers et de salaires, considérés trop importants. La brutalité de la décision a laissé les salariés en état de sidération, note Sandrine Santos, secrétaire générale du syndicat FO des banques d’Île-de-France, qui a accompagné FO-Moneygram lors des négociations sur les modalités du plan social.
Closes le 11 avril, celles-ci ont été très tendues. Elles resteront marquées par le débrayage, quinze jours durant, des 76 salariés avec le soutien de FO. La direction voulait boucler très vite ce plan social. Elle a ressorti les propositions de celui de 2018 [fermeture de vingt agences avec 89 suppressions d’emplois, NDLR]. Sauf que, depuis, le contexte de l’emploi a changé. Et l’inflation doit être prise en compte, appuie la militante. Jugeant insuffisantes les mesures de reclassement, ainsi que la dernière proposition de prime supra-légale (1,5 mois de salaire par année d’ancienneté), FO a refusé de signer le projet d’accord PSE.