Douze mois après son rachat par un fonds de retournement allemand, la papeterie Stenpa (Meuse) est liquidée, acte le jugement prononcé le 13 novembre. Alors que 124 salariés perdent leur emploi, le CSE dénonce cette revente passée portant une tromperie et se bat pour la faire reconnaître en justice.
U n an après avoir été rachetée par le fonds de retournement allemand Accursia, le couperet est tombé le 13 novembre : le tribunal de commerce de Bar-le-Duc a prononcé le jugement de liquidation de Stenpa, qui employait 124 salariés à Stenay dans la Meuse. L’usine, qui allait fêter son centenaire, était spécialisée dans la fabrication de papier d’emballage pour l’industrie agroalimentaire. Les syndicats, qui ne décolèrent pas contre ce saccage, réclament des comptes aux deux anciens propriétaires. En octobre 2023, le site, qui appartenait au papetier finlandais Ahlstrom, a été cédé pour 15 millions d’euros à Accursia capital, repreneur trouvé dans le cadre des obligations de recherche qu’impose la loi Florange. Mais en juillet 2024, Stenpa était déjà placée en redressement judiciaire. Les 3 millions d’euros d’investissement promis par le repreneur pour moderniser les machines, les salariés ne les ont jamais vus arriver. Après avoir alerté le P-DG d’Accursia, les élus du CSE se sont entendu dire que le business plan initial ne serait pas suivi. Là, on a su qu’on allait droit dans le mur. L’usine n’avait plus de trésorerie, même pas pour acheter la matière première, fulmine Richard Guitton, délégué FO de Stenpa.
On ne lâchera rien
Le militant pointe aussi la responsabilité d’Ahlstrom. Selon lui, le finlandais aurait failli à ses engagements d’accompagner pendant six mois les commandes lors de la vente à Accursia. Ils n’ont jamais trouvé un seul kilo de commandes ! Il a donc fallu faire un gros travail commercial. Le 18 août, le CSE a saisi le procureur de Bar-le-Duc pour non-respect du contrat par Ahlstrom et Accursia capital. L’enquête sera très longue, mais on ne lâchera rien, martèle Richard Guitton. Les syndicats sont d’autant plus remontés qu’Ahlstrom, en vendant, s’est évité le coût d’un PSE qui aurait permis, par des mesures, d’amortir le choc pour les 124 salariés. Par cette liquidation, ces derniers n’auront droit qu’au minimum légal avec le régime de garantie des salaires. Les salariés sont dégoûtés. On va les accompagner au mieux, mais c’est une période très difficile, souligne le militant.