Présente au Salon de l’agriculture, FO a donné de la visibilité à ses revendications via les stands de la FGTA-FO et de FO Agriculture. FO demande des « engagements sociaux » pour les salariés agricoles et une protection des emplois des salariés des entreprises du Cognac.
Après les élections dans les chambres d’agriculture (en janvier dernier), et en amont de celles concernant la MSA qui se tiendront en mai, et tandis que pour l’une comme pour l’autre FO est très impliquée, la visibilité des revendications FO sur le Salon avait cette année une importance particulière, alors que les préoccupations du monde agricole sont nombreuses. Si le mécontentement du patronat, protéiforme, de l’agriculture est médiatisé, celui, doublé d’inquiétudes, des salariés agricoles l’est beaucoup moins. Or, il est fort.
Le 26 février encore, la FGTA-FO organisait sur son stand, une conférence de presse conjointe entre son secrétaire général, Laurent Rescanières et le secrétaire général de FO, Frédéric Souillot. L’occasion de rappeler que, dans le cadre de la crise agricole, FO revendique des engagements sociaux pour les salariés. Car ces salariés agricoles sont les grands oubliés. A part dans la convention collective où on parle de salaire, mais pas des conditions de travail, ni des saisonniers…, ces salariés n’apparaissent nulle part. FO demande donc qu’il y ait des discussions sociales les concernant. Nous avions reçu des garanties le 2 avril 2024, en intersyndicale, de la part de la conseillère sociale du Président de la République. Elle avait confirmé notre présence dans des discussions. Depuis, rien. La ministre du Travail vient de nous a assuré qu’elle allait faire en sorte que l’on puisse discuter à propos de ces salariés indiquait Laurent Rescanières.
Et parlons aussi des aides publiques aux entreprises agricoles, les aides nationales et celles de la PAC, aux montants exorbitant, 9 milliards d’euros. Comment se fait-il que des exploitants agricoles bénéficient de ces aides sans même une conditionnalité alors que le minimum vital pour des salariés n’est pas assuré : de quoi manger et de quoi boire. Face à ces conditions déplorables, l’attentisme est impossible. Il faut qu’il y ait un volet social (emploi, salaire, conditions de travail, formation…) aux aides publiques., et, ajoutait le militant, Le gouvernement doit nous intégrer à toutes les discussions..
La loi agricole (votée fin février, Ndlr) nous convient indiquait de son côté Frédéric Souillot. Nous avons besoin que les exploitations agricoles fonctionnent, qu’elles puissent verser les salaires à la fin du mois. La crise agricole touche aussi les travailleurs agricoles, et les syndicats de salariés sont tout à fait légitimes pour parler des questions relatives à ces travailleurs. Preuve en est : lorsqu’il y a eu l’an dernier les barrages routiers tenus par les exploitants, là où les exploitations étaient fermées, nous avons dû aller demander du chômage partiel, de l’APLD… Quant aux aides publiques, dont les exonérations de cotisations sociales, oui il doit y avoir une conditionnalité. Et par ailleurs, il faut redonner de l’attractivité aux métiers de l’agriculture, des métiers en tension.
Cognac : Le risque d’une casse sociale sans précédent
L’actualité du monde agricole est faite aussi actuellement de craintes face aux surtaxes de 39% décidées par la Chine (à partir du 5 avril ou du 5 juillet) sur les importations de Cognac. Le risque est que l’embouteillage se fasse en Chine. 70 000 emplois directs et indirects dans la région Nouvelle-Aquitaine sont ainsi menacés d’une casse sociale sans précédent. Nous travaillons actuellement à trouver des solutions soulignait Laurent Rescanières. FO affiche une audience de 30% chez Hennessy et de 70% chez Remy-Martin. La perte de l’embouteillage induirait aussi la perte des parts de cotisations de sécurité sociale prélevées sur les alcools, indiquait Frédéric Souillot.
En passer par l’APLD-Rebond mais aussi étendre l’AOC
Pour le secrétaire général de FO, protéger les emplois du secteur passe dans un premier temps par la mise en place de l’APLD (activité partielle de longue durée) Rebond, soit un dispositif adopté par la loi de finances de 2025 et mis en œuvre depuis le 1er mars. Il s’adresse aux entreprises connaissant des difficultés ponctuelles et prévoit un volet relatif à la formation. Selon le projet de décret, soumis actuellement aux interlocuteurs sociaux, Le placement en APLD rebond des salariés par l’employeur autorisera le versement d’une indemnité d’APLD rebond au salarié à hauteur de 70 % de sa rémunération antérieure brute. Cette indemnité sera portée à 100 % du salaire net du salarié si celui-ci entre en formation pendant sa période de placement en activité partielle. En contrepartie, l’employeur percevra une allocation, financée par l’État et l’Unedic, dont le montant est fixé à 60 % de la rémunération antérieure brute du salarié.
Le projet de décret indique encore : Les entreprises pourront bénéficier du dispositif pendant 18 mois, consécutifs ou non, sur une période de référence de 24 mois consécutifs.
Au sein des Cognac Camus, maison qui envoie déjà son vrac en Chine pour l’embouteillage, les salariés sont sous APLD, indiquaient Laurent Rescanières et Frédéric Souillot. Mis en œuvre pendant la période Covid, ce système ne peut plus être engagé depuis le 1er janvier 2023. En revanche, en cas d’entrée dans ce dispositif en amont de cette date, l’APLD peut s’appliquer jusqu’au 31 décembre 2026.
Si expliquait Frédéric Souillot, la mise des salariés sous APLD-Rebond est une première solution pour protéger l’emploi, il faut aussi inscrire l’activité de mise en bouteille dans l’AOC du Cognac. Le faire nécessite huit à douze mois. Nous sommes impliquées, pour faire bouger les choses., insistait le secrétaire général de FO, rappelant encore l’importance de discussions paritaires, particulièrement à l’heure de cette crise dans le Cognac et même si bien sûr la question des droits de douanes relève de la diplomatie internationale.
Evoqué aussi lors de cette conférence de presse : le comité national du Commerce, instance créée en 2023. Depuis le 1er mars, enfin, les interlocuteurs sociaux, dont FO, l’ont intégré. Le commerce agricole aussi est intéressé par ce comité où des discussions pourront avoir lieu sur des questions sociales (maintien dans l’emploi, avantage sociaux…), indiquait Laurent Rescanières. FO compte bien y évoquer paritarisme et négociations soulignait Frédéric Souillot, indiquant par ailleurs qu’un représentant du ministère du Commerce Extérieur y siège. Cela peut nous permettre de discuter avec lui des problèmes actuels du secteur du cognac.