Après une heure de grève, la direction de Vilmorin-Mikado, appartenant au groupe Limagrain, s’est finalement montrée à l’écoute des revendications des salariés. Ceux-ci revendiquaient depuis plusieurs mois une hausse des salaires. Ils ont finalement obtenu une augmentation à la hauteur de l’inflation, soit +2,2 %.
Une heure de grève le 3 octobre, voilà ce qu’il aura fallu aux salariés de Vilmorin-Mikado (groupe Limagrain), pour faire plier la direction. Eux qui depuis plusieurs mois, avec leurs syndicats, dont FO, bataillaient pour obtenir des hausses de salaire. « La direction prévoyait une enveloppe globale de 3 % pour les augmentations, avec des inégalités entre les salariés. Nous, nous exigions entre autres particulièrement une augmentation, pour tous, et à hauteur de l’inflation », explique Thierry Vetault, délégué syndical FO.
Après trois réunions de NAO infructueuses, soit le constat d’un « désaccord profond avec la direction », Les organisations syndicales, notamment FO, organisent une heure d’information dédiée pour demander aux salariés ce qu’ils souhaitent. « On a fait un vote à main levée. Il en est sorti que la majorité des salariés était en faveur d’une mobilisation », indique le militant. Deux débrayages seront organisés, l’un le 19 septembre, un second, la semaine suivante. Près de cent-cinquante salariés des deux sites français de l’entreprise, en Maine-et-Loire et dans le Gard, y participent. « Mais la direction n’a pas bougé, arguant que l’on était tout de même bien payé, et que si le chiffre d’affaires était bon les dividendes étaient en baisse… ».
Une mesure générale d’augmentation à hauteur de l’inflation
Finalement, un appel à la grève est lancé pour le 3 octobre. Un communiqué est publié, expliquant que « depuis quatre ans, les salariés […] perdent du pouvoir d’achat, malgré une croissance régulière du chiffre d’affaires (237 millions d’euros sur 2023-2024) et des bénéfices de l’entreprise. ». La veille de la grève, une réunion est organisée avec la direction. Et commence à se dessiner quelques compromis. Lors d’une seconde réunion, une heure avant la grève, la direction accepte d’entendre les revendications des organisations syndicales. « On a obtenu le maintien de l’enveloppe de 3 %, mais avec une enveloppe supplémentaire de 0,2 % pour le rattrapage de l’égalité professionnelle, détaille Thierry Vetault. Mais surtout, nous avons obtenu une mesure générale d’augmentation de 2,2 %, donc à hauteur de l’inflation en juin, date aussi des première réunions NAO » explique le militant.
Autres victoires, l’augmentation de la dotation sociale qui passe à 1 % et l’indemnité du départ à la retraite alignée sur celle des agents de maîtrise et cadres, plus avantageuse.
Une heure après le début de la grève, les syndicats organisent une réunion avec les salariés pour connaître leurs réactions concernant ces nouvelles annonces faites par la direction. « Là encore, un vote à main levée est organisé et les salariés, dans leur majorité, expriment le souhait de mettre fin au mouvement sur cette réussite », explique le militant. Un protocole d’accord de sortie de crise est alors signé.
La solidarité entre les deux sites
Comment expliquer ce brusque changement d’attitude de la direction ? D’abord, l’appel à la grève le 3 octobre avait un caractère quasi inédit. En quarante ans, l’entreprise n’a connu que « deux ou trois mouvements de débrayage ». Par ailleurs, « le mouvement montrait que le mécontentement était profond. Le communiqué d’appel a joué aussi. Je pense que la direction a pris conscience de notre détermination et a eu peur que cela s’embrase. » L’appel a donc fait mouche.
Cette action éclair et victorieuse est l’aboutissement de la création d’un rapport de force souligne Thierry Vetault. « On a montré notre capacité de mobilisation, on a montré aussi que nous savions être solidaires entre les deux sites. Et cela pourra être utile dans l’avenir. »