Vendeuse en pâtisserie-chocolaterie, Jennifer est aussi conseillère du salarié depuis une douzaine d’années. Elle se présente aux élections des très petites entreprises (TPE) pour la première fois cette année et compte bien s’investir le plus possible aux côtés des salariés.
E lle évolue chaque jour entre les crèmes au beurre meringuées et les nougatines-café… Entre autres. Jennifer Marais est vendeuse chez un pâtissier-chocolatier à Villers-Bocage, dans le Calvados. Son quotidien rythmé débute chaque matin – une semaine sur deux – par un réveil programmé à 5h30. Je dépose mon fils de sept ans à la garderie, avant l’école, puis je prends mon poste à 7h. À 14h j’ai fini, s’enthousiasme-t-elle. La semaine suivante, elle est de l’après-midi, et dispose de toute sa matinée.
Au lieu des classiques longues journées entrecoupées de trois heures de pause, ces horaires lui ont été proposés par le patron qui a racheté la boutique qui l’emploie. C’est un bon équilibre pour moi, explique-t-elle, cela me permet d’avoir une vraie vie de famille. Si tout se passe plutôt bien avec cet employeur, cela n’a pourtant pas toujours été le cas dans sa carrière. Dans les TPE, les patrons se pensent parfois en dehors des lois et quand ils les connaissent, ils ne s’empressent pas de communiquer leurs droits aux salariés !
Une sensibilité familiale
Surchargée d’heures supplémentaires à ses débuts dans la vie active, Jennifer s’est d’abord tournée vers ses proches pour obtenir des conseils : Mon frère adhérait déjà à FO ainsi que ma tante qui était conseillère prud’homale. J’ai très vite adhéré aux revendications du syndicat. Elle prend sa carte en 2008 et se forme progressivement via son union départementale.
En 2012 elle devient conseillère du salarié. J’accompagne les travailleurs en licenciement économique, car il faut savoir que dans les TPE nous n’avons ni délégué syndical ni CSE, explique la militante de trente-huit ans, précisant : Nous disposons d’une liste étoffée de conseillers dans le Calvados. Si Jennifer n’a pas d’heures de délégation, l’UD est à ses côtés, lui assurant un maintien de salaire lorsqu’elle consacre du temps au dossier d’un salarié. Elle assure ainsi l’accompagnement de deux à trois entretiens préalables dans l’année et dispense par ailleurs des conseils par téléphone à des salariés aux prises avec de multiples problèmes, tel le dépassement des horaires de travail, le refus de leurs congés annuels par l’employeur ou encore le refus d’augmentations auxquelles ils ont droit. C’est important que les salariés sachent qu’ils ne sont pas seuls, y compris dans une TPE. On parle rarement de ces employeurs qui peuvent avoir beaucoup de lacunes en matière de droit du travail et chez qui les salariés se sentent très isolés.
Prête à m’investir syndicalement quoi qu’il arrive
Militer quand on travaille dans un commerce artisanal n’est pourtant pas si facile. Lorsque je me suis syndiquée, mon premier patron l’a un peu pris comme un affront. Il n’a jamais apprécié que je brandisse des textes de lois ou des conventions et que je demande des augmentations de salaire. Mais la jeune femme, elle, n’aime pas se laisser faire. Je suis quand même restée chez lui quinze ans. C’est d’ailleurs à cause de mon caractère qu’à l’UD on m’a proposé de candidater aux élections TPE. Ils savent que s’il le faut, je défends les gens bec et ongles.
Son inscription sur la liste des candidats normands est un pas de plus dans un engagement qu’elle n’exclut pas de développer encore dans les années à venir. Je suis partante pour d’autres propositions et prête à m’investir syndicalement quoi qu’il arrive.