FO mène une campagne de terrain pour ces élections 2025 des chambres d’Agriculture qui se tiennent actuellement, et jusqu’au 31 janvier. FO qui a déposé davantage de listes qu’en 2019 appelle les salariés concernés à aller voter, cela, entre autres, afin que leurs intérêts soient plus largement représentés.
Le mois de janvier sera important pour la Fédération générale des travailleurs de l’alimentation (FGTA-FO). Jusqu’au 31 janvier, plus de 2,2 millions de personnels du monde agricole sont appelés à voter lors des élections des Chambres d’agriculture, ces établissements publics qui ont pour rôle de représenter les intérêts du secteur auprès des pouvoirs publics. À l’issue du scrutin, 90 Chambres seront renouvelées pour 6 ans. Ce scrutin entre également dans le calcul de l’audience générale et nationale des organisations syndicales.
Après une progression en 2019 avec un total de 10,5% des voix au niveau national, FO vise à étendre encore son audience au sein des Chambres d’agriculture. Elle s’en donne les moyens : 63 listes ont pu être déposées cette année – un chiffre en hausse par rapport aux précédentes élections. On touche 20% d’électeurs supplémentaires par rapport aux dernières élections, souligne Laurent Rescanières, secrétaire général de la FGTA-FO – soit plus de 80% de la totalité des électeurs. Dans le cadre de la campagne FO pour ces élections de 2025, le militant ainsi que Guillaume Tramcourt, secrétaire fédéral de la FGTA-FO, participaient le 21 janvier à une conférence de presse qui s’est tenue au siège parisien de la confédération, en présence du secrétaire général de FO, Frédéric Souillot, ainsi que du secrétaire général de la FEC-FO, Sébastien Busiris et de Dominique Manissier, secrétaire de la section fédérale des organismes agricoles.
Le dynamisme de la campagne FO est le fruit d’un travail de terrain mené par les militants (de la FGTA-FO mais aussi de la FEC-FO via sa section des organismes agricoles) pour encourager les salariés du monde agricole à se présenter et à porter la voix de leurs collègues, dans un contexte de crise du secteur. Il y a eu un gros travail d’équipe entre la fédération et les unions départementales, qui se sont pleinement investies dans le process, raconte Guillaume Tramcourt, secrétaire fédéral à la FGTA-FO. Il s’agissait de faire des rencontres afin de convaincre quelques militants, mais essentiellement des non adhérents : dans ce milieu, les entreprises sont très isolées, avec souvent un ou deux salariés par exploitation. D’où les difficultés quant à l’action collective et la syndicalisation, lesquelles n’existent réellement que dans les grandes entreprises du bois ou du paysage, où le militantisme est plus structuré.
Des revendications pour apporter des solutions aux salariés
Pourtant, c’est justement dans ces secteurs isolés –fortement constitués de toutes petites entreprises – que l’union est plus que jamais indispensable pour conserver et obtenir des droits. Il faut aller voter car il y a toujours un espoir, exhorte Guillaume Tramcourt. Il faut pouvoir traiter les problèmes qui aujourd’hui ne sont pas traités. Les aides proposées par le gouvernement, qui sont généralement des allègements de charges, ne font que repousser le problème en calmant pour un temps la colère du monde agricole, mais ne sont pas des solutions pérennes.
Au sein des Chambres d’agriculture sont également représentés les salariés de la Mutualité sociale agricole (MSA), ou encore de Groupama et du Crédit agricole. Ces salariés ont l’impression de ne pas être reconnus et subissent des réductions d’effectifs, rapporte Sébastien Busiris, secrétaire général de la Fédération des employés et cadres (FEC-FO). Le syndicat actuellement majoritaire est souvent bien loin de leurs préoccupations.
Face à la surreprésentation des exploitants agricoles au sein des Chambres d’agriculture, FO se revendique plus que jamais comme le syndicat des salariés. Quand on parle de crise agricole, on oublie tout le temps qu’il n’y a pas que des exploitants mais aussi des salariés, pour lesquels on a beaucoup de mal à obtenir une justice sociale, souligne Frédéric Souillot, secrétaire général de FO. Nous demandons à ce que chaque mesure prise pour le monde agricole soit automatiquement liée à un pacte social, à des obligations de résultat sociales, poursuit Guillaume Tramcourt.
L’enjeu des salaires et des conditions de travail
En effet, de nombreuses mesures sont élaborées sans égard pour leurs conséquences sur les salariés agricoles. Il en va ainsi du dispositif TO-DE concernant l’allègement des cotisations patronales sur les salaires des travailleurs occasionnels et des demandeurs d’emploi recrutés : L’exonération de charges est totale pour les salaires compris entre le Smic et 1,2 fois le Smic, après quoi elle est partielle entre 1,2 et 1,6 fois le Smic, ce qui encourage l’employeur à ne payer ses salariés que dans cette première fourchette, dénonce Guillaume Tramcourt.
En matière de conditions de travail, les conséquences pour les salariés peuvent être dramatiques. En septembre 2023, pendant les vendanges en Champagne, quatre travailleurs saisonniers ont trouvé la mort dans un contexte de fortes chaleurs. Dans ces situations, pointe Guillaume Tramcourt, le syndicat majoritaire demande des dérogations au temps de travail, qui sont généralement acceptées par les chambres d’agriculture, au lieu d’embaucher plus de saisonniers. Les gens se retrouvent à travailler plus de dix heures dans des champs sans point d’eau, sans ombre. Une situation qui confine à la traite humaine, s’insurge Laurent Rescanières. Comment accepter des dérogations concernant des caractéristiques propres à la vie humaine ? Devoir s’hydrater ou se nourrir par exemple !
L’enjeu de souveraineté alimentaire
FO rappelle l’une des revendications phares : la conditionnalité des aides publiques. Nous sommes en quelque sorte arrivés au bout du processus agricole, analyse Laurent Rescanières. Les exploitants sont en permanence largement aidés, mais ne renvoient pas l’ascenseur aux salariés. On ne pourra pas continuer comme ça, mais les organisations patronales ne le comprennent pas : elles vivent encore dans le passé.
À l’heure où les discours politiques continuent de mettre en avant le principe de souveraineté alimentaire, Frédéric Souillot rappelle que celle-ci est chaque jour construite par les travailleurs agricoles, saisonniers pour une partie, et souvent issus de l’immigration. Nous protégeons l’intégralité des travailleurs, que ce soit des Français bleu-blanc-rouge depuis huit générations, ou qu’ils soient issus de l’immigration. Si l’on souhaite réellement atteindre cette souveraineté alimentaire, l’attractivité des métiers agricoles est par ailleurs un enjeu primordial, souligne Laurent Rescanières : Si on laisse de côté les salaires, la formation professionnelle, la prévention santé etc., il ne peut pas y avoir d’appel pour inciter les employés à venir travailler dans le secteur.